Du salon bleu au Vert Logis, le parcours incendiaire d’une pompe funèbre

Ça commence par une grossièreté d’un genre particulier, de celles qui sont prononcées avec le rire gras des convives quand ils sont assez chauds et qu’il est assez tard. Les enfants devraient être couchés ou ailleurs …enfin, passée une certaine heure, on en est plus à se préoccuper d’eux .

Il en fut un pourtant pour voler la fin d’une histoire interdite à ses oreilles; il n’en saisit que les derniers mots qu’il gardera plus de soixante ans sans comprendre. Pour la musique c’était en patois et pour les paroles ça donnait ça.

« Bonjour m’sieur le pharmacien »

« Bonjour madame »

« M’sieur le pharmacien, j’voudrais une pompe Japy avec une brinqueballe qui marche de même »

C’est maigre, hein ? Pourtant 60 ans plus tard, je l’ai ramené intact cet infime fragment. Je n’aurais pas dû l’entendre, je l’ai donc gardé. Si vous saviez la conséquence d’une interdiction prononcée par un proviseur d’internat d’avoir des livres !
La Grande Histoire, la vraie , celle des livres, n’est souvent pas mieux lotie. À l’origine elle est faite de ces fragments éparpillés, trouvés et conservés par de pieuses mains. Morceau par morceau, des acharnements dévoués reconstituent le tissu de la tapisserie des siècles. Notre mémoire fonctionne ainsi comme une ancienne bibliothèque aux rayonnages plus ou moins riches. Jusqu’à ces dernières semaines la mienne avait une étagère désertée, occupée par une unique vieille fiche cartonnée solitaire « Japy…brinqueballe »

Durant les années d’enfance, je transmis sans doute le gimmick « Japy brinqueballe » à mes frères et cousins, voisins et copains. Il leur plut sans doute , car il revint souvent quand, avec les filles,   nous jouions à la marchande. Il devint un objet curieux mais isolé, sans aucun lien avec quoi que ce soit. Ce fragment perdu dans le souvenir de ma vie d’enfant , à quel autre vie avait-il appartenu , de quelle poterie ancienne était-il le tesson ?

Nous le ressortions parfois sur les routes pierreuses et cahoteuses de nos balades à vélo, soit pour pompe soit, pour brinqueballe. Quand nous jouions avec la brouette au temps où elles n’avaient pas de pneu. L’âge venant avec ses jeux différents il tomba en désuétude. Adolescent quand nous commençâmes à boire un peu, si l’un d’entre nous tremblait un peu du verre, « brinqueballe » revenait avec ou sans Japy. Ça ne faisait rire personne hormis les initiés du private joke.

Brinqueballe vous connaissez, c’est ce que qui tressaute de ci de là, d’un coté à l’autre.
Pompe Japy ? Enfant, je ne connaissais rien des pompes et l’avenir m’éloigna des apprentissages en hydraulique. Japy ? Le nom m’était totalement inconnu et je crus jusqu’au bout qu’il appartenait à l’histoire grivoise jusque dans sa sonorité. Vingt ans plus tard j’entrais une ou deux fois dans une « Salle Japy » dans le 11è. J’y vis une relation avec l’histoire du mouvement ouvrier : la fiche « Japy brinqueballe » dans l’ombre n’eut même pas un frémissement. Rangée dans le registre fesses grivoises, elle n’avait rien qui accrochât l’histoire , la vraie , la Grande.
Elle ne se plaignait pas, elle savait son destin : disparaître avec moi, s’évanouir comme le patrimoine de nos mémoires est appelé à s’évanouir.
Et puis………
Bin, non.
Pas cette fois ci
Le mois dernier je consultais, comme je le fais souvent quand je suis un peu las des complexités du Bas Empire, les éphémérides . C’est mon vice à moi.

En novembre 1909 , se tint à Paris un procès au retentissement mondial.

♫ Ah les p’tites femmes , les p’tites femmes de Paris♫

Un mot, un nom explosa sous mes yeux. Madame Steinheil née Japy !

Mais commençons par le début, 40 ans plus tôt.
La petite Marguerite vient au monde à Beaucourt en 1869 sur le territoire de Belfort. Elle appartient à une riche et puissante famille protestante dont la fortune vient des activités industrielles, notamment la fabrication de pompes renommées.

Un peu mon neveu qu’elles sont renommées les pompes de la famille Japy !

