HOMMAGE A L’ECRIVAIN, AU JOURNALISTE ET DESSINATEUR :
En 1944, François CAVANNA était aussi à BERLIN, dans le district de Treptow . Il a raconté cette période dans « Les russkofs ». Il a perdu deux phalanges, l’ouïe du côté gauche mais surtout le premier amour de sa vie : Maria, une jeune femme russe. Il nous a quittés ce mardi 29 janvier 2014 à 90 ans.
Affecté à l’entreprise de munitions Graetz et ne parvenant pas à obtenir le rendement exigé pour la production d’obus, François Cavanna se retrouve très vite dans un commando disciplinaire chargé du déblaiement des gravats après les bombardements alliés. À l’usine Graetz, conduisant sa machine, il était assisté par deux requises soviétiques, dont Maria Tatartchenko avec laquelle il va rester lié pendant les deux années suivantes.
Au début de l’année 1945, et jusqu’en mai, ils seront transférés au nord-ouest de la Pologne près de Stettin pour creuser des tranchées antichars.
http://www.rts.ch/archives/tv/information/temps-present/3447216-hara-kiri-hebdo.html
En 2010, il se souvient d’être parti lui aussi à 20 ans.
L’hommage du journal Le Monde :
Et sur Charlie-Hebdo
ARCHIVES FAMILIALES (2) :
2) – LE TRANSFERT AU CAMP DE RABSTEIN (26 août 1944, 8 mai 1945) à 275 km de Berlin:
Après sa destruction par les Alliés à Berlin, suite aux bombardements des 6 et 7 mars 1944, une unité de construction aéronautique fut déplacée dans une ancienne fabrique installée dans des grottes creusées à l’origine par la rivière Kamenice. Les nazis avaient aménagé le site et fait construire le camp de Rabstein à Janskà par les déportés venant de plusieurs des 95 kommandos (centres de travail ou de détention) rattachés au camp d’ extermination de Flossenbürg en Allemagne (au Nord-Est de Nuremberg et au Sud-Est d ‘ Auschwitz).
En violet foncé : les Territoires des Sudètes
Les survivants aux bombardements alliés sont arrivés six mois plus tard dans la province des Sudètes annexée par Hitler en 1938 dans l’ex-Tchécoslovaquie.
Le camp de Rabstein a été opérationnel le 26 août 1944.
Situation du camp :
Camp de déportation Rabstein à Janske, près de Ceskà Kamenice, aujourd’hui en Tchécoslovaquie.
Construits dans une cuvette non loin de la rivière Kamenice (un affluent de l’Elbe), le camp et les baraquements étaient régulièrement inondés ou couverts de neige en hiver.
Dans les camps de travail où ils étaient encadrés de près par la Gestapo, le ralentissement de la production était souvent le seul moyen de résister.
Un travailleur sur dix mourra de maladie, sous les bombardements, ou bien sous les coups de la Gestapo. Les cadres civils allemands craignaient autant les nazis que les travailleurs. Ils risquaient aussi les coups s’ils ne trouvaient pas rapidement l’origine d’une panne ou d’un sabotage.
Dans les caves humides et mal éclairées, les conditions de travail étaient particulièrement pénibles avec 12 heures de présence. Les hommes insuffisamment vêtus souffraient de la faim, de rhumatismes et du froid. De plus, ils fabriquaient les pièces d’avion et les armes destinées à détruire non seulement des populations entières, des villes, mais aussi les membres de leur famille, leurs voisins, leurs amis.
Qui est cet homme acceptant de poser pour eux?
a) Le site
En août 1944, la Commission géologique a mené la première enquête à Liberec, dans le secteurs d’anciennes salles souterraines à Janske Rabštejn. Après l’évaluation de la WFG, la société a décidé de construire deux usines dans un labyrinthe d’une longueur de 4500 m, dans le canyon de la rivière Kamenice, afin de déplacer la production d’armes et d’avions de chasse sur le site d’anciennes filatures. Il avait été prévu de creuser en tout sur 82.000 mètres carrés.
Ce projet a entrainé des déplacements importants de prisonniers venant de plusieurs des 95 kommandos (centres de travail ou de détention) rattachés au camp d’extermination de Flossenbürg (situés à 260 km en Allemagne au NE de Nuremberg et au S-E d’Auschwitz). Ils ont dû également construire les bâtiments du camp de concentration nommé Rabštejn.
Dans la période entre le mois d’août 1944-et le début de 1945, les prisonniers ont extrait de la vallée de la rivière Kamenice environ 17 500 m cubes de roche en creusant des souterrains. Il était prévu un volume de 80.000 m cubes mais la fin de la guerre a interrompu les travaux Des documents font état de seulement 80 morts chez les prisonniers. Il est certain que le nombre de décès a été beaucoup plus important.
b) L’organisation
De 1944 à 1945 sur le site de Rabštejn autour de Janske, on dénombrait 2 camps de concentration et 30 camps de travail pour les prisonniers de guerre. Six mille personnes environ, certainement beaucoup plus encore, ont été internées ici, entre les déportés et les prisonniers de guerre.
La firme allemande aérospatiale Waserflugzeugbau Breman y a produit l’avion Junkers (nommé aussi Stucka) et Messerschmidt, la FA 223 à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’usine sous le nom de code « Zechstein » a été découverte par les Alliés à la libération.
