J’ai eu connaissance d’une superbe aventure humaine: une entreprise en dépôt de bilan dont une partie des salariés refusent la disparition et se constituent en coopérative pour la relancer. Cette histoire, de quinze Bretons irréductibles, 3 millions et demi de spectateurs l’ont découverte dans « zone interdite, de M6 en janvier dernier
Il s’agit de la Scop SDAB de Taulé, une société de mareyage de Carantec et Taulé, dans la baie de Morlaix dans le nord-Finistère. Le 13 novembre 2008 l’entreprise met la clé sous la porte et ses 71 salariés se retrouvent à pointer au chômage. Pourtant forte de 30 d’existence, d’un savoir-faire, d’un entrepôt tout neuf, d’un porte-feuille de 800 clients, dont les plus grandes tables françaises, elle n’a pas su faire face à la crise d’approvisionnement du poisson et du crustacé.
Seulement voilà, un homme, le responsable de production, pense que la crise à bon dos et que les compétences reconnues peuvent permettre de faire autrement. Le jour même de la liquidation il propose à tous les salariés de reprendre la boite. Au total, ils seront quinze à relever ce pari un peu fou et découvrir au plus profond d’eux- mêmes une volonté et des compétences qu’ils ignoraient .
Monter une Scop, une société coopérative de production, apparaît être la solution : une sorte de société idéale dans laquelle tous pourront devenir actionnaires et seront associés aux prises de décisions, selon le principe : un homme = une voix, et dans laquelle ils se partageront les bénéfices mais aussi les emmerdements. En sortant du schéma classique d’une entreprise où, d’un côté le patron trouve que les salariés sont trop payés et ne bossent pas assez, et de l’autre, que le patron est un gros fumier qui s’en met plein les poches.
Reste à trouver le financement ; à eux quinze ils réunissent 190 000 euros grâces aux indemnités de chômage, à des emprunts, à de l’épargne et des aides à la création d’entreprise. Mais il manque encore 800 000 euros que l’Union régionale des scops de l’ouest les aidera à obtenir auprès du conseil régional et des banques, et ainsi que le rapporte l’une des quinze :
« C’est une aventure extraordinaire. Tout ce qu’on a pu faire pour notre société, jamais on ne l’aurait fait en tant que simple salarié ».
Aujourd’hui, le plus dur semble passé. La SDAB livrait, au mois d’août dernier, ses premiers clients. Mais il a fallu les « repêcher », ces clients partis vers la concurrence, et à ce jour elle en récupéré près de 400. Il ne leur reste plus qu’à prouver qu’il est possible d’allier épanouisesment personnel et réalisations économiques.
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Belle aventure.
Ces hommes attachés à leur entreprise, ces clients qui leur donnent du crédit en revenant vers elle.
Je vais toutefois tempérer un peu et espérer que la remarque de l’un des quinze ne se transforme pas un jour en « tout ce qu’on a pu subir à cause de notre société, jamais on ne l’aura subi en tant que simple salarié ».
Castor,
« tout ce qu’on a pu subir à cause de notre société, jamais on ne l’aura subi en tant que simple salarié ».
En fait je pense que ça n’a pas d’importance. On a des gens qui ont tenté de s’élever, non pas socialement mais en donnant un sens à leurs existences. Moi, je pense que le plus important n’est pas réussir dans la vie mais réussir ça vie, et même si tu foires pouvoir dire « je suis resté fidèle aux choses que je crois na pas de prix » Et crois moi, je peux en parler, ne pas courber l’échine, refuser de transiger m’ont coûté cher.
C’est effectivement l’un des risques de la SCOP, Castor. Mais tout bien pesé, je crois qu’il vaut mieux beaucoup s’auto-exploiter dans une entreprise qui est la sienne que modérément exploiter dans une entreprise qui ne vous appartient pas. Je crois que l’on en est plus heureux, que c’est plus satisfaisant psychologiquement et moralement. C’est ce qui semble, en tous cas, des expériences de ce genre que je connais.
Pas vu le sujet à la télé mais ce genre de « nouvelle », positive, volontaire et montrant des gens qui s’investissent est un exemple trop rare. Le focus est toujours mis bien trop souvent sur les échecs et les loupés.
Il semble qu’ici tout est parti de l’énergie et de la volonté d’1 homme qui a réussi à en fédérer d’autres.
C’est ni plus ni moins le rôle du « boss » celui qui créé ou qui reprend et qui parvient à entraîner une équipe.
