Le fête des impairs

Pour un papa, évidemment la fête de pères c’est toujours un peu spécial.

Il y a la maman, qui va pouvoir savourer une belle revanche quand les magnifiques œuvres des enfants seront déballées. Elle qui avait eu  droit au résultat improbable issu de le rencontre entre  l’imagination débordante de la maitresse et les extraordinaires capacités  artistiques de ses enfants quinze jours auparavant.

Il y a les enfants, toujours excités et incapables généralement de tenir un semblant de secret bien hypocrite.

Et il y a moi, qui se demande sur quoi il va bien pouvoir s’extasier cette année.

L’année dernière j’avais eu le droit un magnifique presse-papier (c’est du moins l’utilité que j’avais trouvé à la chose après quelques réflexions) fait en pâte à modeler vernie représentant une tête, genre M. Patate, avec les yeux, la bouche, le nez. Les cheveux étaient habilement simulés par des coquillettes vernies plantées ça et là au sommet du crâne. A côté, Koons pouvait aller se rhabiller.

Mais ce qui m’avait le plus marqué c’était le petit mot. Pour chaque fête, il y  a un petit mot, une poésie vague d’un auteur inconnu ou de google. Avant, on appelait cela un compliment. Pour une maman, on lui dit combien elle est belle et combien on l’aime avec notre petit cœur d’enfant. Il est souvent question de fleurs, histoire de rappeler que maman fane aussi, d’amour et de tendresse. Pour papa c’est un peu différent. Le mot de l’an dernier, je me souviens bien, expliquait tout ce pour quoi j’étais supposé être un papa formidable. Bref il citait plein de choses qu’un petit garçon adorait faire avec son papa. Et que c’était pour ça que le petit garçon, il aimait son papa.

Le problème c’est que parmi la liste de choses super sympas que le papa était supposé faire avec son petit garçon, je n’en faisais presque aucune. Imbécile que j’étais! Il existe pourtant des livres et du coaching pour devenir le papa formidable. Des activités sont obligatoires: jouer au foot, se bagarrer, faire la course, faire l’idiot, regarder les étoiles, construire des choses, faire du parapente, être capable de tout expliquer et savoir construire un fort avec des boîtes de vache qui rit… Et moi, qui me voyais plutôt en train d’élever mes enfants: tiens-toi droit, dit merci, ne mets pas les doigts dans ton nez, tiens bien ton stylo, quel son font ces lettres?, va te laver les dents, non pas la télé, attends avant de traverser, on dit s’il te plaît, on ne dois pas taper son prochain, laisse passer la dame….

avais-je loupé quelque chose?

Petit, j’étais content d’offrir un cadeau à mon papa, tout simplement parce qu’il m’avait désiré et qu’il m’aimait. Il n’avait pas besoin d’être sympa, formidable ou fun. Alors je me suis demandé si ces satanés petits mots n’étaient pas mis pour nous faire culpabiliser. Serais-je un père à la ramasse? Has been? N’avais-je pas fais que des impairs qui allaient  rendre mes enfants malheureux?

Il y a des fois, cela paraît plus simple d’être une maman. Là il n’y a que l’amour, sans aucune performance en retour.

Depuis, je me suis promis de jouer plus souvent au foot avec eux et de faire un concours de grimaces. Mais je ne suis pas prêt pour le parapente!

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3 Commentaires
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Léon
Léon
17 juin 2012 7 h 50 min

Père indigne !

Voilà un joli poème de fête des pères :

Un papa

Mon papa rapluie
Qui me fait un abri
Quand j’ai peur de la nuit
Mon papa ratonnerre
Je ne sais pas quoi faire
Quand il est en colère
Mon papa rasol
Avec qui je m’envole
Quand il rigole
Mon papa tout court
Que je fête en ce jour
Avec tout mon amour

Pierre Ruaud

Léon
Léon
17 juin 2012 7 h 50 min

Au fait, Lapa, tu as un mail.

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
18 juin 2012 15 h 23 min

J’avais pas vu le Nartic….. 😳 😳
Pour moi il est bien loin le temps des caisses à outils et des chemises à carreaux.
Pendant longtemps la fête des pères a été une fosse sombre , comme par hasard c’était jamais mon week end.
Enfant j’étais plutôt du genre organisateur en chef des fêtes et anniversaires. pas besoin de chercher j’avais les dates de toute la famille en tête.Père et grand père j’ai dû manquer de pédagogie . Le volontariat pour prendre ma place a fait défaut.Et ces choses là sont peu à peu devenues sans importance.