Les Japy sont plus ou moins liés ou alliés ou en relations avec la famille Peugeot. La petite Margot grandit en taille et en beauté jusqu’à cette année de 1886 où ses parents la lancent dans le monde. Comme nous sommes en zone frontière, les bals de garnisons ne manquent pas. Dire qu’elle est belle est bien peu, elle est éblouissante, raffinée, irrésistible. Elle a étudié le violon et le piano, elle monte à cheval. Elle fait des ravages, mais à cette tombola elle est aussi le lot.

Mauvais pioche, encore un peu gourdasse elle se laisse séduire par le jeune lieutenant Scheffer. Sans fortune et sans grand avenir, nous le retrouverons vingt ans plus tard seulement capitaine. Edouard, le père de Marguerite ne veut rien savoir. Les pleurs et les cris se mêlent aux supplications et aux appels à la raison. Il n’y a pas de doute, nous avons là la scène fondatrice. Nous sommes dans un milieu où il n’est pas question de se laisser aller à ce que l’on appelle : les élans du cœur. Comme à chaque fois, dans ces cas là dans ce monde, on a abordé la réalité des choses : du coût de l’entretien d’une jeune femme habituée à un certain train de vie. On parle capital, on parle rente.
Si elle en croit son miroir, Marguerite dispose d’un certain capital. Elle compte bien en disposer à sa guise puisqu’on lui refuse d’en laisser la jouissance à son sémillant lieutenant. Tout est dit, les cadeaux et les lettres sont rendus. Le tourbillon des bals ne connaissant pas d’interruption, sa cote monte, son auto-estimation progresse jusqu’à ce que les parents décident de l’envoyer, comme la dernière fille perdue de réputation, lui faire prendre l’air chez sa sœur mariée à Bayonne.

Nous sommes en 1889.
Bayonne à la fin du 19è siècle c’est bien autre chose que Montbéliard Belfort, c’est l’endroit le plus rupin, le plus élégant du monde depuis que l’empereur en a fait la station la plus courue 20 ans plus tôt. Bayonne c’est Biarritz , ses désœuvrés , ses fortunes gigantesques, ses femmes du monde et ses demi-mondaines. Pour Marguerite une promotion inespérée en 1ère division, la grande classe  internationale. La IIIè République veille à ne pas rompre trop brutalement avec les traditions impériales, les cocottes y veillent aussi. Une  transmission du patrimoine en quelque sorte. Si on n’a pas tous les jours de la tête couronnée, on a du ministre et du prince russe en pagaille mélangés aux artistes en mal de mécène. Les dames de compagnie, les gouvernantes et les secrétaires abondent, mêlés au petit personnel : bonnes d’enfant, valets de chambre, chauffeurs, etc. … À tout ce petit monde il faut ajouter les employés des restaurants et palaces. Comme on ne peut pas passer sa vie à table ou au lit, le point central de cette vie mondaine est le casino. On y va pour jouer, on y va pour voir jouer, on y va pour y paraître. On y va pour gagner on y va pour perdre. Le suicide est un moment obligé de la saison, il en fait la gloire , la renommée . On meurt à Biarritz comme on meurt à Venise, l’épidémie en moins. Les femmes y jouent leur fortune et leur réputation. Elles se donnent, elles se font désirer, elles se vendent. Et tous ces gens dirigent le monde.

À peine arrivée,  Marguerite chaperonnée par sa sœur, se lance dans les travaux pratiques de la jeune fille avertie en milieu rupin. La chasse est ouverte. Pas de bol,  elle lève un perdreau pas tout à fait de l’année : le neveu du peintre officiel de la IIIè, le Pape du Pompier, Meyssonier. Le neveu est beaucoup moins coté que l’oncle mais son nom ouvre bien des portes. Sa sœur, refusant de la garder plus longtemps en pension à domicile, sous le même toit que son mari, saute sur l’occasion.Il faut marier Marguerite. Celle-ci regimbe un peu mais en juillet 1890 c’est fait. Marguerite devient Marguerite Steinheil au temple protestant de Beaucourt.

Elle a vingt ans, il en a quarante.