Je ne sais pas comment les rapports humains peuvent évoluer dans un cas comme la Scop. L’idéal 1 homme 1 voix doit j’imagine être assez difficile à vivre pour certains au fil du temps.
Léon, ne nous y trompons pas, je suis heureux qu’il existe des hommes qui aient encore le courage de se lancer.
Parallèlement, je compatis avec eux car la gestion d’une entreprise est quelque chose de redoutable où l’on découvre que l’on peut être exploité par le marché dans lequel on essaye de se faire une niche.
Aucune position n’est enviable et l’on s’aperçoit rapidement que l’on n’est jamais autonome que par rapport à ceux qui se situent à l’échelon du dessous.
Bonjour Ranta, j’aimerais en savoir un peu plus sur la gestion, investissement, salaire et fiscalité…etc…Passionnante ton histoire
Je te donne un lien ci-dessous où tu trouveras à peu près tout ce qui est utile en ce qui concerne la gestion, l’administratif le salariat et la création dans les SCOP.
A savoir aussi qu’il existe en plus des URSCOP (union régionale) qui fonctionne un peu comme des unions syndicales en liaison avec les Conseils Régionaux pour apporter des solutions supplémentaires aux SCOP en création ou déjà existantes.
Le système libéral est fortement opposé aux coopératives, il existe dans les cartons de la commission Européenne une règlementation qui risque de couler la majeure partie des scoop et des coopératives associatives en France et dans beaucoup de pays de l’est.
La raison avancée est la concurrence déloyale de sociétés qui ont les moyens administratifs de casser les prix (sic).
Je suis gérant d’une Scoop depuis quelques années issue d’une SARL que j’avais créée au sortir de l’EN.
Pour passer du statut simple de SARL à celui de SARL à régime Scop il m’a fallu deux ans de durs et épuisants combats, faire une cessation d’activité, obtenir l’aval du ministère du travail (remis en cause chaque année), être soutenu par la Confédération générale des Scop et tenir une dizaine de personnes aux abois huit mois durant et, enfin montrer patte blanche pendant près d’un an à une banque qui était déjà la banque de la SARL et qui connaissait parfaitement la santé du plan comptable.
J’ai perdu un tiers des clients qui se refusaient à faire confiance à une structure peu commune et considérée comme dilettante.
Nous étions douze il y a huit ans, après la défection de trois coopérateurs nous avons finalement démarré à neuf, aujourd’hui nous sommes dix neuf temps pleins et trois temps partiels (choisis), tous coopérateurs majoritaires à 85%. Il faut savoir qu’il est quasi impossible d’obtenir des crédits bancaires classiques pour les entreprises et que les aides d’état ou à l’embauche sont ou inexistantes ou inaccessibles, heureusement, existe le Réseau Scop Entreprises qui est la parfaite boîte à outil douée d’une maîtrise générale du sujet.
Transmettre son entreprise n’est pas la sinécure envisagée au départ, mais les organismes impliqués sont d’une rare compétence pour faciliter le passage du guet administratif, financier et social et il faut le signaler avec force et les en féliciter.
évidemment d’accord avec ton constat, Emile.
Mais en toutes choses, il convient de rester objectif.
Lorsque tu dis « le système libéral est opposé au système coopératives », j’ai malheureusement l’impression qu’il s’agirait selon toi du grand capital qui s’opposerait aux coopératives ouvrières parce que le modèle ne lui plaît pas.
Je n’en disconviens pas, il y a du lobbying.
Mais il faut aussi se mettre à la place des petites entreprises, lesquelles ne sont pas partie du Grand Capital et souffrent pourtant de ce qu’elles ont, à tort ou à raison, qualifié de concurrence déloyale.
Pour moi, le système coopérative ne s’oppose pas aux entreprises du CAC 40 mais bien à des entreprises qui ne brillent ni par leur taille ni par leur santé financière.
L’idéal serait bien entendu de trouver un juste milieu qui permette à chacun de ces systèmes de cohabiter, car si l’on peut admettre que chacun d’eux a droit de vie, il ne faut pas que la vie de l’un entraîne la mort ou la souffrance de l’autre.
Dans mon domaine (je ne peux trop en parler pour des raisons….. disons de discrétion) je peux te garantir que, entre le pur privé et notre entreprise, les prix se valent, quand les entrepreneurs restent lucides dans les rémunérations qu’ils s’octroient.
