Le problème des interdits alimentaires « acceptés » en-dehors des groupes concernés dépasse de loin celui des religions, qui n’est lui-même largement qu’un aspect des stratégies sociopolitiques actuelles.
Soyons clairs; le néo(ultra-, archéo-)libéralisme veut casser le lien de solidarité nationale dans l’esprit du programme du CNR, qui fait que les citoyens sont prêts à cotiser, par les cotisations et l’impôt, pour bénéficier des assurances chômage, maladie, invalidité, et des retraites.
Le but est de rendre aux dominants économiques et politiques leur indépendance dans ce domaine afin de « libérer les énergies » en diminuant leur contribution à l’effort collectif, comme le « bouclier fiscal » a commencé à le faire. En termes plus crus, les riches ne veulent plus payer pour les pauvres; comme ils ont de manière croissante la mainmise sur le pouvoir politique (amis du Fouquet’s, bonjour), ils lui font appliquer la stratégie qui les sert; pas besoin d’être trotskiste pour admettre ça.
Pour casser cette solidarité, un des moyens efficaces est de détruire le sentiment national qui en est le fondement, en régionalisant, éparpillant les pouvoirs comme aux USA, et en faisant en sorte que, pour des motifs religieux ou autres (ethniques, économiques, etc.), chaque citoyen se sente non pas solidaire des autres Français mais de ses coreligionnaires, des gens de la même provenance géographique, ethnique ou autre.
Il s’agit donc d’encourager, de manière discrète mais croissante, la communautarisation. Comme elle est un phénomène naturel pour les immigrants récents, c’est d’abord dans les groupes de personnes d’origine étrangère qu’on va agir. En premier lieu, on finance des lieux de culte, on organise l’administration d’une religion volontiers repliée sur elle-même, on pousse à la ghettoïsation des banlieues en utilisant plus la réduction des effectifs de police que le Kärcher®. Puis on tolère d’abord, on finance ensuite des écoles religieuses, des crèches, comme au Canada, on finance les cultes et on encourage les religions les moins tolérantes. Les minorités prennent progressivement plus d’importance que les majorités, qui cultivent une mauvaise conscience totalement injustifiée; il n’y a plus de règles communes, voire de Droit commun, la situation finale pouvant être une mosaïque de groupes possédant chacun son Droit, ses tribunaux et ses structures administratives et politiques.
Il y a donc là-dessous une logique claire, qui est celle de la destruction du fait national, pour parvenir à une société cloisonnée, dont chaque membre ressent bien plus son appartenance à une communauté restreinte qu’à celle de la nation. Le droit de chacun d’appartenir à une communauté de son choix est alors reconnu en pratique, voire en droit, comme équivalent, voire prévalent, à celui de la nationalité qui n’est plus perçu que comme une contrainte administrative.
Entre l’extrême droite qui l’approuve par racisme, la droite qui l’encourage, la gauche « modérée » convertie à l’ultralibéralisme et l’extrême gauche qui y trouve un vivier d’oppressions à dénoncer, il y a peu de monde pour condamner ce communautarisme prêt à faire exploser nos sociétés.
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C’est effectivement un vrai paradoxe que le libéralisme casse le sentiment national en prenant appui sur des communautarismes qui, à terme, créent d’autres « solidarités » beaucoup plus intégratrices.
C’est diviser pour mieux régner. Et en même temps, la conquête des esprits par des dogmes et des rites communautaires aide à renforcer le sentiment d’altérité et donc un individualisme qui s’oppose avec efficacité à la solidarité. C’est la maxime chacun pour soi et Dieu pour tous… mais pas le même Dieu bien sûr.
Pourquoi donc Sarkozy est-il l’ami de certains sectaires ?
Et d’où cascades de paradoxes..
Certains s’opposeront au communautarisme en ne trouvant rien de mieux que de lui opposer un autre communautarisme..
Cela s’est vu avec les invitations aux « apéritifs alcool/charcuterie » de ces dernières semaines. Comme si l’invitation à un apéritif géant (concept ouvert et qui rassemble) en un lieu bien ciblé ne suffisait pas, il a fallu aux organisateurs en rajouter avec la mention « pinard saucisson », précision qui exclue et qui marque l’identité en ce qu’elle a de plus caricatural.
On était bien là dans une dimension communautariste, rassemblant les « .. de souche » contre les « allogènes » et bien loin d’un combat de la Raison contre l’Obscurantisme.