Un peintre de deuxième  zone avec assez peu de talent et assez peu de cote sur le marché, ce n’est pas exactement ce dont elle avait rêvé. De plus, l’addiction qu’on lui prête aux produits opiacés expliquerait qu’après la naissance assez rapide d’une fille, les relations intimes du couple aient pris un cours nouveau basé sur une certaine modernité et un esprit d’entreprise bien compris.
Marguerite se fait appeler Meg ce qui est plus tendance à une époque où le prince de Galles fait les beaux jours des nuits parisiennes. Elle devient très vite une figure importante de la vie « people ». Toute la bonne société, Gounod, Lesseps, Massenet, Coppée, Zola , Loti, le Prince de Galles se bouscule dans son salon de l’impasse Ronsin . Tout ce petit monde agit en réseau pour le plus grand bien des commandes passées à Adolphe Steinheil. On peut sans se tromper affirmer que sa notoriété artistique est proportionnelle à la taille de ses bois. De son coté Meg organise ses bousculades en faisant l’acquisition d’un pavillon à l’écart, discret et de bon gout, près de Versailles : le Vert Logis. Tout est une question de planning et de sélection sur la liste. Le plombier zingueur du coin n’a évidemment aucune chance. L’humanitaire mondain devra attendre un bon siècle. Grâce aux généreux donateurs conjugués aux généreux mécènes, le couple Steinheil vivote sous la bienveillance de ses sponsors. Mais ce n’est pas la gloire. Il faudra un hasard de forte pointure pour que le couple, soit invité chez un « ami » de Meg,  juge d’instruction, commandant de réserve à Chamonix qui a demandé à son Général de se faire accompagner par le couple Steinheil.

1897.  Une fois encore c’est l’Empereur qui avait lancé la mode des séjours à la montagne et des randonnées au grand air
Comme par hasard le président Félix Faure est là, pour finaliser un projet de chemin de fer dont les habitants ne voulaient sous aucun prétexte. Pressions administratives de toutes sortes et passe droits ont été nécessaires pour, comme disent les grands fonctionnaires de l’Etat, désenclaver la vallée et l’ouvrir au progrès. Meg est de la cérémonie et Félix tombe sous le charme. Le Juge recevra une décoration et une très importante commande d’état sera passée à Steinheil . C’est comme ça que Félix Faure devient un habitué de l’impasse Ronsin. Le Destin est souvent moqueur. Félix Faure l’ancien tanneur ne fut-il pas l’élève de l’école professionnelle Pompée ? Son gout pour le faste l’avait fait surnommer le Président Soleil. D’aucun prétendent que, comme le grand roi, son gout pour les maitresses lui faisait mériter ce surnom. Les informations sur la plastique et les talents reconnus de Meg circulent dans les milieux autorisés de la place de Paris. Elles aident à comprendre la suite des évènements. Félix Faure ne peut plus s’en passer. Maitresse quasi-officielle elle est de toutes les fêtes. Si elle mélange les mots et les titres comme le fera une autre courtisane ce n’est pas par lapsus. On la couvre de cadeaux. Diamants et perles la récompensent. Elle est logée dans une villa proche lors d’un voyage présidentiel au Havre. La notoriété de la dame atteint des sommets. Elle n’a pas trente ans.  Le couple Steinheil voulut-il imiter le couple Jeumont de leur ami Zola, personnages de son roman l’Argent paru 8 ans plus tôt ?

Le 16 février 1899 après un conseil des ministres orageux, le gouvernement est empêtré dans l’affaire Dreyfus, Félix doit subir les interventions en faveur du capitaine du Prince Albert de Monaco et du cardinal Richard. Tous deux s’accorderont plus tard à souligner combien le Président, 58 ans encore bel homme, était pressé d’écourter les entretiens. Elle était là , elle attendait au salon bleu. Sitôt les fâcheux dans la cour, un grand verre d’aphrodisiaque à base de quinquina et hop . Le matin pourtant, il a confié à son chef de cabinet Le Gall avoir ressenti une grande douleur à l’arrière de la nuque. Tout émoustillé, sans prudence, il file au salon bleu. Cette fois ci Le Gall est témoin d’emportements un peu plus excessifs puisque des cris traversent les portes capitonnées. La dame mérite bien sa réputation. Oui mais le silence se fait et incongru, il persiste. Cessant de rire Le Gall ose ouvrir et tombe sur le président couché au sol, en flanelle, les mains crispées dans la chevelure de sa maitresse vêtue d’encore moins de costume. La dame y laissera quelques mèches et un corset que le chef de cabinet, selon la légende, conservera en souvenir. Exit la dame.
On réveille Madame Faure qui dort tout près. C’est l’heure des phrases célèbres.

Madame Faure fait venir un prêtre :

« Le président a-t-il toujours sa connaissance ? »

—Non elle est sortie par la petite porte .