Il faut savoir que dans des petites structures comme la notre, la masse salariale est finalement légèrement plus importante que celle de la concurrence dans la mesure où le coopérateur participe de l’ordre d’un certain pourcentage à consolider le capital entreprise et que les participations de fin d’années ne sont pas toujours au rendez-vous.
En fait, les pas trop bonnes années, le seul avantage que le salarié tire de l’affaire est sa part de propriété (son capital 😛 ) dans l’affaire qui peut sous certaines conditions, être négociable s’il veut partir.
Sinon en période courante, la différence est minime et on peut considérer que l’augmentation du chiffre d’affaire est plus le résultat de l’implication de chacun que d’une quelconque concurrence déloyale et chiffre d’affaire n’engendre pas forcément bénéfice.
Bonjour Emile,
Comment gérez-vous la « hiérarchie » au sein de votre boite ?
Qui prend les décisions importantes ? Toujours soumises au vote ?
Jamais de blocage ou de difficulté à faire passer les décisions à prendre ?
Tous au même salaire ?
Nous ne sommes pas très nombreux et avons institué un comité de direction de cinq personnes dont trois membres sont renouvellés annuellement par vote général, un membre peut être rééligible. Les cinq membres désignent le Gérant et le secrétaire général par cooptation et après soumission à l’ensemble du personnel lors de l’élection annuelle.
Le gérant et le secrétaire général sont décisionnaires pour le fonctionnement courant, achats, ventes, gestion du personnel.
Les décisions importantes, marchés, investissements, embauche etc., le comité se réunit en séance courante une fois par mois et à chaque demande d’un des membres ou de la majorité du personnel.
Concernat les salaires, la base est la même pour tout le monde avec des points d’ancienneté annuels appliqués mensuellement et sur l’interessement en fin d’exercice. Il y a en plus du salaire un système de bonification qui est décidée en fin d’année par l’ensemble du personnel à concurrence d’un montant alloué et à la majorité relative entériné par le comité après argumentation ( un peu compliqué à expliquer…lol).
Oui, et même pas qu’un peu compliqué, sacrément je trouve. 🙂
Pour ce que je connais d’eux et sans les approuver, je comprends que les banquiers soient un peu « interloqués » par cette construction compliquée qui ne doit pas leur sembler apporter tous les gages de stabilité qu’ils aiment trouver.
Je suis en train de détailler l’article de wiki pour saisir un peu mieux les modes de fonctionnement.
C’est en fait tout un réseau parallèle de financement qui a été monté pour répondre aux besoins de trésorerie ou de financement des investissements des Scops.
Par nécessité sans doute (carence des banques) mais sûrement aussi par volonté (idéologie ?) de se passer le plus possible des banques.
Pour garder un fonctionnement fluide, il faut des règles précises tout en ménageant le système démocratique.
Ca implique à la fois des textes stricts, une certaine souplesse administrative mais aussi une possibilité de contrôle à tous les étages.
Je vais pas te cacher que nous n’avons pas pondu le règlement et les statuts de rien, nous nous sommes fait aidé en partant de documents préexistants, notre seule participation a été dans les ajustements circonstanciés au type d’entreprise, au mode de rémunération que nous voulions mettre en place et aux possibilités d’interagir sur les textes en toute liberté.
Tu comprendras qu’en plus des dépôts de statuts, des demandes d’homologation et de la recherche de soutien bancaire ça ait pris deux ans 😆
Par idéologie, euhhh, oui un peu, mais nous y sommes poussés, pas forcément de gaité de coeur.
Sinon la construction n’est ni plus ni moins, face à la législation commerciale, une SARL, ni plus, ni moins.
Mais effectivement le réseau a palié, dans les temps où les banques nous tournaient le dos, à tous les soucis de trésorerie d’abord et par la suite à l’investissement. Aujourd’hui, certaines banques ont compris que si les montages semblent parfois compliqués, c’est par volonté d’équilibre économique et « sécuritaire », elles ne voient plus des charlatans qui courent derrière la monnaie facile mais bien des investisseurs privés préoccupés par la bonne santé de leur entreprise, la donne tend à évoluer, elles voient aussi qu’elles passent à côté d’une manne non négligeable et la plupart du temps assez bien garantie.
On peut espérer que les anciens temps sont révolus et que notre crédibilité n’est plus faillible, bien que la crise nous file un sacré coup de pompe alors que, grace à notre flexibilité économique, nous sommes bien moins affaiblis que les sociétés normales.