A moins que.. certains, dans leurs rêves les plus fous imagineraient-ils donc, après Nicolas Sarkozy, un débat politique obsessionnellement islamo-centré et un gouvernement d’ouverture accueillant des ultra-laïques clamant leur appartenance à la famille de gauche ?
GB
Trés franchement « le lien du CNR » s’agissant d’un programme établi par un comité qui n’avait rien de démocratique et était entièrement noyauté par un PCF qui ne valait pas mieux que ceux qu’il venait d’abattre ne me semble pas unr référence absolue …
Il n’y a pas que Sarkozy qui soit l’ami de certains « sectaires »
Malgré tout, pour le reste, d’accord avec vous…
@ Soopy
Ah, tu est bien de drouâte sur ce coup. Le CNR n’était pas entièrement noyauté par le PCF. Tous les mouvements ayant participé à la Résistance en faisaient partie et ils ont établi cet excellent programme d’un commun accord.
@ Philippe
Je ne crois pas que le programme du CNR puisse être d’une quelconque utilité face à la double offensive islamiste et mondialiste ultra-capitaliste. C’est même presque un anachronisme d’en appeler à lui, étant donné qu’il n’est pas jailli de nulle part, mais qu’il a été le fruit de la guerre et de la Résistance. Je crains qu’il ne faille (re)commencer par la guerre et la Résistance avant d’envisager la suite.
En plus ce qui me gêne avec la destruction des Etats-Nations par le mondialisme capitaliste, c’est que je suis zéro nationaliste, mais que je suis bien obligé de constater que seuls les Etats-Nations sont encore capables de résister à la dictature économique des marchés apatrides et transnationaux. Des fois, je me sens presque devenir nationaliste, non pas par franchouillardise, mais par défense des Etats-nations en général. Pfff…
Marsupilami,
Je ne fais référence au programme du CNR – à sa seule composante socio-économique du reste – que parce qu’un éminent représentant du Medef a déclaré ouvertement qu’il fallait le « défaire méthodiquement ». J’avais commis un article sur le site déclassé à ce sujet. L’article sur mon blog résume cette déclaration de M. Denis Kessler, à l’époque vice-président du Medef.
Le programme du CNR se référait explicitement à la solidarité entre citoyens et entre générations et posait les bases de l’application concrète de cette solidarité dans les assurances maladie, chômage et les retraites.
Ce sont ces principes qui sont actuellement remis en cause, notamment par l’encouragement à la communautarisation.
Snoopy,
Je ne prends pas, dans mon texte ni ailleurs, le programme du CNR pour une « référence absolue ». Je souligne seulement que ses principes de solidarité, qui ont permis des décennies de progrès social, sont battus en brèche par le pouvoir actuel, bras séculier des pouvoirs d’argent.
Il existe me semble-t-il, une incapacité patente de notre vieille société à réagir contre le communautarisme.
Nous sommes laïques depuis trop longtemps pour pouvoir réagir correctement, ce qui induit des réactions idiotes, qui renforcent encore le communautarisme.
Bonjour Philippe,
Je comprends votre ras-le-bol teinté de désespoir… C’est vrai qu’on a l’impression d’assister à une mutation globale où tous les signaux sont au rouge.
Des clichés me viennent, cheval emballé, paquebot lancé à peine vitesse, train fou, etc. autant d’images qui expriment une convergence de symptômes très inquiétants et un sentiment d’impuissance. Si on était complotiste, on serait tenté de dire que qqu’un tire les ficelles.…
Je crois plutôt au cercle vicieux, à l’esprit moutonnier de l’humain, aux cycles idéologiques… mais le résultat est le même, me direz-vous!
Sinon, il y aurait à nuancer sur le « communautarisme » : c’est quand il est exclusif qu’il devient morbide pour notre société. On perd l’emboitement traditionnel des attachements féconds (commune, ville, région, pays, Europe…) en les opposant : c’est ça le problème.
« Train fou.. » !
Image d’anticipation ? Me fait penser aux catastrophes ferroviaires en série qui suivirent la privatisation du rail anglais.. Les concessions avient été vendues tellemnt chères qu’il avait bien fallu se rattraper ensuite sur les effectifs et la maintenance du matériel..
GB
le problème de la démocratie, c’est qu’elle a oublié qu’elle s’est imposée par la force face aux différents obscurantismes. La voilà prisonnière de ses propres contradictions, cette atonie sera mise à profit par certains, croyez le bien.