La pompe funèbre pour une Japy, quelle enseigne !
Celle de Clémenceau  :

« Il voulait être César il ne fut que Pompée »
« Faure est retourné au néant, il a dû se sentir chez lui »

La Dame évitera de se présenter aux obsèques du 23 février. Bien lui en prit, si on se rappelle que Déroulède profita de la cérémonie pour tenter un coup d’état.

Au président mort on trouva vite un successeur au service de la rayonnante académie de la Dame. Bin oui la vie continue…  Il s’appelait Chouanard, il était  président des forges de Vulcain . Il précéda un riche veuf Borderel … Si elle continua ses fructueuses et tumultueuses activités elle ne figura plus sur les gazettes.

On ne l’y rencontra  plus jusqu’au week end de Pentecôte le 31 mai 1908.

 

Presque 10 ans plus tard impasse Ronsin Pentecôte 1908

Le valet Couillard quitte sa chambre sous les combles du 6 impasse Ronsin. Arrivé au palier du premier, une surprise l’attend, la porte de la chambre de la fille Marthe est ouverte alors qu’elle est absente. Il y découvre Meg Steinheil étendue, la chemise sur la tête, dans un appareil assez simple , attachée par les quatre membres au barreaux du lit . Fort ému par le spectacle de la plus belle femme de Paris, le valet Couillard délivre sa maitresse qui, elle,  ôte ostensiblement le tampon de ouate qui lui obstrue la bouche.

-Depuis 6 heures , dira-t-elle.

Couillard descend au rez-de-chaussée, découvre son maitre couché en chien de fusil, mort, étranglé par une cordelette. Il pénètre dans la chambre de la mère de Meg,  Madame Japy: morte elle aussi bâillonnée et étouffée.

Couillard appelle la police.

Très curieusement, en ce jour de fête, le commissaire du quartier se trouve immédiatement dessaisi.  C’est le chef de la Sûreté, M. Hamard, qui se rend sur les lieux . Un chef de la Sûreté, en personne pour un banal fait divers ? Avec lui se déplacent un inspecteur de la criminelle , un brigadier, un sous-brigadier et quatre inspecteurs. On trouve aussi une flopée d’agents dans la rue . On interroge immédiatement la « survivante », puis le valet de chambre qui n’a rien vu et qui conforte la version de sa maitresse.

« Des cambrioleurs qui la prenaient pour sa fille en raison de son apparente jeunesse «  selon ses dires » lui ont demandé sous la menace de leur donner l’argent d’une prétendue vente de tableaux de son mari. Trois hommes vêtus  de la cape noire des lévites et une femme rousse, elle aussi en noir, la plus menaçante du groupe. »

Comme rien n’a apparemment été dérobé, l’explication ne tient guère et le tampon étouffant la belle Meg se révèle à l’examen  sans aucune trace de salive. Malgré les incohérences du témoignage de l’émouvante victime, connaissant  les relations de la miraculée et lui supposant des appuis puissants, le commissaire et le juge d’instruction concluent au cambriolage et au crime crapuleux.

Les choses en seraient restées là si un journaliste du Figaro n’avait fait sérieusement son enquête et découvert que le témoignage de Meg n’était qu’un tissu de mensonges, pire que ça, une récitation d’un fait divers survenu tout près de chez Marguerite, chez des aubergistes de sa région. Issue par sa mère née Rau d’une famille d’aubergistes , la jeune Marguerite Japy connaissait parfaitement l’histoire des assassins cambrioleurs du Lyon rouge à Montbéliard. Les capes noires, la femme rousse et d’autres détails, tout y est. Elle leur a tout servi. De plus, le journaliste révèle que le juge d’instruction Leydet est un ancien habitué de l’impasse Ronsin.

Il est vrai que Meg pousse un peu. Pas plus que pour Félix Faure elle n’a honoré de sa présence les funérailles de son mari, ni même celles de sa mère. L’enquête officielle est rouverte. On la confie à un certain André.  Meg multiplie les fausses pistes et les fausses déclarations, elle fabrique de fausses preuves visant à incriminer Couillard, son valet, puis le fils de sa gouvernante. Le nouveau juge découvre que le couple était au bord de l’explosion, pour raisons financières aussi.  André découvre que le petit Lieutenant n’était pas encore oublié et que pour cela Meg, vingt après, en veut toujours à sa mère. Les tergiversations de Meg, qui écrit ses délires aux journaux, tournent mal quand se dressent contre elle, après le Figaro, le Petit Journal le plus fort tirage du monde. Meg est inculpée et incarcérée à la prison Saint Lazare  d’où l’on passe au Palais de Justice par un couloir souterrain. Elle passe de son histoire de trois barbus en noir  à des comédiens d’un théâtre hébreu et de supposés comploteurs juifs qui auraient voulu récupérer des papiers ayant appartenu à Félix Faure. L’Allemagne serait derrière tout ça.

