Pas de vuvuzela pour la grande boucle

Alors qu’un round de vuvuzela manque à 23 joueurs pour embrasser l’ex coupe Jules Rimet, la grande boucle sait qu’il lui faut patienter quelques jours encore avant de reprendre ses pleins droits télévisuels.

C’est qu’il a bien changé notre bon vieux Tour de France depuis l’ère Fausto Coppi. Aux agapes de fin d’étape, les vieilles gloires d’hier qui marchaient au sang de taureau et aux testicules de fauves écrasées voient leurs rangs se clairsemer chaque année un peu plus, et ceux qui marchaient jadis aux amphétamines, plus encore, tant il est vrai que la roue de la fortune du pot belge sourit rarement à ceux qui prennent le grand volant.

D’ailleurs, l’heure est moins au grand volant qu’au braquet braqueur, le pédalage assisté qu’ils disent. Oui, mais la mèche a vite été éventée et l’UCI, championne du rétro pédalage claironne, mais un peu tard, que Cancellara (quand c’est l’ara), n’est pas un perroquet. Nous n’en saurons donc guère plus… Chuuut !!! maillot jaune

Depuis que les poubelles du Tour ressemblent à s’y méprendre à celles de l’hôpital Saint Joseph après une épidémie de paludisme, l’engouement pour la petite reine a baissé d’un cran. Et pourtant, 44% de nous autres continue bêtement d’applaudir le Tour, ce monument.

Comment en est-on arrivé là ?

Pour le comprendre, rien de mieux que de s’immerger dans ce milieu, ce que le hasard m’a permis de faire, après que j’eus décidé de me mettre à la petite reine pour dégonfler une bedaine naissante.

C’est dans une brocante que je fis l’acquisition d’un vieux course datant de l’époque Anquetil.  En guise de première sortie, j’optai pour une virée de 50 kilomètres autour de Vézelay, sans gourde, en basket et tee-shirt.

Et hop ! me voilà très vite adopté par un peloton à maillots richement floqués, après que je fus parvenu à rejoindre leur gruppetto au sommet d’une côte de 5ème catégorie. Un bref coup d’oeil en direction de l’homme et sa monture avait suffit à les convaincre de m‘adopter provisoirement. J’appris très vite que le leader de ce gruppetto était ancien porteur de bidons du Tour, le vrai, autant dire du lourd…

Rapidement, je dûs me rendre à l’évidence, ce vieux clou en acier ordinaire était mon handicap attribué, en quelque sorte le prix à payer pour courir avec des cadors, mais plus vieux d’une quinzaine de bougies au moins. Pas un ne jugea bon de me conseiller d’en changer pour un modèle plus léger.

Pardi, ce mulet cumulait toutes les tares pour un cycliste avisé, une roue voilée, un patin qui colle à la roue arrière et 4 kilos de lest au bas mot par rapport à leurs engins en carbone allégé.

Préservé du déficit athlétique grâce à la pratique régulière du ballon rond, je pus donc me faire à leur rythme.

Première observation, ces gens de la pédale ne sucent pas que de la menthe à l’eau. Barres de céréales vitaminées, boissons à apports glucidiques, bref tout un tas de boustifaillerie à ingurgiter en petite quantité, à intervalles réguliers. Quand ils ne jacassent pas, ces gars là passent leur temps à s’en jeter derrière la cravate, alors que mézigue se faisait fort de rouler tel un chameau dans le désert des Agriates. Le reste du temps, le grupetto roule à bloc dans les bosses, ainsi que dans les derniers kilomètres, pour ensuite se retourner et constater les dégâts.

Panneau Dromadaire par dededave

Las, votre serviteur fit mieux, il lâcha tout ce petit monde dans l’ultime bosse.

Ai-je gâché  un dîner de con ? je ne saurai jamais. En tout cas, depuis cet épisode, je préfère rouler seul….

En 1926, Alphonse Baugé, journaliste à Miroir Sports, se faisait l’écho de la colère du patron du tour de l’époque, parlant de ces coureurs qui transgressent le règlement, ne cherchant qu’à truquer, qu’à échafauder sans cesse les pires combinaisons.

En réalité, c’est peut-être le vélo qui veut ça… un sport d’égocentriques qui a pour ennemis l’air, le vent, les kilos superflus et pour compagnon démoniaque, tout ce qui contribue à faire péter la chaudière…

« Depuis que j’ai été contrôlé deux fois positif, je prends toutes mes précautions. Je ne suis quand même pas con ! » a dit l’un d’eux….

