Les 4 de la guerre civile

La tentative Wisigoth de l’automne dernier demande à être poursuivie. Je vous livre ici une vision personnelle, forcément rapide voire  tronquée. Elle attend d’être contestée ou enrichie pour le profit de tous.

Raconter des mythes anciens et y raccrocher le présent est le moyen  le plus assuré de l’expliquer et de le  justifier . Il importait pour les Romains de s’attribuer la fondation de leur ville, de faire des Étrusques des envahisseurs étrangers. Dans la même veine, d’autres en Judée, vers la même époque, travestiront le refuge Égyptien une terre de captivité.  Les familles romaines ( les gens) par tous les moyens possibles, toponymie et cultes des ancêtres, raccrochent leur destin à celui des dieux de la cité . La difficulté est d’intégrer le panthéon familial à celui de la cité.  C’est à qui descendra de Vénus, ou d’ Énée… Il n’y a pas là seulement volonté de distinction, mais justification d’une différence de condition et de pouvoir. Chaque grande famille romaine, dans son combat pour exclure les inférieurs mais aussi les rivaux de son rang, s’élève une sorte de panthéon personnel d’ancêtres plus ou moins divinisés.

Sur la terre sacrée des ancêtres venus s’installer là, quel était le puissant mobile de toute cette construction mentale ?

Bin, la possession de la Terre justement !

La mesure de la puissance et celle du rang étaient donnée par la propriété de la terre. Dans un monde où l’esclavage est la règle, la norme, la seule conception du monde,  posséder la terre et les esclaves confère la force donc le rang. Le rang donne le pouvoir. Ce pouvoir donne les moyens de faire régner l’ordre. Attention ! Son ordre !

Il va de soi que ceux qui n’ont ni l’un ni l’autre sont exclus des décisions  et de la protection qu’offrirait la loi. Les disparités de condition ouvraient la voie d’une part aux jalousies, rivalités et  violences entre les clans, et d’autre part à l’arbitraire imposé aux plus faibles.

L’Antiquité invente une solution à ce cul de sac d’affrontements généralisés : la cité.

Ce  cadre institutionnel  permet aux conflits d’être réglés au moindre prix en offrant une protection commune. C’est dans une balance positive avantages/inconvénients offerte au plus grand nombre que se dessinera le succès de Rome.  Ce qu’ils ont en commun doit peser plus que ce qui les sépare

Le monde homérique connaissait les rois et des nobles soumis à des obligations de type féodal. Rome, à sa petite échelle, dans un mouvement  à peu près contemporain aux synœcismes grecs fédéra plusieurs villages de son immédiate proximité. Exit les rois. L’épisode Sabin en est  la relique symbolique correspondant peut-être à un fait réel voire plus surement à de nombreux faits comparables.

Une fois encore, attention, il ne s’agit pas d’une alliance de tous avec les mêmes droits pour tous. Seuls sont concernés les  puissants (les sénateurs) propriétaires fonciers, possesseurs d’esclaves. Seuls ils ont le droit de porter les armes en raison de leur richesse attestée.( Censeurs) La mythologie vient bien sûr prêter main forte à une construction mentale rendant sacré chaque élément de ce nouvel ensemble = la Cité . Le droit découle de l’obéissance à la volonté des Dieux, en cette affaire il n’y a jamais rien de trop pour justifier sa prééminence, son arbitraire et ses accaparements. Le seul coût de l’armement est suffisamment prohibitif pour écarter les plus humbles de la fonction militaire. La loi fixe les conditions de fortune indispensables ( un impôt de 1600 sesterces à l’entrée dans la légion). En revanche les plus riches feront de l’honneur de porter les armes un privilège inscrit dans les assemblées cultuelles et politiques de la Cité. Pendant la République, 4 légions étaient levées chaque année pour assurer la sécurité de Rome 6 légions en 218 avant J.C, au début de la guerre,  23 légions en 211.

La masse des résidents pauvres non issus des clans historiques se voit reléguée dans les troupes de deuxième ordre, soumise à l’impôt, à l’arbitraire des empiétements des puissants. Les plébéiens sont exposés à l’esclavage pour dette ou à la mise à mort. Les créanciers se rencontrent surtout parmi les patriciens qui, seuls, ont le pouvoir. Deux consuls élus pour un an l’exercent.

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes patricien possible  si Eques , Sabins , Étrusques et Volsques ne faisaient des misères à nos honorables sénateurs. La situation l’exigeant, nombreux réclament l’incorporation des plébéiens dans l’armée sans revenir toutefois sur leur droit inaliénable de sanctionner comme ils l’entendent les endettés.

