Steady as she goes

Par cette expression, le commandant ou le pilote du navire indique au timonier, l’homme de barre si vous préférez, qu’il doit conserver son cap . On appelle ça un ordre à la barre. L’équivalent français en est « gouverner comme ça ».

Mais, « Steady as she goes », c’est également le titre du dernier CD enregistré en studio par le groupe de musique californien Hot tuna et qui vient de sortir. Il faut remonter à l’année 1990 et l’album « Pair a dice found » pour retrouver Hot tuna dans cet exercice, vingt et un ans déjà. Et 41 ans en tout que Hot tuna maintient le cap !

Heureusement qu’entre temps, ils nous auront donner des opus majeurs enregistrés sur scène, tels l’album éponyme   » Hot tuna » ou  » Double dose « .

En choisissant ce titre, ils nous signifient que depuis leurs débuts en 1969, alors qu’ils faisaient toujours partie des Jefferson Airplane, ils n’ont pas changé de cap. Leur musique s’inspire de la musique populaire américaine US, le folk, le blues, la country, le blue-grass, le rock-blues évidemment. Mieux, il la créent.

Les modes, les paillettes, le strass, toutes ces choses futiles qui ont attirées bon nombre des musiciens de leur génération ne les intéressent pas. Pour reprendre un mot à la mode et qui, malheureusement, s’applique à de plus en plus de gens se croyant parvenus, le bling-bling ne les concerne pas.

Ce groupe, Hot tuna, c’est l’histoire d’une amitié et d’une complicité entre deux musiciens talentueux qui dure depuis cinquante ans. Mieux que Jagger/Richard.

D’abord, Jorma Kaukonen le guitariste, tout en finesse lorsqu’il joue en acoustique, il sait être rugueux à la gratte électrique. Aucun domaine ne lui échappe. Sa technique préférée, le finger picking ne l’empêche pas de maîtriser la slide à la perfection, mais toujours dans un style particulier. Sa voix, inimitable, ne laisse pas indifférent.

Et puis, Jack Casady, le patron de la section rythmique, à la basse. Toujours discret dans le jeu, il est celui qui tisse la trame, celui qui pose les fondations. Il est la clé de voûte qui permet à Jorma d’exprimer sa virtuosité et quand ces deux là dialoguent…ça peut devenir vraiment funky.

Au fil du temps, plusieurs musiciens de talent ont apporté leurs contributions aux productions du duo, on peut notamment citer Papa John Creech au violon.

Sur scène, il n’est pas question de fournir un show, non ici on fait dans la musique, la sobriété gestuelle est de mise, pas de remuage de popotin. Parfois un sourire, pour remercier le partenaire. Et toujours le salut au batteur en fin de morceau.

Avec le Jefferson Airplane, ils se sont produit dans tous les concerts de la deuxième moitié des 60’s, Monterrey pop, Woodstock, etc. Jusqu’à ce que la fin de la récréation ne soit sifflée lors du concert gratuit d’Altamont. Au cours de ce concert, plusieurs membres du groupe seront pris à partie par les hell’s angels à qui les organisateurs ont eu la mauvaise idée de confier le service d’ordre. Fin d’une époque.

Il n’empêche qu’ils sont à l’époque les figures de proue du rock californien avec le Grateful dead et quelques autres.

Se sentant un peu à l’étroit dans les choix et l’orientation musicale du « Jefferson Airplane », ils créent en parallèle « Hot tuna ».

Avec ce groupe, ils pourront continuer à se produire sur scène pendant les arrêts maladie de Grâce Slick. Pourtant l’acte de séparation a déjà été signé, à Woodstock précisément.

Ecartée le temps d’un morceau, Grâce Slick ne peut qu’assister, sidérée et en même temps charmée, à la performance que donne Jorma soutenu par Jack. Il est intéressant de voir à la fin du morceau l’attitude de Kaukonen rejoignant Casady, et faisant face au reste du groupe dans une posture de défi.

En 1970, sortie de l’album « Hot tuna ». Album surtout acoustique. Fin de l’Airplane qui prendra par la suite le nom de « Jefferson starship » puis de « Starship », « Hot tuna », quant à lui, continue sa propre route.
A quelques occasions, ils se retrouveront sur scène comme ici au Fillmore West à san Fransisco pour une reprise de « Wooden ships » de Crosby, Stills & Nash. Kaukonen assure avantageusement la partie de Steve Stills.

Mais bon, tout le monde connaît cette histoire. Inutile de s’appesantir. Vous pouvez écouter un mix de « Hot tuna » sur youtube en suivant ce lien et un autre du « Jefferson Airplane » ici.

Revenons donc à notre « Steady as she goes ».

La galette comprend 12 titres dont 6 écrits par Jorma Kaukonen, le reste est à l’avenant comme à la grande époque de l’Airplane. Pour un gars qui fêtait ses 70 ans sur scène l’an passé, il faut reconnaître que la classe est toujours là.

Outre l’illustration de la pochette, la voix de la choriste fait nettement référence à Grâce Slick. Mais ce ne sont pas les seuls clins d’oeil que l’on trouve sur ce CD. Dans les deux extraits que je vous propose, ils ne manquent pas.

Extrait N° 1 : Angel Of Darkness.

Extrait N° 2 : If this is love

Enfin de la bonne zique par un groupe immense trop souvent ignoré en Europe !

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Si vous n’avez pas le temps d’ouvrir tous les les liens, je vous propose une petite sélection :

Hamar promenade : la finesse de Kaukonen à la guitare acoustique.

Walkin blues : une interprétation musclée.

Come Back Baby – 1972 : avec Papa John Creech. Video et son minables, mais excellent témoignage de l’énergie du groupe.

A 71 ans, les papys du blues tournent toujours.

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8 Commentaires
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Léon
Léon
3 juin 2011 11 h 35 min

Merci pour cet article qui me permet de retrouver la trace de musiciens que j’avais totalement perdus de vue.

Léon
Léon
3 juin 2011 14 h 48 min
Reply to  Xavier

Faut que je l’écoute un peu plus longuement.

Lorenzo
Lorenzo
3 juin 2011 12 h 07 min

Excellent article truffé de pépites musicales bien á mon goût 😉

ranta
ranta
3 juin 2011 14 h 17 min

Bon sang hot tuna…. je les avais complètement oublié ceux là 👿 Content de les revoir.

ranta
ranta
3 juin 2011 16 h 17 min
Reply to  Xavier

Bonjour Xavier,

je vais botter en touche et pour plusieurs raisons. On ne peut pas juger d’un musicien, au-delà de j’aime ou j’aime pas, sans l’avoir étudié, ce qui signifie avoir repris son phrasé, ses riffs, etc… et quand bien même c’est très présomptueux. La perception que l’on a évolue avec le temps, ainsi je ne vois plus, par exemple, Clapton comme je le voyais il y a quinze ans.

Néanmoins Kaukonen est très éclectique, il touche à plusieurs genres, son jeu est la somme de tout ces genres et il ne faut pas s’y tromper, bien souvent plus « ça » sonne fluide et coulant de source et moins ça l’est. Je viens d’écouter Angel of darkness, j’adore. C’est tout à fait dans les tempos que j’aime avec un petit côté laid back, j’y trouve pleins d’influences passant de JJ cale à ZZ top.

Manifestement, et je crois que mon avis n’a pas une grande importance, on a affaire un grand musicien.