Bah, si c’est lui qui le dit…..

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Lorenzo
Lorenzo
9 juillet 2010 10 h 03 min

C’est tellement vrai tous ces mecs amateurs qui se la pétent sur leurs bécanes et qui surtout ne rigolent pas,te gonflent avec leurs douleurs de jambes ou de lombaires.
Faut qu’ils blindent, orgueuilleux de leur maillot trempé de sueur,font la moue, te font comprendre que tu les retarde.J’ai eu vite fait de les larguer leurs boissons
survitaminées et leurs barres aux céráles idem.Vous n’allez pas me croire, mais j’en ai trouvé un qui m’a demandé si les glaçons dans ma gourde étaient á l’eau minérale ou
á l’eau du robinet, authentique pourtant.J’ai maintenant un VTC sympa pour faire des ballades dans la cambrousse des petits chemins et je n’hésite pas á mettre le pied
á terre si nécessaire.Un seul regard á ma copine me fait comprendre si on poursuit un peu, ou si on rentre á la casa, on est pas sérieux on fait çá pour le plaisir.
J’ai peine á dire que j’avais un oncle en Normandie,medecin, la soixantaine, qui rentrait fierement chaque matin exhibant son chrono, battant son record, presque invariablement,
son meilleur pote un cardiologue, m’a dit le jour de l’enterrement, qu’il avait fini par se faire péter le coeur…

rocla
rocla
9 juillet 2010 10 h 31 min

Bien vu Yohan ,

Le sport on doit le pratiquer pour le plaisir et non pour faire joli .
Me font riri les mecs en multispotcolores aux marques des catlons et autres crédits gangstérels , on dirait des enseignes lumineuses en plein jour .

One again .

Léon
Léon
9 juillet 2010 10 h 49 min

Bah, Yohan, ce n’est que de la vile calomnie parce qu’ils vous ont semé ! 😆 😮

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
9 juillet 2010 11 h 30 min

J’ai vécu la même aventure avec les randonneurs du dimanche matin. Vous allez rigoler mais vous ne pouvez pas imaginer le vice qu’il peut y avoir dans ces paisibles trottineurs au milieu des bois . Le vêtement qui absorbe la sueur , les godasses de plus en plus cher le petit sac à dos dernier cri, et , ce caractère impossible.

Entendons nous , je ne parle pas du solitaire qui fait sa balade . je parle de ces gens qui adhèrent à un club qui ont besoin d’être à 20 ou 30 et dès les premiers km vous les voyez qui allongent la foulée et accélèrent le pas ( idem tes cyclistes Yohan)Tous les dimanches c’est la même musique , le même jeu .Essayer d’en larguer le plus possible.
J’ai un beauf qui continue à les fréquenter, fort capable de les laisser sur place si l’envie lui en venait. Il les rend fou par son comportement . Une orchidée , une vache , un paysage…il s’arrête. Les Zatopek enragent car c’est lui qui a les sacs dans son break…
Je l’aime bien mon beauf.

Marsupilami
Marsupilami
9 juillet 2010 11 h 50 min

Bien vu Yohan. Perso, j’ai fait des milliers de km avec un panzer-vélo de marque allemande très costaud mais assez lourdingue et j’ai vécu le même genre de trucs. Ces guignols-carbone en maillots multicolores pubeux du dimanche sont insupportables. Côté dopage, un coup je me suis fait arrêter sur ma bécane début novembre pour contrôle d’alcoolémie (véridique : les deux pandores n’avaient apparemment rien de mieux à foutre !). Et cinq kilomètres avant, vu que ça caillait bien, je venais de boire un vin chaud dans un bistrot au bord de la route. Bingo, l’éthylotest est passé au vert dès que j’ai soufflé dedans. Mais les flics ont été sympas : ils ont vu que je n’étais pas bourré, que c’était la fin de l’automne et qu’on se les pelait, ils m’ont laissé repartir avec mon EPO bourguignon sans me contraventionner…

Waldgänger
Waldgänger
10 juillet 2010 12 h 20 min

Excellent Yohan, tout ceci me rappelle des souvenirs à l’époque où je faisais un peu de vélo, mais jamais je n’aurais eu l’idée de me mêler à un de ces groupes, leurs maillots, leurs attitudes me paraissaient trop ridicules.