Le crime de Sabb : l’ancêtre de celui de Charlie

 
D’où tout cela vient-il ? Voici une contribution d’Iskender qui éclaire la question.  Il rappelle que, comme d’autres aspects très désagréables de l’Islam, tout est inscrit, dès le départ dans la « religion de paix et d’amour » et que les musulmans  en ont été abreuvés dès leur enfance. En d’autres termes, si aucun croyant  n’aime que l’on se moque de sa religion, les musulmans ont, vis à vis de cela,  une doctrine bien spécifique et qui vient de loin.
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Le fait de dire des paroles contre ce personnage, du fait de son immense prestige et de son impeccabilité est assimilé à un blasphème [1], comme s’il s’était agi de la divinité elle-même. Le crime de sabb est donc puni de mort, comme le confirme les crispations actuelles sur ces sujets, en Occident et ailleurs: il concerne autant les musulmans que les autres, pas de détail. C’est ainsi qu’n 1537 , le sultan Soliman Ier donne l’ordre à tous les gouverneurs de l’empire de faire trancher la tête de toute personne mettant en doute les paroles de Mahomet , qu’il s’agisse d’un musulman ou d’un « dhimmi ».
L’identification de l’individu Muhammad avec l’individu musulman (qui le souhaite) a réussi au point que la confusion est complète entre les deux: critiquer le prophète est à l’instant une offense pour tous, et chaque individu se comporte comme une petite foule en colère, à lui tout seul.
Les exemples sont très nombreux et nous nous limiterons à ceux qui ont été repérés du vivant de Muhammad, où des inconscients ont cru bon, dans la tradition satirique arabe, de se moquer du prophète. Ceci indique que le statut qui est accordé à Muhammad est bien celui d’une idole, car dans le monde anciens des Arabes, n’importe qui  est l’objet de satires, n’importe quoi,  à l’exclusion des dieux. Le Sabb est ainsi un crime capital et suprême: en fait, il dépasse même le blasphème banal, c’est-à-dire l’insulte contre la divinité. Mahomet, Muhammad est très nettement au dessus. Allah, le concept est vague et intimidant.
Le prophète, tu l’aimes ou il te tue…
Cela pourrait paraître une plaisanterie, mais elle n’en est pas une.
 
 
 

(Abu Dawud,  Hadith 38/4348).

Un aveugle qui avait une esclave enceinte qui avait coutume de critiquer le prophète et de le dénigrer. Il lui interdit, mais elle ne cessait pas. Il la menaça mais elle n’abandonna pas cette habitude. Une nuit, elle se prit à injurier le prophète et à le critiquer. Alors il s’empara d’une dague, la plaça sur son ventre, appuya et la tua. Un enfant qui est  sorti d’entre ses jambes, souillé du sang qui était partout. Quand vint le matin, le prophète en fut informé.
Il rassembla les gens et déclara:
-Je jure par Allah que cet homme qui a fait cela et je l’adjure de se lever.
Sautant par dessus les cous et tremblant, l’homme se dressa. Il s’assit devant le prophète et dit:
-apôtre d’Allah, j’étais son maître; elle te vilipendait, et elle n’abandonnait pas cette habitude. D’elle, j’ai eu deux fils comme des perles, et elle vivait avec moi. La nuit dernière, elle a commencé à te critiquer et te dénigrer. Alors j’ai pris une dague, je l’ai mis sur son ventre et j’ai pressé jusqu’à la tuer.
Alors le prophète a dit:
-Oh, sois témoin, aucune somme ne sera payée pour son sang.


 
 
 
(ibn Sad , Tabaqat 2/30-1).
Puis advint le raid d’Umayr ibn Adi ibn Kharashah al Khatmi contre Asma bint Marwan , des Banu Umayyah ibn Zayd , quand il restait cinq nuits au mois de ramadan , au début du dix-neuvième mois de l’Hégire de l’apôtre d’Allah. Asma était la femme de Yazid  ibn Zayd ibn Hisn al Khatmi. Elle avait coutume de dénigrer l’islam , s’offenser le prophète et de pousser les gens contre lui. [2] Elle composait des poèmes. Umayr ibn Adi alla à sa rencontre de nuit , entra chez elle. Ses enfants dormaient autour d’elle. Il y en avait même un qui pendait à sa poitrine ,  qu’elle allaitait. Il la chercha de sa main , car il était aveugle[3] , et écarta l’enfant. Il plongea son sabre dans sa poitrine  jusqu’à ce qu’il ressorte dans le dos.
Ensuite , il fit la prière du matin à Médine  avec le prophète.
L’apôtre d’Allah lui dit:
-As-tu assassiné la fille de Marwan?
Il dit:
-Oui. Dois-je faire autre chose?
Il dit:
-Non. Deux chèvres ne se cogneront pas pour elle.
C’est une formule qui fut entendue pour la première fois provenant de l’apôtre d’Allah.
L’apôtre d’Allah appelait Umayr « le voyant » (BASIR) .
 