Je suis étonné du nombre d’intervenants qui mettent immédiatement en doute cette initiative : A mon avis c’est LA solution pour nombre de salariés qui se retrouvent sans travail du jour au lendemain. Pas tous bien entendu, mais au moins certains. Il est nettement moins compliqué de reprendre une entreprise existante que d’en créer une de toutes pièces.
Pour la gestion, il existe des cabinets de gestion, et même si le chef d’entreprise a mis la clé sous la porte, le personnel administratif est resté en place.
Cet exemple devrait donner à réfléchir à d’autres, un peu partout.
Mais il serait bon que l’Etat fournisse une aide à ce genre d’initiatives. Les entreprises « classiques » reçoivent déjà bon nombre d’aides, alors que ce cas n’est pas prévu spécifiquement. Il devrait l’être.
Merci pour ce billet d’espoir.
Si notre société se préoccupait réellement des travailleurs un cadre législatif adapté serait déjà en place.
Bonjour Finael
Des obstacles bien au contraire voilà ce qui révèle la véritable nature de l’état…
Le même attirail législatif persécute la petite entreprise familiale ou SCOP et favorise l’évasion fiscale pour les autres.
Comme par hasard.
Bonjour,
Eh oui, malheureusement !
Economiquement et socialement c’est pourtant contre-productif. Quand une entreprise « classique » ferme, préserver le savoir-faire, les emplois et l’outil de travail n’est-ce pas du bon sens ?
En plus des obstacles législatifs et d’après la description d’Emile Red (merci pour ces interventions), il semble bien que les banques s’opposent à ce genre de structure. C’est vrai que je ressens là comme un relent idéologique …
« il semble bien que les banques s’opposent à ce genre de structure »
A mon expérience personnelle, ce n’est pas tout à fait vrai, il existe des banques fortement impliquées dans le domaine coopératif, d’autre qui renaclent un peu et demandent jusqu’à l’age du capitaine mais jouent le jeu, et les irréductibles du libéralisme brutal qui ne pratiquent que la fin de non recevoir.
Mais on fait vite le tri et le bouche à oreille fonctionne parfaitement, au point que certaines banques totalement hermétiques aux SCOP tournent casaque et viennent par la suite faire des yeux doux….
Très intéressant, Ranta, sur le sujet des SCOP, un excellent article paru sur Agoravhoax (ça arrive !).
Merci Emile . je sens un énorme parfum de nostalgie dans ce que tu nous expliques de ta SCOP . Un parfum du temps où nous lisions les mêmes bouquins , des bouquins où il était raconté les complots sournois contre les premières formes de travail collectives.
Il est clair que la banque sous cette forme serait d’un grand poids encore faudrait-il qu’elle ne soit pas impliquée dans le développement de sectes.( comme nous en connaissons hélas)
Heuuu je te croyais pourtant bien plus vieux , pour ainsi dire de mon âge …
Euhhh je ne sais pas quel age as-tu… je ne suis pas de première jeunesse, et comme on dit chez nous je suis plus près du sapin que du placenta 😆
Je n’ai pas l’habitude de me répendre sur ma vieillerie… 😀
J’ai suivi cette affaire au travers des deux films consacrés aux difficultés de cette entreprise. Etant moi-même dans une SCOP, je peux témoigner que face aux difficultés économiques, le statut de SCOP est encore le meilleur moyen de souder les équipes autour d’un projet d’entreprise. Ce n’est pas évident tous les jours, mais au moins les associés suivent pas à pas l’activité et chacun comprend qu’il mouille son maillot pour le bien d’une entreprise qui lui appartient, mais dans un collectif d’associés.
Les banques ne jouent pas le jeu, c’est vrai. Nous avons eu un mal fou à ouvrir un nouveau compte. Il est vrai que bon nombre de Scop sont le fruit d’une transformation suite à des difficultés financières de l’entreprise, et les banquiers sont forcément dubitatifs sur leurs chances de survie.
Oui il est vrai Yohan, mais dans mon cas, la banque connaissait l’entreprise, gérait les comptes depuis un grand nombre d’années et les savait sains. De plus le personnel ne changeait pas, seuls les statuts bougeaient, en plus nous lui proposions une implication plus forte et rétribuée.
