L’exotisme un produit, un regard, une conception du monde , a été inventé par les Lumières , conservé et entretenu par le Romantisme pour être porté depuis au pinacle du goût bourgeois par les puritains contemporains. Il est le contrepoids du palanquin de l’Universalisme du XVIIIè siècle. Au point où on pourrait dire aujourd’hui :« l’exotisme , il y a des lieux pour ça » . Attention , sa condamnation ne signifie en rien son abandon.Il a même connu de singulières mutations.
Le puritanisme , nouveau paradigme universel , trimbale avec lui son complément , son revers, sa part méprisée : la pornographie . Une pornographie que l’on cache mais qui règne elle aussi tout à fait universellement. On l’a vue s’installer au début du XIXè siècle par un détour assez surprenant . On a vu apparaitre et prospérer un commerce nouveau sous les couleurs de l’exotisme . Ce fut un engouement dans les milieux les plus inattendus …. Les milieux dont on aurait attendu qu’ils le proscrivent. Mais ils en avaient les moyens . Venue de très loin, là-bas, l’aquarelle chinoise se vendait , s’échangeait et se multipliait. Le sujet en était une représentation parfois fantasmatique des séances de tortures. L’alibi était une sorte d’ethnographie originelle . On pouvait à leur spectacle, libérer ses émotions et se plonger sans honte dans les délices d’une sensualité scabreuse. Et comme ce n’était pas du sexe , on pouvait , si j’ose dire , y aller à fond.
Le blog http://turandot.chineselegalculture.org/Essay.php?ID=33
Les scènes de supplices dans les aquarelles chinoises d’exportation ( page 15 du site)
Jérôme BOURGON
(08-08-05)
« Des aquarelles chinoises représentant des scènes de justice, de torture ou d’exécutions ont circulé en nombre croissant en Europe et en Amérique du Nord à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Pourtant, ces peintures ne correspondent à aucune réalité tangible : leurs auteurs ne se sont pas inspirés de peines réelles qu’ils auraient croquées sur le vif. Elles n’illustrent pas non plus l’imaginaire chinois, car si les artistes ont parfois puisé dans le répertoire chinois, notamment dans les images de l’enfer bouddhiste, ils se sont surtout inspirés de modèles picturaux occidentaux,
qu’ils ont travestis « à la mode » chinoise
[Ces aquarelles ]…..conçues le plus souvent dans des ateliers chinois, parmi ces articles d’exportation qu’on regroupe sous le nom de « chinoiseries », [ ] ..étaient en fait destinées au marché occidental, et [fabriquées] pour lui plaire. »
Incontournables à l’époque elles sont peu à peu tombées dans l’oubli mais le genre, lui , est resté quand la photographie a pris le
relais. On les retrouve dans les fonds des grandes bibliothèques.
Bibliothèque Nationale de France
New York Library
Peabody Muséum
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Elles sont à l’origine de l’archétype occidental de l’asiatique pervers et sadique trouvant ses délices dans les tourments infligés à son prochain. La diffusion de cet archétype et sa connaissance étant transmises par un groupe étroit d’esthètes et de «connaisseurs » laissant volontairement planer un doute sur la motivation réelle de cette toute spéciale érudition . L’ Archétype sera repris et transmis jusqu’à nos jours , par exemple dans le Lotus Bleu. Diffusant son influence du visuel au langage: le supplice chinois est devenu une formule cliché ( casse tête chinois , chinoiseries au sens arguties procédurières , etc …)
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Au plan de l’esthétique on assistera à un glissement scabreux et volontairement entretenu par « le public » occidental se sentant incapable de juger et toujours à la recherche de nouveautés à la mode. Ainsi on a pu voir le bavardage mondain proposer puis admettre que la cruauté raffinée impliquait un raffinement tout court qui pouvait englober (ou pouvant laisser croire) à un raffinement général . On vit alors surgir un dérivé de l’asiatique pervers goûtant les supplices : l’asiatique esthète incontestable et absolu . Comme une élévation de l’Oriental à l’omniscience en matière de goût.
En parallèle le XXè siècle occidental produisit en accompagnement , une variété particulière d’intellectuels à part , le connaisseur , l’initié. Grossièrement nous pouvons dire que nous en resterons là jusqu’aux années 50. Nous vivrons alors la déferlante « orientalisante » des années « baba » et de son goût pour les gourous . Mais ce ne fut pas tout.
Profitant de la confusion sadique raffiné/ artiste , nous aurons pu voir aussi l’éclosion d’un type nouveau d’intello occidental . De purs pervers psychopathes se prétendront artistes avec l’assentiment d’un public niais ou comparse en recherche permanente du dernier vent pour leur girouette.