C’est triste de voir nos contemporains abandonner petit à petit tout ce pour quoi nos prédéceseurs ont lutté. Oui le plus grand allié de cette décadence sociétale a été l’individualisme si attrayant, placé en clé de voute du système consumériste. Chaque individu s’est alors retrouvé dans sa communauté, réelle ou phantasmée, et s’est détourné ainsi du vivre ensemble national.
Oui je crois que notre époque a oublié que la démocratie se doit d’être exigente pour être pérenne. Des exigences et contraintes communes? ça fait longtemps qu’on n’en parle plus…
Très bien vu, Lapa. On a oublié que la démocratie doit parfois se battre pour survivre. Mais elle est mal armée pour cela: un bulletin de vote ne suffit pas face à certains totalitarismes discrets…
Pour résister aux potentats religieux , économiques ou militaires locaux , la République a créé l’ordre protecteur de la communauté nationale . Le droit à une vie décente dans un cadre juridique digne et respectueux de la personne.Ce qu’un illustrissime appelle les solidarités coercitives. Coercitives pour les loups. Tout cet ensemble de protection contre la maladie et la misère que nous connaissons. Aujourd’hui la délocalisation et la mondialisation tendent à ramener les conditions de vie du plus grand nombre au seul niveau des pays les plus terrifiants, où la simple survie n’est même plus assurée.La loi des armes dans les espaces sud américain ou africain offre la possibilité de chasser de leurs terres les plus démunis.Le travail industriel de plus en plus parcellisé et déqualifié ramène le monde ouvrier à la condition des travailleurs temporaires des latifundia , les métiers avec leur patrimoine de savoirs et de compétences ne sont même plus transmis….Toute une société et ses interdépendances est détruite pour un profit immédiat sans aucune perspective à long terme. La destruction des acquis sociaux , des fondations de culture , de protection sociale, des systèmes à long terme d’équipements collectifs; des routes , des hôpitaux des ports…ramène les populations ( même des pays les plus riches) dans une incertitude et une précarité qui les fait régresser et retourner à des conduites anciennes. Les habitudes sociales de solidarité et d’entre aide ayant été détruites par la société industrielle, les nouvelles solidarités de « classe » s’appuyant sur la concentration s’avérant caduques avec le dé-tricotage démontage industriel…Les populations sont non pas conduites mais « induites » à des comportements anciens , hors les rapports du travail, hors l’économie. On se trouve confronté à des conduites qui s’inscrivent dans ce qu’on pouvait croire évanoui dans l’histoire. Des solidarités ethniques ou culturelles. Les nantis très au fait de ce qui les favorise, n’ont rien à opposer à ce mouvement , au contraire, car ils savent très bien combien ces liens sont illusoires et d’aucun poids face aux lois du marché, de l’exploitation et de la concurrence. Dans notre pays , nous savons très bien quel fut le poids de l’institution religieuse contre l’éducation pour tous , l’hygiène et le progrès médical.Le retour à ces archaïsmes est avéré pour l’islam . Nous avons tous en tête, les histoires de piscines non mixtes, de cours de sciences naturelles remis en cause et d’exigences violentes de médecins gyneco femmes Un… Lire la suite »
Il n’y a que les gens de pouvoir, politiques, religieux, artistiques qui dénoncent la lutte des classes en renforçant les leurs.
Qui ose encore parler de prolétariat quand on parle de plus en plus de classe politique, de monde artistique ou de communauté religieuse.
Le basculement des classes sociales vers le communautarisme a malheureusement bien lieu mais uniquement pour les strates défavorisées de la population, processus entretenu et favorisé par les classes dirigeantes qui renforcent ainsi leurs prés carrés. Le pendant social du communautarisme est l’abandon complet de l’implication politique et syndicale, ce que ne peut qu’encourager graduellement les classes dominantes en détricotant tout le tissu national collectif au profit du monde économique dont ils détiennent les rênes.
A coup d’accommodements, de conciliations et d’arrangement entre amis, l’essentiel des autorités décisionnaires n’appartient plus que par cooptation à ces classes privilégiées.
Tout à fait d’accord avec Philippe Renève !
« Diviser pour régner »
Et il n’y a pas que le problème des religions : « jeunes » – « seniors », « hommes » – « femmes », « hétéros » – « homos », « public » – « privé », etc, etc, …
Et il est bien vrai que le programme du CNR était un programme de réconciliation nationale bien nécessaire suite à la profonde déchirure du peuple français.