Il y a débat disent les uns. Pas question disent les autres il y va de l’honneur et de la grandeur de Rome. Faut-il d’abord mettre au pas la plèbe puis la contraindre à servir ? Faut-il la contraindre à servir puis lui faire sentir la grandeur et la justesse des exigences du Sénat.?Au départ pas un de ces honorables Optimates n’envisage de céder quoi que ce soit.

Alors qu’ils sont  encore indispensables au fonctionnement économique de la Cité. Les Plébéiens font jouer leur nombre. La première moitié du Vè siècle av JC voit plusieurs mutineries sécessions sur le Mons Sacer (Aventin) __ Les membres et l’estomac Menaces ,négociations,  chantages se succéderont, accentuées par les urgences militaires  On aboutit vers les -450  enfin, à la création de nouvelles institutions comme le tribun de la plèbe et la rédaction de la loi Les plébéiens ne voient pas pour autant leur situation matérielle se modifier considérablement. Le nouveau cadre institutionnel leur permettait de se défendre un peu mieux et il y a avait de l’ouvrage. Bien que l’on puisse en rencontrer des manifestations il ne faut pas anachroniquement voir haine de classe là où il n’y a encore que mépris de caste. Tous sont plus ou moins d’accord avec un système qui maintient en place une disparité énorme des richesses. L’exploitation esclavagiste du travail est le ciment social , juridique et mental de cette société . La crise  de la Cité  viendra, paradoxalement, des succès de Rome…

L’Italie centrale passe peu à peu sous contrôle romain . L’invasion gauloise du début IVè siècle qui a failli achever l’histoire de l’Urbs conduit au contraire à l’absorption  du domaine étrusque qui ne s’en est pas relevé. Les guerres puniques puis l’épisode Pyrrhus amènent les  succès en Grande Grèce ( sud de l’Italie)  et ceux de Emile Paul (Paul Emile ) en Grèce et Macédoine.

Péninsule Ibérique, Narbonnaise, Italie du Sud  Sicile, Tunisie, Macédoine, bientôt Asie Mineure  etc…

L’extension de l’Ager Publicus ( le domaine foncier Romain ) prend   des dimensions  jamais envisagées. Un tiers du territoire des citées vaincues passe aux mains des Romains et le reste est soumis à l’impôt. Les cités, que Rome conserve encadrées par leur  aristocratie maintenue, reproduisent, à des degrés divers et des conditions de soumission très variées, le modèle romain.

Si l’Ager Publicus est ouvert à tous, en droit,  seuls  les plus riches sont en mesure de se constituer en plus et à coté de leurs anciens domaines, d’immenses domaines nouveaux taillés dans les meilleures terres de cet Ager Publicus. De toute façon ils sont les seuls à pouvoir se payer les esclaves nécessaires à leur exploitation.

C’est l’époque de l’ accumulation de richesses foncières pour les uns, des tonnes d’or prises aux vaincus…pratiquement pour les mêmes.

Tite Live [45,40] Le triomphe de Paul Émile(28-30 novembre 167)

Valérius Antias dit que l’or et l’argent faisant partie du butin étalé en triomphe formaient une somme de cent vingt millions de sesterces. Mais à en juger par le nombre des chars et la masse d’or et d’argent dont il fait lui-même l’énumération, cette somme a dû être beaucoup plus considérable.

Les armées de Persée perdirent environ 20 000 morts et 10 000 soldats macédoniens furent vendus comme esclaves.Seuls les proches de Paul Emile sont conviés à la curée. En dehors d’eux seul le trésor public contrôlé par les sénateurs( l’ aerarium) voit la couleur de l’or.

Si un sesterce est le centième d’un aureus , il serait peut-être bon de donner une idée de donner une idée de valeur du sesterce.En décembre 2012, le kg d’or valait en moyenne sans trop finasser = 40 000 euros. C’est de  la livre romaine ( 327g) qu’on tirait 40 aureus.  L’aureus comptait un peu plus de 8 g d’or et il valait 100 sesterces.

Ne finassons pas, j’aime pas qu’on finasse :12 000 sesterces correspondent en gros  à 40 000 euros,  donc 1 sesterce = (12/40)  environ 3,5 Euros

Cela ne signifie pas grand-chose si on ne fournit pas en regard le prix des denrées et des services dans un monde où l’esclavage aidant (ou nuisant) plus le travail  intervient dans la production plus ceux qui en disposent sont favorisés. ( Peut-être dans un futur épisode) 3,5 litres de blé par jour  pour un berger, 9 litres pour un maçon et un menuisier sous Domitien , mais ce ne sont pas les prix sous César ou sous Septime Sévère….

Nous voyons ici les prémices de l’échange inégal  entre l’agriculture vivrière du Tiers Monde et la production mécanisée et industrialisée de l’agro alimentaire des pays avancés.