Du XVIIIè au XIXè De Sade à Mirbeau ils seront nombreux à adopter cette « mode » souvent accompagnée d’un fureur ésotérique à la mode elle aussi dans les mêmes milieux.
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Non la publication de cet article n’est pas une tentative de réactivation de cette mode. !!!
La cangue
Le châtiment chinois par excellence au cours du 17ème siècle. Attifé d’un panneau de bois carré autour de son cou, le prisonnier ayant la malchance d’y goûter se voyait contraint de demander de l’aide à des passants pour s’alimenter, étant dans l’impossibilité d’atteindre sa bouche avec ses mains. Une certaine variante du pilori…
http://sciencepost.fr/2016/04/9-chatiments-meconnus-tres-etranges/
Ne manquez pas de suivre les 26 liens proposés par Jérôme Bourgon, ils illustrent en détail mes raccourcis approximatifs.
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Ces images appartiennent à ce genre d’images coloniales montrant la diversité de l’Autre par rapport à la civilisation occidentale et , donc, justifiant la présence coloniale des Européens. Malgré ce but idéologique qui amena dans le passé à les produire, acheter et consommer, elles restent des documents uniques d’une réalité historique précise, d’un regard sur l’autre . Un autre qui avait commencé sa carrière d’archétype comme le bon sauvage pour devenir l’asiatique tellement différent qu’il fallait s’en méfier.
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On peut maintenant accéder à une série d’illustrations présentées dans leur jus avec une absence de recul très datée invitant en quelque sorte le lecteur occidental à les prendre au premier degré.
Avant de poursuivre la lecture
Enregistrer quelque part le lien vers ce site
https://www.chineancienne.fr/maspero-la-chine-antique/
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George Henry Mason / Pu-qua / J. Dadley
LES PUNITIONS DES CHINOIS représentées en vingt-deux gravures avec des explications en anglais et en français. G. Miller, Londres, 1801. Texte de George Henry Mason. Illustrations de Pu-qua. Gravures de J. Dadley.
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La pire de toute
22. Manière de couper la tête, ou décapiter
Cette peine passe pour la plus ignominieuse. On ne l’inflige que pour des crimes que le gouvernement chinois regarde comme les plus préjudiciables à la société ; telles que les conspirations, l’assassinat, les offenses contre la personne de l’empereur, attenter à la vie des personnes de la famille impériale, la révolte, l’insurrection, frapper son père ou sa mère, et toute autre espèce de crimes contraires à la nature. Le malfaiteur, condamné à être décapité, est à genoux par terre ; on lui retire la planche qu’il a sur le dos, et l’exécuteur, d’un seul coup d’un large cimeterre, lui coupe la tête, avec beaucoup de dextérité. Ces exécuteurs, et la plupart des officiers inférieurs de justice, en Chine, sont choisis parmi les soldats, selon l’usage des anciens barbares. On ne croit pas leur emploi plus ignominieux que la place du principal officier de la justice exécutive dans un autre pays.
Avoir la tête coupée, c’est pour les Chinois la mort la plus infâme, parce que la tête, qui fait la partie principale de l’homme, est séparée du corps ; et l’on ne donne pas la sépulture à ce corps, parce qu’il n’est pas entier, comme on l’avait reçu de la nature.
Un mandarin, convaincu d’un crime atroce, est exécuté de la même manière que les personnes de la plus basse condition.
Après que la tête est séparée, on la suspend fréquemment à un arbre sur une route publique, et on jette le corps dans un fosse ; la loi le juge indigne du respect des cérémonies ordinaires des funérailles.
Lorsque la sentence est soumise à l’empereur, pour obtenir son approbation, si le crime est du premier degré d’atrocité, l’empereur fait exécuter le malfaiteur sans délai ; si le crime n’a point ce degré d’atrocité, il ordonne que le criminel soit emprisonné jusqu’à l’automne, pour être exécuté le jour qui est fixé dans cette saison pour ces exécutions.
L’empereur de la Chine fait rarement exécuter un de ses sujets, sans avoir consulté les premiers officiers de justice, pour savoir s’il peut l’éviter, sans enfreindre, ou mettre en danger, la constitution de son royaume. Avant de signer l’ordre de l’exécution, il jeûne un certain temps ; il regarde comme les années les plus illustres, et les plus fortunées de son règne, celles où il a eu le moins d’occasions de faire tomber sur ses sujets le glaive rigoureux de la justice.
Le supplice du Lingchi
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lingchi
https://www.tryangle.fr/peut-on-recoller-les-morceaux-apres-avoir-subi-un-lingchi
Ce supplice était encore appliqué à Pékin à l’aube du XXè siècle et on l’infligea à Fou-Tchou-Li, meurtrier d’un membre de la famille royale. Par faveur insigne, on épargna la crémation à la dépouille du condamné dont la fin décrite par Louis Capreaux a bien de quoi faire dresser les cheveux :
– Voici que M ; de Pékin, impassible, s’avance un couteau à la main.