 
(ibn Hisham , Conduite de l’envoyé d’Allah 995-6).
Elle faisait partie des Banu Umayya ibn Zayd. Quand Abu Afak a été assassiné , elle a témoigné de sa colère. (…) Critiquant l’islam et ses fidèles , elle disait:
Enculés de  Banu Malik et al Nabit
et  de Awf et enculés de  Khazraj[4]
Vous obéissez à un chef qui n’est même pas de chez vous.
(…)
Espérez-vous quelque chose de positif de lui
Après le meurtre de vos chefs?
Comme un homme affamé attendant la soupe du cuisinier?
N’y a t-il aucun homme d’honneur qui voudrait l’attaquer par surprise
et briser ainsi les espoirs de ceux qui espèrent tant en lui.
 
 
 
 

(Abu Dawud,  Hadith 38/4349).

Une juive insultait le prophète et le dénigrait. Un homme l’étrangla jusqu’à ce qu’elle en meure. L’apôtre d’Allah déclara qu’il n’y avait rien à payer pour son sang.
 
 
 

Le châtiment d’Abu Jhal.

Abu Jahl avait été un des adversaires de Muhammad à la Mecque. Il est exécuté sans pitié à la fin de la bataille de Badr. On l’accuse bien sûr d’avoir été un ennemi politique, mais surtout, d’avoir eu des paroles moqueuses.
(Muslim, Sahih 3295).[5]
Abd-Ar-Rahman ibn Awf  a dit:
Etant dans le rang le jour de Badr, et regardant à ma droite et à ma gauche, je m’aperçus que j’avais à mes côtés deux ‘Ansâr, encore tout jeunes. Je souhaitai me trouver entre des voisins plus solides au combat; mais l’un d’eux, en me faisant signe de l’œil, me dit:
-Mon oncle, est-ce que tu connais ‘Abû Jahl?
– Oui, fils de mon frère, lui répondis-je, et que lui veux-tu?
– On m’a dit, reprit-il, qu’il avait injurié l’Envoyé d’Allah; par Celui qui tient mon âme entre Ses mains, si je le vois, mon ombre ne quittera la sienne jusqu’à ce que je le tue ou que lui me tue.
Je m’étonnai fort de ce langage, lorsque mon autre voisin me fit signe de l’œil et me tint les mêmes propos, je ne tardai pas à apercevoir Abû Jahl qui tournoyait dans la mêlée.
-Eh bien!, dis-je aux jeunes hommes, voilà votre homme, celui que vous cherchez.
Ils volèrent vers lui et le sabrèrent à mort.
Puis, ils se rendirent auprès du prophète et l’informèrent de leur exploit.
-Lequel de vous l’a tué?, leur demanda-t-il.
– C’est moi!, répondirent-ils tous deux.
– Avez-vous essuyé vos sabres?, reprit-il.
Ils dirent que non. Alors il regarda leurs sabres et leur dit:
-Vous l’avez tué, tous les deux; mais ses dépouilles appartiennent à Muâdh ibn Amir ibn Al-Jamûh.
En effet, les deux hommes étaient Muâdh ibn Amr ibn al Jamûh et Muâdh ibn Afrâ. (le sabre de Muâdh ibn Amr ibn al Jamûh portait des traces du contenu de l’abdomen, attestant que c’était lui qui avait achevé le meurtre tandis que l’autre n’avait fait que blesser Abû Jahl).
 
 
 

Le jugement coranique sur les satires.