Nous arrivons à ce qui m’a conduit à reprendre l’histoire de Meg que j’avais simplement évoquée il y a trois ans sur Maboul. C’est en lisant l’éphéméride de novembre …que j’appris son Nom. Japy. Le 3 Novembre 1909 , dix huit mois après les faits s’ouvre le procès de la Veuve rouge aux assises de la Seine. Madame Steinheil née Japy , madame Japy mère…mais mais mais ?

Instantanément, casier OOO1 étagère 03 placard gaudriole et grivoiseries. ! Euréka:  « Japy les pompes », « il ne fut que Pompé(e) », « la pompe funèbre »….

Je ne sais pas pour vous mais pour moi ça se passe souvent comme ça; la mémoire

 

L’accusation soutient qu’elle a tué Steinheil. Le mariage espéré avec  Borderel serait le mobile. La presse fait ses choux gras de la Bovary de Montparnasse, de la Sarah Bernard des Assises. Elle se révèle une actrice redoutable, capable de mettre en échec les enquêteurs et les juges. Elle fait donner toute sa palette de gestes, d’intonations et de regards. Le tribunal se montre incapable d’expliquer et encore moins de prouver comment elle aurait pu s’y prendre pour étrangler un homme comme son mari, tuer sa propre mère et s’attacher toute seule sur le lit de sa fille. Les incohérences de ses déclarations successives ont fait perdre le fil aux enquêteurs. Ils n’ont rien à opposer à la défense qui facilement montre que l’accusation n’a ni preuve, ni mobile et encore moins de témoin.

Le 13 novembre le jury se retire pour délibérer, il lui faudra moins de trois heures pour acquitter l’accusée par 7 voix contre 5. En un final éblouissant Meg s’évanouit dans les bras de son avocat sous les applaudissements de la salle. La petite fille des pompes Japy n’a pas fini sa course jusqu’aux étoiles

« Une pompe Japy avec une brinqueballe qui marche de même » je sais maintenant d’où vient l’histoire entendue un soir de fièvre au bord de la cheminée. Elle ne venait  pas de mon père ni même de mon grand-père, même si c’est ce dernier qui l’a transmise. Une histoire de  pompeuse émérite et de grosses farces obscènes  dans les casernements désespérés de la guerre de 14 .

Au moment où la vie lui offre la dimension  mythique des personnages de roman, où sa beauté intacte la range en rivale heureuse de la Dame aux cattleyas. Madame veuve Steinheil, désormais libre, échoue. Un peu échaudé malgré l’acquittement, Borderel l’amant officiel  ne l’épouse pas. Harcelée par les échotiers ancêtres des paparazzis Meg s’exile en Angleterre où elle se fait appeler Madame de  Sérignac. Là bas, en 1912, elle publie des mémoires où elle produit une énième version des faits. « Les services » auraient commis le cambriolage pour récupérer les papiers de Félix Faure; surpris par Steinheil ils auraient tué le mari et la belle mère. Il est vrai que la maman aurait dû quitter la maison la veille. Son départ repoussé  au lendemain le gendre  était resté de bonne foi au domicile conjugal. Sans ce contre temps la maison n’aurait dû abriter ce soir là que Meg et le Valet de chambre sous les combles.

Y aurait-il eu confusion dans le planning ?

Une autre version produite en 1983 par Armand Lanoux veut que n’ayant pas été averti du contre temps, un prince russe taillé en hercule, tout enflammé, soit tombé inopinément sur le mari, qu’il l’ait saisi un peu fort au cou et que la belle mère, témoin, en  ait avalé son dentier de peur. Les services seraient alors intervenus pour jouer les nettoyeurs et auraient maquillé « l’accident », mettant en jeu un si important personnage, en cambriolage crapuleux. En 1909 on ne rigole pas avec l’alliance Russe.