Ce qui est curieux, c’est que, dans la frange libérale, on raille souvent ce système de solidarité et de répartition comme ne pouvant que favoriser un assistanat stérile.
Et d’opposer ainsi ainsi une société où chacun se prend en charge à une autre moquée comme l’émanation d’un « état_nounou ».
Mais curieusement, les gouvernements à programme « libéraux » n’ont-ils pas aussi leurs assistés ? Ne fournissent-ils pas à leur clientèle échappatoires fiscales, aides diverses.. dont on se demande finalement si, plutôt que d’encourager « l’investissement productif » on n’assiste pas plutôt à celui des jeux spéculatifs ?
Le libéralisme assiste… mais l’avoue rarement !
Le gouvernement des Etats Unis, quand il intervient dans la question sociale, se fait accuser de « crypto-communiste ».. par contre, lorsqu’il est subtilement protectionniste (derrière le paravent de barrières règlementaires diverses), lorsqu’il injecte de l’argent public dans le privé par le biais de commandes massives de matériel militaire, les Libéraux n’y trouvent rien à redire..
Par contre, assister des « Pauvres ».. Quelle horreur !
GB
Assister des pauvres, oui, quelle idée… Les USA ont résolu assez joliment ce problème en supposant a priori que les gens méritants et de valeur ont une situation financière forcément confortable. Un pauvre est donc a contrario un pauvre type incapable et stupide: pourquoi l’aider ?
Dans notre beau pays, toutes les polémiques récurrentes sur les chômeurs tricheurs, les pauvres asociaux, délinquants et profiteurs viennent petit à petit modifier les mentalités, et le citoyen lambda, ni riche ni pauvre, finit par penser que décidément ces pauvres méritent peu ou prou leur sort. Bande de feignants, vous n’avez qu’à travailler…
A la grande satisfaction de not’président qui l’admire beaucoup, l’américanisation des esprits est en marche…
l’assistance dans le libéralisme est une assistance des entreprises et des marchés et non des personnes.
cela provient vraissemblablement d’une pensée teintée de protestantisme: donner du pognon à des pauvres ne le fera pas fructifier. Donner du pognon à des entreprises créera de la richesse et profitera ainsi aux pauvres qui se bougent un peu le cul. (notion importante du « aide-toi, le ciel t’aidera » )
Bon bien sûr, en réalité, cela ne sert les intérêts que de certaines clastes.
Rien que pour embêter Philippe et lui redonner le mordant qui lui va si bien au teint… Le programme du CNR est aussi la base de l’édifice qui a abouti à la situation où nous nous trouvons 60 ans plus tard. N’oublions pas qu’en colmatant l’ancien système plutôt qu’en le mettant à terre , il a remis dans les mains des dirigeants économiques de ce pays les moyens qui leur permettront 60 ans plus tard de se passer de cet armistice socio politique et de le remettre en cause. On parle souvent de la honte du 10 juillet 40 et on ignore la volonté massive du patronat français que » les affaires » reprennent au plus tôt.Le rapport de force à la libération aurait permis d’aller beaucoup plus loin dans les nationalisations voire les expropriations : les procès pour collaboration se cantonnèrent souvent à des cas hors le monde économique, là où elle fut pourtant la règle. On peut considérer aussi que les acquis sociaux furent fort limités et que les concessions extorquées à la classe ouvrière furent de bien plus graves conséquences que celles que dut lâcher le patronat au risque de perdre bien plus.Les mouvements de grève jusqu’en 1948 montrent que le mécontentement et le sentiment d’injustice montait dans un monde ouvrier où la bureaucratie stalinienne jouait de tout son poids pour faire rentrer dans le rang les récalcitrants. Ne doit-on pas à cette époque le fleuron du slogan de trahison » la grève c’est l’arme des trusts » et les « il faut savoir finir une grève » Aujourd’hui de jeunes godelureaux de la politique et de la finance bling bling se réjouissent inconsidérément de la déconfiture des organisations traditionnelles, ils oublient combien leur survie ne fut due qu’à la présence » massive du PCF pour contrer et dévoyer les luttes des années cinquante et non à la force de leur système encore bien mal en point.Des observateurs s’étonnent de la rapidité et l’efficacité des mouvements de solidarité dans certains conflits qui d’atypiques deviennent de plus en plus la règle.Libérés du couvercle bureaucratique par la déliquescence des syndicats certains mouvements retrouvent tout naturellement la voie « normale » de leur expérience séculaire…Le dernier conflit des CONTINENTAL en fut un exemple. Ces mouvement surprennent par leur détermination et leur caractère imprévisible. Le monde libéral tout heureux de s’être débarrassé des organes et rouages mis en place par les signataires du programme CNR oublie leur… Lire la suite »
N’oublions pas le contexte de la reconstruction…
On a parlé en début de fil de la place du PCF dans le Conseil National.. en oubliant qu’il joua un rôle dans ces années de l’après-Libération, très important dans le maintien de la paix sociale. Les « Milices Patriotiques » calmèrent les ardeurs des FTPF qui auraient rêvé d’accélérer la venue du grand soir.. et les mineurs, lors de « la bataille du charbon » (nom officiel de cette campagne au sein du PCF) se dépensèrent, sans heures sup’, pour que le pays ne meurent pas de froid… Aucune grêve durant cette période où le concept « d’union nationale » ne fut pas un vain mot..
