Instauration de quotas : tempête dans le verre d’eau du foot Français.

Des quotas dans le foot Français, nous dit Médiapart,  quotas de noirs et d’Arabes bien sûr, pas des quotas qui concernent les petits rouquins hauts comme trois pommes, méchants comme des teignes et qui puent. En ce qui concerne la formation des joueurs, et des réflexions qui vont avec, il y a un certains nombre de choses à savoir avant de la ramener, et je doute fort que média-part les connaisse, et je parie même que ce site n’en a rien à faire.

Il y a, pour commencer, deux situations à différencier, la formation interne à la FFF, à travers les pôles espoir dont fait parti l’INF Clairefontaine,  et celle dispensée par les clubs formateurs. Si les contenus de formation et l’organisation, passage et validation, des diplômes d’entraîneurs sont sous la férule de la fédération, la vie interne des clubs formateurs leur reste propre. Par clubs formateurs, il faut comprendre clubs professionnels (qu’ils soient de L1, L2 et pour certains sous certaines conditions de temps, de national ). Autant dire que celui qui croit que la FFF a les moyens de donner des ordres aux clubs pro se fourre le doigt dans l’oeil. Le seul domaine dans lequel  elle peut exiger quelque chose concerne  l’obligation faite aux clubs pro de mettre à sa disposition les joueurs convoqués pour les équipes nationales.

On le voit, la FFF dispose de ses propres centres de formations à travers Clairefontaine, les pôles espoirs (une dizaine en France) et quelques districts qui ont eux aussi une classe foot destinée aux joueurs non retenus dans les pôles espoirs. Et les clubs pro, leur propre centre de formation, au sein desquels ils sont tout à fait libre en matière de politique de recrutement. A une différence près, hormis l’INF Clairefontaine qui forme des joueurs   durant trois ans (les 14, 15 et 16 ans) les pôles espoirs ne sont concernés que par les deux années, dites, de préformation, soit 14 et 15 ans.

Préformation/formation : pourquoi le distingo ?

La préformation concerne les jeunes de 14 et 15 ans, la formation démarre  au cours de la quinzième année. Le distingo vient d’une règle :

ARTICLE 98 bis – Restrictions applicables à la mutation des jeunes

1. Toute mutation est  interdite pour un  joueur des catégories  « Débutant », « Poussin »,

Benjamin », « 13 ans » et « 15 ans » 1ére année, sauf pour un club appartenant au Département

dont dépend son domicile ou dont le siège se situe à moins de 50 km de celui-ci.

Concrètement cela signifie qu’un club formateur ne peut recruter en dessous de 15 ans révolus  que dans un rayon de 50 km et dans son département. Bien sûr, il est toujours possible de contourner la loi en faisant déménager les parents, en leur trouvant un boulot et un logement, mais c’est un cas extrême qui ne s’applique que lorsqu’on trouve des petits génies. De même qu’il est interdit de signer tout contrat avant cet âge, avant 15 ans on parle de conventions : en général les clubs s’engagent pour une année renouvelable à financer la scolarité et l’hébergement des jeunes.

Bien, bien, allez-vous dire, et le rapport avec les quotas ?

Juste avant l’âge de 15 ans les clubs formateurs effectuent un grand ménage, bon nombre de leurs jeunes ne sont pas conservés. Il faut garder à l’esprit que la formation constitue un pari sur la réalisation d’un potentiel , et que, à partir de 15 ans,  cette recherche de potentiel n’est plus limitée géographiquement. Trivialement, c’est l’âge où les clubs se mettent en chasse. La catégorie des 15 ans, comme celle des 14 et 13 ans, est la catégorie la plus injuste qui soit, tant les différences de puissance, de taille et de vitesse sont importantes. Différences de puissance et de vitesse qui s’estomperont en partie avec le temps . Depuis une quinzaine d’année, les cranes d’oeuf du foot Français ont fait le choix du un mètre quatre-vingt-dix, pieds carrés, puissant et rapide, en préjugeant de la réussite de plus petits gabarits, certes plus techniques, mais qui n’entraient pas dans les critères de sélections. L’exemple du RC Lens est édifiant, c’est avec ce type de joueurs  qu’il est descendu en L2 il y a deux ans, certes il est remonté mais va redescendre tout aussi vite. On peut rajouter aussi le côté comique d’un président recrutant en Afrique et pleurant à chaque CAN (coupe d’Afrique des nations) à propos de ses joueurs retenus dans les différentes sélections Africaines, se lamentant des difficultés sportives rencontées à cause de l’absence de ces joueurs….

Ce que beaucoup pressentaient, les Espagnols viennent de nous le démontrer avec leur politique de petits joueurs ultra -techniques et explosifs.Il était donc tout  à fait logique que les responsables, tant du côté de la fédération que dans les clubs pro, se questionnent sur la politique de formation en vigueur et sa remise en cause. Et puisque l’on parle de discrimination,  en voilà une : Tout jeune gardien de but passant les concours d’entrée des pôles espoir sera tenu, en cas de réussite à l’issu du premier concours (le départemental), de produire une radiographie du poignet déterminant son âge osseux, et tout gosse dont la taille estimée à  l’âge adulte est en dessous de un mètre quatre-vingt-cinq sera écarté…. Personne ne semble dérangé par cela,  tant il est vrai que des gardiens de but noirs, beurs ou maghrébins ne courent pas les concours des pôles espoir, car on va toucher ici du doigt une composante de la société Française.