Le prétexte de l’entreprise peu stable ne tenait pas et pourtant ils ont totalement refusé, pire, ils ont bloqué l’accés aux deux seuls comptes restants pendant près de trois mois, nous avons du remettre carte et chèquiers quand nous avons voulu changer l’intitulé alors qu’ils n’avaient jamais bougé depuis la cessation de la SARL et que je pouvais tirer des chèques sans aucun problème.
Il est évident que pour certaines banques c’est bien idéologique enfin ce que j’en pense.
Salut à tous. Je me pose trois questions :
– l’entreprise a embaucheées, 5 personnes je crois, et je sais pas sous quelle forme. En tant que salarié ou associés ?
– 15 personnes qui prennent des décisions en commun, tout en sachant que tous n’ont pas le même niveau de compétence, de recul et de vision, c’est peu et beaucoup à la fois. je me demande jusqu’à taille un tel modèle est vivable ?
troisième questions : comment peut -on en sortir en cas de désacord ?
Ranta,
Impossible de répondre sans connaître les statuts déposés, il y a de multiples cas différents.
Emile
Pareil pour nous. La banque connait parfaitement notre situation comptable puisque nous y avons un compte depuis plus de 20 ans. Mais, pour eux cette transformation en Scop sonnait comme une occasion, au vu du marasme économique et de notre situation de trésorerie pas brillante, elle souhaitait en profiter pour nous faire lâcher prise. Une banque qui se réclame de la solidarité, qui plus est. Une banque reste une banque….
Il y a pourtant encore quelques banques coopératives, non ? Elles devraient être plus ouvertes aux scop…
@ Léon
Les banques coopératives ont très souvent autant déconné que les autres et certaines n’ont plus grand-chose de coopératif en dépit de leur dénomination. Voir là-dessus cet article (et lire aussi le PDF à télécharger, très instructif).
Elles devraient en théorie mais c’est plus de l’affichage qu’autre chose. Je suis dans une banque coopérative et rien ne nous est épargné…
C’est idem pour nous, bien que dans le temps la BCCM était assez coulante, c’était la banque favorite des associations.
Aujourd’hui je ne sais pas et nous avons préféré une banque plus disponible géographiquement, mais ça n’a pas été simple.
Gare au découvert non prévu, ils sont aussi rapides que la lumière et bonjour les aggios…
La BCCM a été rachetée par la GMF banque, elle même récupérée par le Crédit Coopératif. C’est clair que je préfère ma banque du début, plus coulante et plus proche que ceux qui se prétendent proches de leurs clients
Ben tu vois comme je suis l’actualité bancaire 😆
Alors je te comprends parfaitement, moi c’est pareil.
En tout cas, il semble bien que les banques se détournent des PME et souhaitent ne conserver que de des gros comptes et des dépôts de particuliers. Il faudrait que l’Etat agisse urgemment pour mettre ne place un système de banque d’investissement et de soutien aux PME, faute de quoi il n’y aura bientôt plus grand monde pour se lancer dans la création ou la reprise d’entreprises.
Bravo pour ton artcle.
Voici exactement le genre d’histoire qui me plonge dans la perplexité et la nostalgie idéaliste d’un monde qui n’a pourtant jamais existé : quand on pense qu’il suffirait de si peu pour que… la société soit si simple, si vivable.
Je comprends les idéologues qui rêvent du grand soir : on se dit, voilà ! il suffit d’imposer ces solutions de partage et de responsabilisation des individus, et l’on créera un « monde meilleur », le fameux « homme nouveau », et toutes ces sortes de choses.
Mais l’humain, malheureusement ne fonctionne pas ainsi.
Pour avoir été dans des sortes de kolkhoze un peu avant la fin de l’union soviétique, je me souviens des bâtiments collectifs à l’abandon (et d’ailleurs des étals vides dans les magasins), alors que les parcelles personnelles et le petit bétail étaient florissants.
Moi qui ai toujours rêvé des autogestions et autres participations comme c’était la mode au sortir des années De Gaulle et de la grande CFDT d’Edmond Maire… Quelle déception de voir ces solutions coopératives si marginales aujourd’hui.
@ COLRE
Comme toi camarade. Et en plus les rares SCOP qui existent sont terriblement menacées… Un peu moins depuis que la crise actuelle en a détourné les spéculateurs et investisseurs scabreux de tous poils, mais c’est vraiment pas brillant comme perspectives d’avenir.