Les grêves de 1947 ? Désillusions de la classe ouvrière, lassitude à cause du maintien du rationnement mais aussi.. déclenchement de la Guerre Froide et adoption de la ligne dure « classe contre classe »..
GB
Pff Furtif ça ne m’embête même pas car je suis plutôt d’accord. Bien fait. 😆
Cela étant, déconstruire ce qui a été fait dans l’esprit du CNR est bien casser la solidarité institutionnalisée. Des mouvements spontanés prendront-ils le relais ? C’est une autre histoire, et je te trouve bien optimiste: quelques conflits emblématiques ne font pas le printemps… FIFA, TF1 et MP3 sont là pour endormir aussi bien les révoltes que la solidarité.
Tiens, regarde donc : on fait d’une histoire de baballe une affaire d’Etat pour occuper les pensées, canaliser les agressivités et les déceptions.
« Raymond Domenech devra s’expliquer devant l’Assemblée mercredi ».
Lamentable, non ? Grotesque, évident rideau de fumée. Mais le pire est que ça marche… 👿
Dire que le programme du CNR est à l’origine de la situation actuelle est abusif et ne tient pas compte, ni de la situation de la France en 1944, ni des 66 ans d’histoire qui se sont déroulés depuis l’élaboration de ce programme.
C’est un raccourci quelque peu orienté !
Tout d’abord le CNR regroupait la grande majorité des sensibilités politiques, du PCF sur lequel on insiste beaucoup (voire beaucoup trop par rapport à son action réelle) aux Radicaux, à l’Alliance Démocratique et la Fédération Républicaine, nettement à droite !
En aucun cas il n’était dominé par le PCF, ni même les Socialistes.
D’autre part c’est l’engagement dans la collaboration d’une grande partie du patronat français (Louis Renault, …) qui a discrédité ce dernier.
On trouve dans ce programme des acquis démocratiques : suffrage universel, liberté de conscience et d’expression, liberté d’association, de réunion et de manifestation, etc….
Des principes d’action : l’indépendance de la presse à l’égard de l’Etat et des puissances d’argent, l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi, le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des grandes banques, la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine, un plan complet de Sécurité sociale…
Les auteurs d’un tel programme n’avaient pas prévu que, soixante ans plus tard, dans un pays immensément plus riche, il existerait un revenu minimum d’insertion (RMI), des Restos du cœur, des sans domicile fixe (SDF) ; que la pauvreté, le chômage et la précarité seraient en pleine expansion, et que la majorité des grands médias français seraient entre les mains de marchands d’armes…
Finaël,
« Dire que le programme du CNR est à l’origine de la situation actuelle est abusif » : c’est bien vrai, mais personne ici ne dit ça… 😀
Pour ma part je faisais référence uniquement au volet « solidarité sociale » du programme, et rien d’autre. C’est bien lui qui a conduit à plusieurs décennies de politique plus ou moins sociale, et en tous cas à pérenniser ou créer des structures nationales comme l’assurance chômage, maladie ou le système de retraites.
Je me situais uniquement dans ce cadre, puisque c’est celui-ci que le dénommé Kessler veut déconstruire méthodiquement.
Bonjour,
Je répondais à Furtif qui le dit bel et bien.
Bonjour Finaël.