Le supplicié suit des yeux l’acier qui entame son sein gauche. Il se crispe sous la douleur, ouvre la bouche, n’a pas le temps de crier, car d’un coup brusque, le bourreau vient de lui trancher la trachée artère…
Le supplicié se crispe sous son poteau, avec des allures plus effarantes de Christ crucifié, sans pouvoir crier, ainsi que l’exigent les rites respectés.
C’est alors que le sein droit est enlevé en un tour de main. Les aides présentent un nouveau couteau : l’exécuteur de main sûre, tranche les biceps, successivement…
Tandis que se contracte horriblement le malheureux Fou-Tchou-Li, d’un geste ample et rapide, M. Pékin détache toute la masse musculaire des cuisses qui va rejoindre dans un panier les chairs ensanglantées déjà rejetées…
La tête se renverse à ce moment ; le coma envahit la face convulsée. Le coude gauche est sitôt attaqué : deux aides brisent en tournant l’avant-bras, et l’immense douleur fait renaître un instant le moribond…
Soudain survient un incident tragique… dans une poussée formidable, la foule semble projetée vers le malheureux exécuté ; le bourreau et ses aides sont acculés au poteau fatal qui est presque renversé avec son tronc mutilé…
M. de Pékin, saisissant vivement dans le panier un lambeau de chair ensanglantée, en fouette les visages de la foule épouvantée… »
(« Pékin qui s’en va », 1914)
Série de cartes postales du site Turandot
http://turandot.chineselegalculture.org/VisualSet.php?ID=94.
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http://turandot.chineselegalculture.org/Photographs.php?CF=18
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https://www.visites-p.net/voyages/chine-1830-01.html
Un supplément gratuit pour les visiteurs avisés.
http://sciencepost.fr/2016/11/torture-quest-supplice-rat/
Une protestation anticoloniale ??
http://ilyaunsiecle.blog.lemonde.fr/2009/05/08/9-mai-1909-la-fascination-pour-les-supplices-chinois/
Lectures :8390
T’as pas autre chose ? Je ne suis pas arrivé à le lire jusqu’au bout ! Brrrrrrrr…..
Faut-il que je choisisse une Police plus petite???
28 FÉVRIER 1994 : KATIA BENGANA A ÉTÉ ASSASSINÉE POUR AVOIR REFUSÉ DE PORTER LE HIJAB
chaque musulmane qui porte le voile devrait le retirer par solidarité !
Katia disait : « J’aime mieux être morte que de porter le voile » elle est tuée
Le 28 février 1994, la jeune lycéenne Katia Bengana a été assassinée par des terroristes pour avoir refusé de porter le hidjab. « Âgée à l’époque que de 17 ans, Katia fut surprise par son bourreau qui la tua à bout portant en plein centre-ville de Meftah, alors qu’elle sortait de son lycée pour se rendre à son domicile familial.
Après avoir accompli son forfait, l’assassin sanguinaire, armé d’un fusil à canon scié, avait réussi à prendre la fuite, laissant sa proie gisant dans une mare de sang. Cette horrible scène, qui choqua plus d’un, restera à jamais gravée dans la mémoire collective des habitants de Meftah, notamment les camarades de Katia qui gardent d’elle l’image d’une résistante exemplaire.
Une brave combattante contre l’obscurantisme. Car, elle avait préféré mourir pour ses idées et ses convictions que d’abdiquer devant les menaces persistantes des intégristes islamistes qui voulaient semer la terreur dans la société algérienne.
Tous comme nous sommes Parents , amis , Algeriens , Algeriennes sommes inconsolables elle aurait pu avoir 41 ans avec ses enfants , elle aurait pu etre medecin , avocate ou ingenieure , elles sont nombreuses comme elles avoir été tuées , ou egorgées …
En 2008 sa maman décéde avec cette profonde tristesse que connait une mere inconsolable de savoir que son enfant ne sera pas là aprés son depart .
Plus près de nous, je crois me souvenir que Georges Bataille avait fait un grand usage de quelques photographies de supplices chinois.
PS : Belle découverte que le site Turandot !
« Les scènes de bordel passaient mieux auprès d’une clientèle bourgeoise quand on pouvait y associer le nom d’un artiste connu. »
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C’est une simple citation d’un texte accompagnant une œuvre de Degas
http://mapinacotheque.blogspot.fr/2018/03/edgar-degas-la-maison-tellier-de.html
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J’estime qu’elle vient corroborer le fonctionnement transgression/alibi culturel que j’ai voulu montrer au début de cet article
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Ma source???
Le blog de Lavigue colonne de droite
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https://lavigue.blogspot.fr/