L’Education nationale, une Institution qui génère l’injustice.

« La moitié du mal que l’on fait en ce monde est dû aux gens qui veulent se sentir importants. Ils ne veulent pas faire le mal – mais le mal leur est indifférent. Ou bien ils ne le voient pas, ou bien ils le justifient, parce qu’ils sont absorbés dans un interminable effort pour penser du bien d’eux-mêmes. » – T. S. Eliot

L’administration de l’Education Nationale  fonctionne-t-elle sur un système bien rodé pour ne pas défendre les victimes : enseignants harcelés par leur chef ou des élèves, enfants victimes de pédophiles avant la législation de 1998 ou de la violence de leurs pairs et où l’on ne sanctionne pas les responsables de l’omerta (directeurs d’établissement, inspecteurs, recteurs) sur les faits de violence? Eu égard au mauvais classement de la France dans la dernière enquête Pisa, on peut se demander pourquoi l’école publique est le lieu de toutes les violences et à quoi servent les décrets et circulaires?

La circulaire de mars 2014 concernant tous les secteurs de la fonction publique sera-t-elle accompagnée de moyens concrets, dont une formation complète des cadres administratifs à la place du recyclage d’une bonne partie constituée d’enseignants en perdition, comme cela se produit dans l’Éducation Nationale depuis fort longtemps?

Entre 1977 et 1997, l’inspection académique et le Rectorat de Rouen avaient eu  la même attitude que récemment les cadres de la police anglaise à Roherham dans ce drame de l’enfance  qui s’est déroulé successivement dans deux villages voisins de l’Eure.

Ils ont laissé un pervers détruire la vie de centaines d’enfants durant plus de 20 ans dans les deux écoles et pendant leur vie entière.

« Une lourde peine qui permet de mieux taire la responsabilité de l’institution, dit Francis Terquem, avocat de parties civiles. Ce procès a montré les mécanismes de silence corporatistes de l’Education nationale. Il a montré que la défense de l’institution justifie que l’on sacrifie des enfants.» Libération.

http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2007-01-22/ces-nouveaux-temoins-qui-accablent-marcel-lechien/920/0/68642

Jean-Yves Cendrey ayant reçu les confidences d’une ancienne élève puis d’une autre, est allé confronter aux accusations l’instituteur Marcel Lechien  à son domicile avant de l’ accompagner au commissariat. Les enfants des écrivains Jean-Yves Cendrey et de sa compagne Marie N’Diaye (prix Femina en 2001 pour Rosie Carpe, et le prix Goncourt en 2009 pour Trois Femmes puissantes) fréquentaient l’école primaire.

Suite à la mise en examen de l’instituteur, la famille Cendray-N’Diaye qui n’était pas originaire du village fut contrainte de quitter la région. Ils subissaient un harcèlement de la part d’une partie de la population qui défendait le violeur.

Lors du premier, procès on apprit que deux familles des victimes avaient déjà fait depuis longtemps un signalement, faits confirmés lors de l’audition de la psychologue scolaire, épouse de l’inspecteur !

C’est à la suite de l’affaire d’Outreau que fut votée la circulaire de 1998 à l’initiative de Ségolène Royal. Dans cette loi, on rend passible d’une peine de prison toute personne ayant connaissance de violences subies par un enfant mineur et ne les signalant pas.

Dès la mise en examen de l’instituteur en 2001, pour redorer le blason de l’Éducation Nationale se trouvant à égalité dans cette affaire avec la hiérarchie catholique dissimulant  sur plusieurs continents les actes de centaines de prêtres violeurs, les cadres administratifs furent invités à faire du zèle en s’appuyant sur cette circulaire.

Il est important de rappeler qu’une bonne moitié des cadres administratifs sont des étudiants ayant échoué au capes, ou ayant peur d’enseigner mais aussi des enseignants titulaires en dépression ou en incapacité donc orientés vers la carrière administrative. On peut imaginer ce que cela donne,  après quelques mois de stage sans aucun cours de niveau universitaire, de placer une personne en échec professionnel à la direction d’un collège, ou au poste de Conseiller d’Éducation, sans que leur cursus universitaire les ait préparés à gérer des enfants et adolescents,  et en plus des adultes !

Les effets des accusations pour la plupart non-fondées furent fulgurants : il y eut des suicides en nombre bien plus important que ceux annoncés par la FAS-USU (Autonome de Solidarité des enseignants), les personnels les plus touchés étant les profs de sport. Plusieurs d’entre eux furent innocentés après leur décès (suite à une convocation au poste de police ou au tribunal).

Une journaliste, Marie-Dominique Robin enquêta sur un certain nombre de cas et publia L’école du soupçon : Les dérives de la lutte contre la pédophilie, LA DÉCOUVERTE, 2006. Chapitre 6 : « La parole de l’enfant en question ».

Certains cas se sont révélés positifs mais des centaines de personnes n’étant en rien concernées ont vu leur vie brisée. En filigrane, l’enquête qui donne la parole à des enseignants accusés sans fondement, propose également une réflexion sur l’école et l’éducation, les relations entre enfants, adultes et adolescents ainsi qu’au rapport au corps de l’autre.

Dans un autre contexte, celui des réformes et du manque de considération à l’égard des enseignants, voici pour conclure le témoignage d’un professeur de lycée technologique.

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D. Furtif
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D. Furtif
1 septembre 2014 14 h 17 min

Il fallait impérativement détourner les regards de la pédophilie ecclésiastique , Sego la Haine offrit le corps enseignant comme bouc émissaire…
Elle en fut remerciée selon ses mérites.

Léon
Léon
1 septembre 2014 18 h 43 min

Je trouve cette question extrêmement difficile : on a le choix entre l’impunité pour des actes inacceptables de la part d’éducateurs ou les bavures et dérives du soupçon systématique. Très franchement, je ne sais comment mettre le curseur au bon niveau. Car si dans l’enquête citée il y a beaucoup d’enseignants accusés à tort, cela ne doit pas faire oublier les cas qui se sont révélés fondés. Ne jamais oublier ceci : que les personnes aux tendances pédophiles choisissent des métiers qui les mettent en contact avec les enfants, avec une préférence pour les fonctions qui bénéficient le plus de l’impunité. Dans cette hiérarchie, la fonction religieuse, ecclésiastique, vient en premier (enfin, venait, car la chose désormais se sait) Mais le métier d’instituteur, jusqu’à cette prise de conscience, était aussi une bonne « couverture ».