La musique dans la tête…

La possibilité qu’ont les musiciens d’entendre la musique rien qu’en regardant la partition ou en visualisant leur instrument, se révèle particulièrement utile dans de nombreuses circonstances, en particulier extrêmes, lorsque l’accès aux sons est impossible.

On pense évidemment à des musiciens devenus sourds comme Beethoven.  Et ce qu’il a réussi à écrire ou même à percevoir de l’exécution de ses musiques est proprement stupéfiant, car contrairement à la cécité dont une partie des conséquences peut être atténuée par le développement d’autres sens comme l’ouïe ou le toucher, on n’imagine pas ce qui pourrait compenser la surdité : peut-on imaginer pour la musique quelque chose d’équivalent à la lecture sur les lèvres des sourds et malentendants pour la parole ? Il est probable qu’un pianiste devenu sourd arriverait, dans une certaine mesure, à entendre une musique en regardant les mains d’un autre pianiste jouer sur un clavier, mais je ne sais pas si l’on a pu observer cela… D’ailleurs Beethoven a dû finir par renoncer à diriger l’exécution de ses musiques après une multiplication d’erreurs et d’expériences malheureuses. On rapporte ainsi que la première exécution de sa 7e symphonie fut très chaotique, le Maître s’étant trouvé en avance de plusieurs mesures, plongeant l’orchestre dans une grande pagaille.

J’ai été très surpris d’apprendre, également, que même les instrumentistes pouvaient répéter uniquement en lisant la partition, et pas seulement pour la mémoriser semble-t-il. Hélène Grimaud raconte ainsi comment au cours de ses voyages, en avion ou en train, elle « travaille »ses morceaux uniquement à partir de la partition…

Je me souviens aussi du cas de ce pianiste Argentin, Miguel Angel Estrella à qui on avait autorisé, (cela se passait dans les années 1980), un clavier muet dans la cellule où il avait été emprisonné en Uruguay à la demande de la junte argentine. J’avais eu une discussion avec d’autres musiciens à ce propos : devait-on considérer cela comme une faveur, une mesure  humanitaire vis à vis d’un pianiste virtuose, ou comme une torture psychologique supplémentaire ?
Je me rends compte aujourd’hui, que seul le pianiste lui-même pouvait répondre, et je suppose que cela dépendait de sa capacité à entendre dans sa tête les sons virtuels de son clavier muet….

Photo du clavier muet dont se servait Miguel Angel Estrella en prison.

A signaler :  Un article très intéressant sur la surdité de Beethoven et sa musique.

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4 Commentaires
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ranta
ranta
19 mai 2012 7 h 51 min

Un article qui m’interpelle.

Ca va en faire rire certains je suppose mais c’est une expérience que je fais régulièrement en…. dormant. A chaque fois je me réveille juste après et suffisamment assez pour m’en souvenir très clairement. C’est à chaque fois la même chose : une partition qui défile sous mes yeux et j’entends un son très, très pur, cristallin. Je suis toujours absolument certain que ce je j’entends est bel et bien ce qui est écrit. A l’état éveillé j’en suis totalement incapable mais ces rêves sont si intensément réels que je suis à chaque fois très troublé. Comble de l’ironie, moi qui ai le plus grand mal avec la musique savante il s’agit de pièces la concernant, et des pièces que je n’ai jamais entendues auparavant.

Voilà, vous pouvez vous marrer.

iskender
iskender
19 mai 2012 10 h 58 min

Gabriel Fauré était sourd aussi.

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
19 mai 2012 11 h 05 min

Vain Dieu c’était il y a longtemps.
Bernard Gavoty qui souffrait lui aussi d’une surdité partielle due à une agression selon une légende Yéyé/télé7 jours, tentait d’expliquer sur la Chaine unique que mordant une règle métallique et plaçant son autre extrémité sur la table du piano Beethoven pouvait avoir une vague idée de la restitution sonore de ses oeuvres.
Bernard lui même était très dubitatif
….
Allez je vous explique.
Bernard Gavoty vint un soir de concert dire tout le mal qu’il pensait d’un interprétation à l’interprète sortant de scène.Ce dernier outré lui colla une baffe qui rendit infirme notre bon Bernard.Scandale , procès.
Je le retrouvait 15 ans plus tard en présentateur Star du premier festival de Poitiers.Nous étions dans la grande salle du Palais de Justice que je vous invite à visiter, au plus vite , car si on observe ce que les municipalités ont fait( et continuent) depuis plus d’un siècle du patrimoine archéologique de la ville , on ne peut qu’être inquiet.
Notre Bernard passa dix bonnes minutes à se gausser du festival voisin de Royan.Tout le Poitiers bleu marine s’esclaffa.Cette scène est restée dans mon souvenir , car , assez peu bleu marine comme d’aucunes pourront vous l’assurer je partageais leurs moqueries.

avocat divorce
avocat divorce
19 mai 2012 16 h 16 min

Comme les danseuses classiques avec leurs doigts, quand elles se remémorent leur chorégraphie. Bise 🙂
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NDLR
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