Coup sur coup, les administrations ont fait trois campagnes de publicité qui méritent d’être rapprochées.
La discrimination à l’embauche
Cela pourrait sonner comme un pléonasme tant l’entretien d’embauche est justement -intuitu personae- fait pour discriminer les candidats et sélectionner celui qui aura l’honneur de signer un contrat de subordination.
Une campagne néanmoins nous explique que discriminer c’est le mal. En fait non, la campagne ne porte aucun jugement: elle donne deux situations de fin d’entretien, se basant peut être sur un célèbre dessin humoristique (on sait que les cabinets de communication piochent d’avantage leurs idées sur le net que dans leurs séminaires à Bali qu’ils facturent).
D’un côté, un candidat se voit embauché et de l’autre un candidat se voit refusé. L’inspiration est à rechercher principalement chez les anglo-saxons qui ont beaucoup communiqué à ce sujet; le gouvernement se contentant de rajouter son logo et d’assurer que « ce qui compte ce sont les compétences » (merci beaucoup je crois que l’entrepreneur est au courant mais bon…).
Sur ces trois visuels, nous avons donc un garçon qui possède la malchance de ne pas être blond aux yeux bleus, une renoi (je prends le terme de nos jeunes, ne vous offusquez pas), qui a la malchance de ne pas être blonde aux yeux bleus (décidément c’est fou ce qu’il y a comme blonds aux yeux bleus dans les entreprises ! ) et un dernier renoi qui a la machance d’être chauve et sans barbe à la cool de 3 jours comme son « alter ego » embauché.
Ceci étant on peut approuver ou critiquer l’ethnocentrisme de cette campagne sur la discrimination (quid du handicap? pas discriminant?; quid du sexe? nada, quid de l’âge? bien sûr personne n’est discriminé par son âge c’est évident, quid des asiatiques? juste bons à se faire racketter?…); mais il y a un truc qui sidère que personne semble avoir noté c’est simplement que… ces affiches sont des preuves de la discrimination opérée par le marketing parce que parmi tous ces candidats… aucun n’est laid. En fait aucun ne représente une personne réelle mais une sorte d’idéal publicitaire. Ils sont tous canons, avec des dents extra blanches. Pas vraiment le genre de personne qu’un recruteur a généralement en face de lui. Oui faire une campagne sur la discrimination avec uniquement des tops modèles, il fallait y penser.
notre trace sur Terre
Une autre campagne qui revient consiste à faire réfléchir les gens sur la trace qu’ils veulent laisser sur terre. A priori elle est plutôt bien pensée. On y voit des déchets courants avec le nom de celui qui les a jeté et la date. On oublie souvent que nos ordures se retrouvent partout dans la nature à intoxiquer les autres espèces, quand ce n’est pas carrément un véritable continent de plastique qui se créé (même 5 a priori) dans les océans.
Les prénoms des coupables de ces petits gestes d’incivilité sont les suivants:
- Marie
- Paul
- Kevin
- Léa
Vous voulez les noms? Que du « souchien » (Mamont, Heffard, Odeville….) vous savez, la France rance comme l’aiment à appeler certains.
Force est de constater que la diversité de la population française n’est guère représentée. Serait-il impossible d’associer un prénom « allogène » à un acte d’incivilité? Voyons, où allez-vous pensez ça… N’empêche qu’aucune association n’a exigé une campagne plus représentative.
les fraudeurs du métro
La dernière campagne en date a quand même fait réagir tant c’était devenu n’importe quoi. Celle-ci essayait de faire réfléchir les fraudeurs sur le fait que, justement, frauder c’est mal. Normalement, à la vue de cette affiche, le fraudeur est supposé fondre en larmes et, bouleversé par les remords, casser sa tirelire cochon et rembourser la RATP de ses années de fraudes. Tétanisé par la peur, il achètera dorénavant ses abonnements.
Afin de faire « in », le cabinet de com’ a cette fois-ci décidé de marquer la campagne avec une association heroïc fantasy façon « Game of Throne » par le biais des petites bestioles, entre démons et dragons quoi. On voit donc le profil de trois fraudeurs compulsifs: un jeune qui pourrait faire penser à un lycéen s’il avait le regard embrumé par les joints, le baladeur sur les oreilles et le sac eastpack taggué; une jolie fille façon bonne famille sortie d’Amélie Poulain et impeccable, enfin un dandy en cravate façon startup mais cool car il a la barbe et le regard ténébreux.
Ces gens sont donc supposés être le public visé ou représenter les fraudeurs? Bon comme d’hab il s’agit de genre de top modèles anorexiques 18 ans et white de pur white.
Évidemment, cela ne peut pas coller puisque tout le monde sait que le fraudeur du métro ressemble à ça.
Là encore, aucune association ne s’est plainte du manque de représentativité. Il y a pourtant plus de couleurs de peau différentes pour les dragons…
Je clôturerai le propos avec deux visuels qui se passent de commentaires:
La diversité c’est donc super mais uniquement quand on vous le dit. La France blanche c’est le mal, mais pratique parfois pour toucher le plus de gens, finalement.
Qu’une marque de yaourt utilise les principes éculés des tops-modèles au bord de l’orgasme pour vendre sa camelote, passe encore… mais là, quand même… il s’agit de campagne d’administrations françaises. Pourquoi ces « faux » clichés? Peur de stigmatiser?
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Les deux derniers visuels ne sont là que pour rappeler une chose:
dans ces deux domaines, comme dans l’embauche, il y a un point commun: ce sont simplement les meilleurs ou supposés tels, qui sont pris.
Lectures :7384
On te répondra sans doute que tout est dans le « supposés tels »…
Sujet intéressant qui montre l’impossibilité de faire une campagne contre quelque chose qui peut être parfaitement légitime… Ce sont quand m^me de vrais salauds de ne pas avoir fait jouer les prix Nobel de littérature dans l’équipe de France de foot !
Rien que des grosses taches . pas un ne porte une Rolex.
Affiche pour une campagne gouvernementale.
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J’ai lu au moins un ouvrage (8/15) des Prix Nobel….
Ahhh le masochisme de la jeunesse…..
Heureusement le cerveau comme le système digestif évacue….
Bergson , Gide et Sartre …..quelle plaie……. mais il y a eu pire.
ça rappelle les campagnes sur les mariages forcés
Campagne en Norvège
Thea Norvégienne, 12 ans, va être conduite à l’église où elle épousera celui que ses parents lui ont destiné il y a quelques semaines, Geir, Norvégien, 37 ans, qu’elle ne connait pas.