Pierre Chaumette. Témoignage paru dans Clairière (Revue trimestrielle de l’Association pour le Souvenir des Fusillés de la Braconne), avril 1995 :
» Nous ne savons pas où nous sommes. Quelques heures après notre arrivée, nous apercevons (encadrés par des SS) deux colonnes de détenus (mêmes tenues rayées que nous) qui franchissent la porte d’entrée. peu après, c’est l’appel du soir. Nous découvrons ces nouveaux visages d’une pâleur incroyable. Une pâleur telle que nous les surnommons « les endives ».
Mais le lendemain matin, après l’appel, nous allons les suivre au lieu de travail. Ce lieu était une galerie souterraine, longue d’environ 200 mètres, 10 mètres de largeur, 8 mètres de hauteur. Il y faisait un froid humide. Mais surtout un bruit infernal qui assourdissait : le bruit des marteaux-piqueurs (soutenus par trois détenus) et le roulement incessant des chariots allant déverser leur chargement à l’extérieur. Il y avait de chaque côté de la galerie de puissants projecteurs. Des projecteurs qui permettaient aussi de nous réchauffer le dos et les mains. Et, parfois, qui servaient à transformer les rondelles de pommes de terre en « chips »…
Malheureusement, il y avait des drames. Point de sondage au plafond et d’énormes plaques se détachaient. Deux, trois détenus étaient littéralement écrabouillés et, le soir, ils étaient ramenés au camp… pour l’appel! Chaque jour, sauf le dimanche (il fallait bien que nos gardiens et les chiens se reposent !), aucun de nous ne savait s’il coucherait le soir à la place laissée le matin.
Les jours, les semaines, les mois défilent…
Mais comment chercher à préserver notre dignité d’être humain ? Ces travaux forcés, dix heures par jour, les misères quotidiennes, la faim, la peur permanente, le froid, la soif, et chaque soir la chasse aux poux. De l’être humain, il reste peu de choses manger, dormir, dormir… et parfois le souvenir de sa famille. Chaque jour, les malades touchent leur tranche de pain … et on guette le pain des morts! »
Camp de prisonniers près de Ceskà Kamenice. Un dimanche ils ont pris le risque d’aller photographier le camp voisin où se trouvaient « les politiques », dont le cousin d’un de leurs compagnons.
Quatre camps de prisonniers se trouvaient dans la région. Ils dépendaient du camp d’extermination de FLOSSENBURG (3.5.1938 au 23.4.1945).
Situation des camps rattachés à FLOSSENBURG
L’allemand a le même âge que les travailleurs déportés, a-t-il eu une attitude différente des cadres de la Gestapo? Ils le prennent en photo.
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Intéressant, mais je ne comprends pas trop : quelle est la place de tes archives familiales dans cet article ?
Dora nous le dira sans doute dans la troisième partie de son article .
Sait-on qui est ce géant sur la photo ?
Je pense que les fumiers de gestapistes n’ont pas dû se gêner pour lui en faire voir : avec eux, fallait pas dépasser du rang. Il n’y avait pas de spécialiste en ergonomie pour adapter le poste de travail, il a dû en baver, comme les plus petits du groupe.
C’est comme aujourd’hui dès la maternelle : si tu ne portes pas de marques, on te crache dessus.
C’est une étonnante composition pour cette photographie avec l’homme en premier plan que je ne connais pas et qui focalise le regard. Cela devait se passer un dimanche, le seul jour de congé des allemands, mais il reste des surveillants et ils ont pris un gros risque en sortant l’appareil photo.
Une petite erreur sans importance
En 1944-45 le JU87 Stuka qui figure en illustration n’était plus fabriqué parce que jugé trop vulnérable ..
J’ai pas trouvé celui qui était fabriqué, le sais-tu?:?:
rappelons que le FA 223 Drachen a été le premier hélicoptère fabriqué en série il me semble; si c’est de ce modèle là dont il est question.
Bonjour Lapa,
C’est le renseignement que j’ai trouvé sur le site du mémorial du camp. Connaîtrais-tu s’il te plaît le type de bombardier construit à la fin de la guerre? Ou bien l’hélicoptère aurait-il remplacé le bombardier?
non l’hélicoptère n’a pas remplacé le bombardier. Pour ce dernier je pense que ça doit plutôt être un JU 88 ou les variantes genre 188 qui sont des bombardiers construits jusqu’à la fin de la guerre. Et donc qui ressemblent d’avantage à ça
Comme l’a dit Snoopy, excepté dans la campagne de Russie et peut être en Afrique, les fameux « stukas » n’étaient pas vraiment à la fête contrairement à l’idée reçue. C’étaient même des cibles idéales.
Bonjour à tous,
Le titre suivant : « François Cavanna a raconté le travail forcé en Allemagne, et nous, que ferons-nous des archives familiales? », trop long, précisait le préambule sur Cavanna. Deux membres de ma famille étaient à Rabstein. L’un d’entre eux est l’auteur de cinq photos.
J’ai construit le texte sur le camp à partir de traductions automatiques de textes allemands et tchèques, que j’ai dû retravailler entièrement.
OK, compris.