Colre
les SCOP restent des Sarl, et les hommes restent les hommes. Donc, mieux vaut ne pas trop fantasmer sur le modèle coopératif. Il est certes probablement plus démocratique, plus participatif et plus redistributif, mais ça ne règle pas tous les problèmes à coup de baguette magique, loin de là
Bonsoir Yohan,
D’accord, mais sans régler tous les pbs, ça pourrait (ça aurait pu) en régler beaucoup… Je crois que le nombre de PME est énorme, il y a donc la place pour de petites cellules institutionnelles de production collectives ou autre.
Sinon, c’est vrai, il existe des personnalités incompatibles avec la liberté et le risque, soit qu’ils n’en aient pas les moyens financiers ou intellectuels ou psychologiques ou mentaux ou familiaux…
Ranta dit bien que seuls 15 employés sur 71 se sont lancés.
Sur l’utopie coopérative (et aussi mutualiste).. Le système, très développé à la fin du XIX° siècle, fut critiqué par les tendances les plus radicales du mouvement ouvrier comme appelant à « mettre des roses sur les chaînes des prolétaires ». Si on le retrouve parfois soutenu par les mouvances anarcho-syndicalistes, il le fut aussi par certains managers du type « paternalistes » qui parfois, mirent dans leur testament une clause assurant un contrôle partiel de l’entreprise à leurs salariés après la disparition du fondateur. La socialisation totale des biens de productions fut préférée, pendant plusieurs décennies, comme modèle utopique par le mouvement ouvrier. La dérive de la révolution russe en un régime purement impérialiste et plus préoccupé par le maintien de sa puissance nationale que par l’émancipation générale de la classe ouvrière vit revenir le modèle « coopératif » dans les débats de la gauche au cours des années soixante. La Yougoslavie et le modèle de société prôné par Tito fut jugé digne d’intérêt et « l’autogestion » devint au goût du jour. Puis LIPP… une entreprise en crise reprise par ses salariés, et à la tête de la lutte, un « curé ».. De quoi réconcilier extrème-gauche « spontanéïste » et « Chrétiens progressistes », les duex courants tentant de s’imposer face à l’hégémonie du PCF sur un prolétariat qui avait, pour quelques années seulemnt, encore conscience de son existence. Côté Tires Monde : la Libye proposait aussi un modèle « associatif », dont beaucoup ne voulaient pas voir une forme de tribalisme pas très éloignée de la « volksgeneinschaft » nationale socialiste. Aucun Lybien ne pouvait être salarié, la république libyenne reposant sur une mosaïque d’association. Le système ne fut guère difficile à mettre en place : population peu nombreuse et manne pétrolière. La dérive ? Les exploités réapparurent dans ce système iddyllique, mais ils n’étaient pas Libyens : immigrés de Tunisie ou d’Egypte.. Et la Yougoslavie ? Sitôt la disparition de Tito, les entreprises autogérées yougoslaves jouèrent le « chacun pour soi » tirant chacune sur les ficelles d’un système bancaire spécifique pour se voter des augmentations financées par des prêts avantageux en un contexte d’inflation galopante. Le résultat ? Quelques années de rêve pour les ouvriers yougoslaves dans les années 80… avant l’explosion totale du système en une guerre de celles que l’Europe d’après 1945 pensait avoir bannies à jamais de son espace.. Pessimiste ? Non ! Le modèle coopératif reste attrayant à petite échelle (« La Belle Equipe ») mais difficile à contrôler au-delà d’une certaine taille..… Lire la suite »
@ Gazi
Excellent résumé. Je serais plus pessimiste que toi : ces modèles coopératifs sont nés dans une société où la notion de collectif et de solidarité. Je ne sais pas s’ils pourraient essaimer en grand ombre dans des sociétés façonnées par maintenant trente ans d’ultralibéralisme individualiste.
Ce serait pourtant à tenter si une vraie gauche existait et si elle décidait d’un programme favorisant les sociétés coopératives et nationalisant les banques « coopératives » pour qu’elles le redeviennent vraiment et jouent pleinement leur rôle dans ses secteurs. Un tel programme, s’il était mené avec détermination, parviendrait probablement à recréer des solidarités collectives autour d’intérêts économiques communs et partagés. Malheureusement, la gauche de gouvernement est à des années-lumières de telles idées authentiquement socialistes. Quelle misère…
Il n’ y a guère de choses plus enrichissantes que de faire parvenir une idée à sa réalisation . Le salariat idiot employant des gens attendant la fin du mois à la manière des vaches regardant passer le train est une des pires façons de passer sa vie .
Se battre pour y arriver voilà qui donne du sel !