Bien, oui. Bel, c’est moins sûr ! 😉
Un peu mon neveu
C’est pour Finael
Dans le sens où le CNR est une convention entre deux partis la bourgeoisie et les représentants des organisations ouvrières
Il se trouve que les rênes de l’économie sont laissées et conservées à la classe qui s’était fourvoyées dans la collaboration économique. Ce sera un marché passé avec l’accord du PCF en contrepartie des acquis sociaux de la libération.
Très vite les travailleurs trouveront que le compte n’y était pas …Ils se lanceront dans des conflits contre la volonté affichée des directions ouvrières dont les slogans à l’esbroufe du PCF ne masqueront pas la volonté de statut quo maintenu par delà la phraséologie de la guerre froide . Ce sera » Produire d’abord » et solidarité nationale
Des dizaines de milliers de militants quitteront le PCF mais ce dernier conservera la direction effective de la classe ouvrière jusqu’en 1963 et la grève des mineurs où l’appareil s’arqueboutera à dévoyer la grève des mineurs et leur slogan unitaire « à Paris » . La même bureaucratie laissera De Gaulle imposer ses lois scélérates de la sécurité sociale sans réaction unifiée. Ce sera l’heure des grèves dans le désordre et des mots d’ordre diviseurs….Il faudra attendre les émeutes de Caen au début 68 pour lire la fin de contrôle sans partage du stalinisme en France…Les grèves de 68 se feront contre la volonté affichée de l’appareil…Les mouvements à l’Est et à l’Ouest du rideau de fer traçaient pourtant son destin.
C’est une interprétation.
A mon avis c’est beaucoup plus compliqué que ça.
Les organisations ouvrières sont les syndicats et non le Parti Communiste (qui regroupe à l’époque beaucoup d’intellectuels) et le programme du CNR est beaucoup plus qu’une « convention ».
Ensuite nous avons la reconstruction du pays (30% des habitations détruites, 70% de l’appareil productif), la Quatrième République, le plan Marshall, la décolonisation, les « événements » d’Algérie, le retour du Général de Gaulle et la Cinquième République.
Tout ceci n’a pas grand chose à voir avec le PCF et les différentes tendances et scissions qui s’y produisent.
Les différends mouvements sociaux commencent dès 1967 (grève à l’usine Rhodiaceta de Besançon s’étendant ensuite à tout le pays) et les affrontements de Caen ne peuvent guère être qualifiés « d’émeutes » à moins qu’on ne considère l’ensemble des mouvements de 1968 comme une révolution ! A cette époque, en tout état de cause, le PCF avait déjà perdu la plus grande partie de son influence.
Je crois que votre vision est biaisée par une interprétation très restrictive, et très orientée, d’événements beaucoup plus complexes.
Peu de gens savent par exemple que ni Staline ni ses successeurs ne tenaient à voir des partis communistes arriver au pouvoir à « l’ouest » et éventuellement fournir d’autres modèles que l’URSS. On se rend aussi peu compte des agissements de la CIA pourtant dévoilés depuis avec l’ouverture des archives.
En résumé votre explication me semble beaucoup trop simpliste pour comprendre une évolution s’étalant sur un quart de siècle.
Bonsoir Finael
………Peu de gens savent par exemple que ni Staline ni ses successeurs ne tenaient à voir des partis communistes arriver au pouvoir à « l’ouest » et éventuellement fournir d’autres modèles que l’URSS. On se rend aussi peu compte des agissements de la CIA pourtant dévoilés depuis avec l’ouverture des archives.
En résumé votre explication me semble beaucoup trop simpliste pour comprendre une évolution s’étalant sur un quart de siècle.
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Il est vrai que j’ai cherché à faire simple voire simpliste . Il n’est pas facile de faire passer la notion de « le compte n’y est pas » et celle des capacités inemployées de la classe en 45 . Bien des exigences qu’elle aurait pu imposer ont été passées à la trappe par refus de la direction du PCF d’une politique qui aurait pu y conduire.
Tout à fait d’accord avec votre peinture du stalinisme à l’ouest. Les scissions syndicales soutenues par la CIA ne furent pas que condamnées par Moscou…Il lui fallait contrôler la classe ouvrière en lui proposant une politique répondant apparemment à ses vœux , mais il ne fallait pas que ses succès en fassent un modèle pour les pays sous contrôle soviétique….
Je maintiens que le couvercle a été maintenu essentiellement par le stalinisme même si la formule est simpliste.