La réfugiée doit avoir conservé tous ses charmes car en 1917 elle épouse un lord , Sir Robert Brook Campbell Scarlett 6è baron d’ Abinger. C’est à son bras qu’elle franchira les portes du palais de Buckingham où elle sera invitée. À nouveau veuve en 1927 elle emportera ses secrets dans la mort survenue ne 1954. Finir en Scarlett pour une veuve rouge!

Elle vivait encore quand on raconta devant moi son histoire.

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UN compte rendu de la 8è journée du procès où l’on retrouve le fiancé des débuts la page est un peu longue à charger

Le couple Jeumont et l’accueil du site

La Dame aux Cattleyas

Un blog très personnel et très intéressant : on avait écarté les chiens

Une incroyable trouvaille une vidéo de son mariage

Un autre transcription du procès

L’impasse Ronsin

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10 Commentaires
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Buster
Membre
Buster
14 novembre 2011 9 h 44 min

Merci Furtif !
.
A défaut de pouvoir faire avancer la vérité sur les tragiques évènements de l’impasse Ronsin, nous en apprenons plus ici sur le fonctionnement des pompes Japy.
– Les pompes manuelles,
– les rotatives ou à balancier,
– Les pompes à piston, à membrane..
– Les pompes vide-futs..
.
Que de belles techniques !
.
Ces pompes sont toujours fabriquées, selon les mêmes principes. Elles fonctionnent pour le plus grand bonheur de tous les Pompé(e)s du monde.
Alimentant sans doute de nombreux Pipe-Line.
.
Pompes Japy, Entreprise du Patrimoine Vivant
« Pompes Japy porte avec fierté le label Entreprise du Patrimoine Vivant. Ce label EPV est une marque du Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, mis en place pour distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence. « 

Léon
Léon
14 novembre 2011 11 h 19 min

Je ne connaissais qu’une partie de cette histoire assez hors du commun. Du bon boulot, Furtif ! Bravo.
Mais je tiens à signaler que cet article comporte des propos racistes anti-russes absolument scandaleux. Je me suis plaint au MRAP et à SOS-Racisme qui m’ont répondu « qu’ils ne faisaient pas les Russes ». A qui m’adresser ?

Causette
Causette
14 novembre 2011 15 h 05 min

Madame Steinheil trônaient dans le salon Berthelot du musée du Luxembourg jusqu’en 1984, année où elle partit au musée d’Orsay.

Avant chaque séance, les sénateurs ne pouvaient s’empêcher de lui caresser le sein gauche – qui portait bonheur. D’autres rêvaient d’enlever cette beauté et de la posséder 🙄

Léon
Léon
15 novembre 2011 9 h 55 min

Furtif, il faut absolument que tu intègres cette statue à l’intérieur de ton article. On comprend un peu mieux l’intérêt qu’elle suscitait à l’époque !

Buster
Membre
Buster
15 novembre 2011 10 h 27 min
Reply to  Léon

Voir ICI 4 articles (en fin de page) sur l’histoire de cette statue dont le modèle n’est sans doute pas Madame Steinheil :
« Le modèle de la divinité – un croquis montre une jeune femme posant sur un banc dans l’atelier (RF 51939 – f°29 verso) – serait Marguerite Steinheil, la fameuse connaissance du président Félix Faure. Du moins le murmurera-t-on plus tard après que le procès de cette dernière pour le double meurtre de sa mère et de son mari défraie la chronique en novembre 1909. Effectivement, la rumeur bénéficie d’une double actualité : parallèlement à cette affaire judiciaire, l’État acquiert la statue polychrome et la dépose au palais du Sénat le 4 janvier 1910. Quelques facétieux sénateurs, notant une légère ressemblance avec la sulfureuse veuve, prennent alors l’habitude de surnommer l’effigie de bronze Madame Steinheil. Ainsi le bruit se répand-il… Mais peu importe la personnalité du modèle (5) ! Ici prime le motif « d’une incontestable originalité et du plus gracieux caractère » »
« (5) Bien que l’allégation soit fort improbable, Marguerite Steinheil (1869-1954) aurait matériellement pu poser pour la statue du Salon de 1893. Cependant, Jean Hugues songe à sa figure depuis 1881 ; or Marguerite Steinheil n’a alors que 12 ans ! »

Léon
Léon
15 novembre 2011 10 h 36 min

Quelle déception… 😥

Lapa
Administrateur
Lapa
15 novembre 2011 11 h 35 min

ah bah c’est du propre tout ça!