Notre passé colonial et notre devoir de repentance :

« Les Espagnols m’ont dit : nous, n’ayant pas de blacks, nous n’avons pas ces problèmes là« , rapporte Laurent Blanc, le sélectionneur national. Et oui. La mode est à la repentance les amis, non seulement  génuflexion obigatoire mais il faut en outre relancer l’ascenseur social, la discrimination positive est de mise. Tout fumier remarquant que dans les disciplines de vitesses en athlétisme les blancs en dessous de dix secondes au cent mètres se comptent sur les doigts de la main de Django Reinhardt et que ce sont les noirs qui trustent les trophée se verra attribué l’étoile du racisme à coudre au revers de sa veste. Ah ces espagnols, les petits veinards, les sud Américains leurs demandent-ils un méa-culpa permament ? De même, les bons petits blancs Européens passent -ils leur temps à exiger des excuses  à chaque fois qu’ils croisent un Allemand ? Non. Des Lilian Thuram et toute la cohorte bien pensante de bobos de gauche n’auront  pas raté l’occasion , et la  ministre Jouanno bien peu inspirée à réagir aussi vite et sans discernement. Sauf à penser que Sarkosy est sûr d’être au second tour et que les quelques centaines de milliers de voix qui ne manqueront pas de tomber dans l’escarcelle de Marine Le Pen, suite à cette tempête dans un verre d’eau, sont destinées à affaiblir la gauche.

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Léon
Léon
3 mai 2011 8 h 21 min

Bon article, bien documenté et qui explique les tenants et aboutissants de cette histoire. Je suppose, effectivement qu’entre 13 et 15 ans, si on fait le choix des grands costauds on a plus de chances de tomber sur des noirs au développement physique souvent plus précoce. Et que si l’on fait le choix de la technique les noirs et les autres seront alors, (il n’y a aucune raison de penser le contraire), à égalité de chances. Et comme les noirs sont, en France moins nombreux, arithmétiquement il y en aura sans doute moins en sélection nationale. Je ne vois pas où est le racisme là-dedans. Il y en a marre de ces histoires.
Sur la possibilité pour un jeune de choisir l’équipe de son pays d’origine, il y a eu un cas où cela a joué en faveur de l’équipe de France c’est pour Trézéguet, mais est-ce que cela n’a pas été le cas aussi pour JP Papin?

TITI
TITI
3 mai 2011 9 h 55 min

Laurent BLANC pose en grand les conséquences de la double nationalité.
intéressant et non seulement dans le sport.
Il faudrait s’interroger de la chose en matière politique, peut être !

snoopy86
Membre
snoopy86
3 mai 2011 11 h 45 min

Bonjour Ranta, bonjour à tous

J’attendais avec impatience l’article de ce spécialiste qu’est Ranta et qui confirme ce que j’avais compris des « minutes » du dialogue entre techniciens …

Blanc et Blaquart n’ont fait que remettre en cause un systéme de détection basé sur des critères selon lesquels Lionel Messi, l’incontestable meilleur joueur mondial actuel, n’aurait eu aucune chance. Ils soulignent par ailleurs le fait que la FFF forme des joueurs qui à la première occasion iront porter le maillot d’autres fédérations …

Où est le scandale ?

Par ailleurs, la divulgation de ces échanges ressemble fort à un réglement de comptes entre gens soucieux de se partager le fromage de la direction technique. Coup de pied de l’âne Domenech ?

Sans doute Ranta as tu quelques idées là-dessus, merci de nous les faire partager …

yohan
yohan
3 mai 2011 13 h 32 min

En dehors de toute considération ethnique, il était temps en effet que la FFF se pose des questions sur ses méthodes de sélection. Outre que les binationaux les bernent souvent, allant se vendre aux pays qui leur offrent une place en A, ce qu’on peut comprendre du point de vue de la gestion de carrière, force est de constater que les joueurs athlétiques qui courent vite, mais qui frappent trop souvent dans les nuages et qui n’ont pas d’intelligence de jeu, ont été préférés à d’autres, plus petits, techniques, véloces mêmes, mais pas assez physique. Un Giresse, ou un Tigana et peut-être même un Platini n’auraient jamais été sélectionnés avec les critères actuels.
On reste bien dans le football et la question est très justement posée. Alors, quand la bande à Plenel sort ce dossier avec les arrière pensées habituelles, et des arguments spécieux bien connus, on a envie de sortir le flingue 😈

Léon
Léon
3 mai 2011 15 h 24 min

Il y aurait une solution pour éviter ces départs de binationaux. Faire comme pour les élèves de l’école Normale : soit les obliger à une certaine durée de conservation de la nationalité française de façon à pouvoir être sélectionnés en équipe de France, soit les obliger, s’ils changent de nationalité avant ce délai à racheter les années de formation dont ils ont bénéficié. Cela obligerait à modifier la règle qui veut qu’une fois sélectionné en équipe de France ils ne puissent plus revenir en arrière, mais cela me semble faisable.

Buster
Membre
Buster
4 mai 2011 10 h 53 min

Très intéressante cette approche professionnelle et concrète des centres de formations.
Adolescent à St Etienne je côtoyait parfois des recrues du centre de formation de l’Asse (l’Etrat), Dominique Rocheteau notamment (on partageait le même quartier général).
La période a changé, les critères et les techniques aussi j’imagine. (Et le fric qui n’était pas aussi insupportable)

La polémique créée par Médiapart m’a parue assez spécieuse, et même dérangeante sur ce mélange des genres, sur ces insupportables soupçons de racisme brandis à tort et à travers par les tenants de l’orthodoxie humaniste.