 
(Corpus coranique d’Othman 31/5-6).
Et parmi les hommes, il est quelqu’un qui, dénué de science, achète de plaisants discours pour égarer hors du chemin d’Allah et prendre ce chemin en raillerie.
Quand nos signes lui sont communiqués, il se détoune plein de superbe, comme s’il ne les avait pas entendues, comme si en ses oreilles était une fissure.
Fais-lui grâcieuse annonce[6] d’un tourment cruel !

 
 
 

(Baladuri, Livre des Conquêtes 41).

Une esclave chanteuse appartenant à (…) ibn Khatal vint auprès du prophète sous un déguisement. Elle se soumit aussitôt à l’islam et reconnut le prophète comme chef. Ne sachant pas qui elle était, le prophète ne punit point. L’autre chanteuse fut exécutée. Les deux avaient chanté des satires contre le prophète.
 
 

(ibn Hisham, Conduite de l’envoyé d’Allah 818).

Un autre était Abdullah ibn Khatal, des Banu Taym ibn Ghalib. Il était devenu musulman et l’apôtre d’Allah l’avait envoyé pour récolter l’aumône avec un des ansar. Il avait aussi un esclave (musulman) avec lui. Quand ils s’arrêtèrent, il lui ordonna de tuer une chèvre et  pour la manger, puis il est allé se coucher. Quand il s’est réveillé, rien n’avait été fait. Alors il le tua et apostasia.
Il possédait aussi deux chanteuses, Fartana et son amie, qui faisaient des chansons satiriques contre l’apôtre d’Allah ; alors il ordonna de les tuer aussi.
 
 

(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 280).

L’envoyé donna des instructions à ses officiers quand ils entreraient à la Mecque: ils ne devaient combattre que ceux qui résistaient, à l’exception d’une petit nombre, qui devaient être tués, même s’ils étaient trouvés collés contre le rideau de la Ka’ba.
Parmi eux, il y avait Abdullah ibn Sad, frère des Banu Amir ibn Luayy. Il l’ordonna pour la raison suivante: il avait été un musulman et il avait écrit les révélations ; ensuite, il avait apostasié et était retourné chez les Quraysh…
(…)
Une autre à proscrire était Abdullah ibn Khatal des Banu Taym ibn Ghalib. Il était devenu musulman et l’envoyé l’avait envoyé collecter l’aumône en compagnie d’un des auxiliaires. Il avait avec lui un affranchi qui le servait. A une halte, il lui ordonna d’aller tuer une chèvre pour lui, et il s’endormit. A son réveil, il vit qu’il n’avait rien fait, alors il l’a battu et tué ; ensuite, il a apostasié. Il avait avec lui deux chanteuses Fartana[7] et son amie qui souvent chantaient des satires contre l’envoyé ; alors il ordonna qu’on les tue tous.
 
(Bukhari, Sahih 78/ 175).[8]
Le prophète a dit : il est mieux pour un homme de se remplir le corps de pus plutôt que de poésie.
 

[1] L. Wiederhold , “Blasphemy against the prophet Muhammad and his companions (sabb al-rasl, sabb al-sahbah): the introduction of the topic into shafi’ legal literature and its relevance for legal practice under mamluk rule” , Journal of Semitic Studies 1997; Trevor Mostyn,  Censorship in Islamic societies, Londres, 2002; Leonard W. Levy, Treason Against God: A History of the Offense of Blasphemy, New York  1981.

[2] Elle n’a rien commis de blasphématoire envers une puissance divine quelconque : là encore , ce n’est que la figure de muhammad qui est prise en compte , comme référence constante du « mohammédisme ».

[3] Du fait de l’obscurité.

[5] www.al-idlam.com (Le Royaume d’Arabie Saoudite . Ministère des Affaires Islamiques, des Waqfs, de l’Appel et de l’Orientation).

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4 Commentaires
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ranta
ranta
8 janvier 2015 10 h 04 min
Reply to  D. Furtif

Hier à écouter les experts en boucle j’ai beaucoup aimé leur récurrente formule

« la mouvance Islamiste radicale »
Dans le genre figure de style celle-là elle est bonne

Demain on apprendra qu’ils y a des pommes qui viennent de pommiers.

Lapa
Administrateur
Lapa
8 janvier 2015 19 h 45 min
Reply to  D. Furtif

qui sème le vent hein!!!
c’est le moment de ressortir le dessin sur le croyant blessé et l’athée blessé. Hélas encore…