Le petit paysan libre romain n’a pratiquement aucune chance de vendre ses surplus sur le marché, victime de la concurrence des grands domaines. Le moindre revers, climatique ou autre, le conduit dans la précarité puis dans la dépendance de l’endettement. Une seule solution pour lui = le clientélisme . Passer sous la dépendance et au service d’un puissant patron. Les simples lois du marché agricole dans le cadre d’une disparité énorme de conditions de production, ramènent toujours nos plébéiens sous la dépendance de patriciens.

Peu à peu,  la couche inférieure, un temps solidaire et active politiquement, qui avait tenté de jouer au mieux des institutions qu’elle avait gagnées aux siècles précédents, renonce. Désormais elle donne le spectacle d’une masse de manœuvre à la disposition de ceux qui parleront en son nom, mais dans un jeu qui n’est plus que celui  la concurrence entre les grandes familles.

Nous entrons dans ce qui est appelé la Crise de la République romaine (133-27). Je préfèrerais la mort de la cité

Première puissance du bassin méditerranéen,  les guerres longues et lointaines, les conquêtes, sont sources de tensions sociales : le système du paysan-soldat n’est plus adapté. Le blé afflue à bas prix de Sicile, de Sardaigne, puis d’Afrique. Les succès militaires des Romains multiplient le nombre des esclaves disponibles. Les petits propriétaires sont ruinés par cette abondance. La valeur du travail libre s’effondre. Relativement comme  dans l’absolu les pauvres libres  s’appauvrissent.

Les riches propriétaires d’immenses domaines monopolisent le pouvoir et sont  occupés à craindre et mépriser les nouveaux riches qui, dans le négoce ou la banque, tirent profit de l’exploitation des provinces conquises. Dans les affrontements politiques, les factions populares et optimates ne se distinguent que virtuellement ou dans les promesses faites à la plèbe.

On assiste plus à une guerre pour les places qu’à une guerre de classes.

Le malheur veut que la conception du monde chez les immensément riches, chez les pauvres et même les esclaves, soit la même pour tous. La révolte de Spartacus ne signifie pas que les esclaves avaient un programme anti esclavagiste. Ce serait un anachronisme.

Puisqu’on est là aussi pour rigoler : il n’y a pas d’avant-garde. Elle est  encore au fond de la steppe. Nous avons vu qu’elle trahira en reproduisant un modèle romain factice  avec l’appui de l’Eglise, oublieuse des éléments positifs de la cité présentée comme païenne.

Les pauvres libres n’ont que la solution de glisser eux même dans la servilité ou, moins pire, de passer au service des Optimates , comme ouvriers agricoles et hommes de main dans les villes.

La Rome du 1er siècle avant JC est un coupe gorge où les bandes au service des puissants s’affrontent, quand elles ne se permettent pas de se mettre à leur compte un moment. Trainer dans  certains quartiers est déconseillé le jour, stupide la nuit… Les puissants ont les moyens de se payer une escorte. Il n’empêche que quand la bande à Clodius Pulcher croise inopinément la bande à Milon ça fait des dizaines de morts, dont Pulcher,

Les frères Gracchus ont beau faire ils n’arrêteront pas ce qui est en marche. Je me demande encore pourquoi l’école nous les a affublés du titre de leader démocratique ?

L’aîné, Tibère, veut favoriser le maintien de la couche de petits paysans libres et pour ce faire il prend une infime partie de l’ager publicus pour leur en distribuer des lots de 8 hectares pris sur les grands domaines ( de cet Ager Publicus). Il fallait à cette époque être propriétaire pour être légionnaire et Rome, engagée dans une politique de conquêtes, avait besoin de soldats.

Propriétaire c’est bien, mais sans attelage et sans esclave on ne va pas bien  loin. Une solution:  emprunter argent, esclaves et attelage; mais à qui ? Certains grands propriétaires ne prêteront rien du tout et attendront que, croulant sous les dettes, le nouveau proprio des lots Gracchus vienne lui proposer ses terres à bas prix, voire ses bras comme ouvrier agricole pour rien, avec la seule promesse de nourrir sa famille. La chute dans la servilité n’était pas loin.

Le maintien de l’esclavage comme avant et la maitrise du marché des grains par les seuls très riches contiennent l’échec des mesures des Graques. Elles avorteront avant d’échouer.

Ce sont ces mesures que les puissants Romains trouvèrent inacceptables. Ils ne voyaient pas d’un mauvais  œil ce mouvement maintenant irrésistible de paupérisation des petits propriétaires qui les mettait à leur merci et gonflait leur clientèle de centaines d’hommes tout dévoués. Dans le climat de guerre civile  chaque homme , chaque arme, chaque sesterce avaient son importance. Le temps d’une génération et cette nouvelle donne de Tibérius Gracchus sera évaporée dans les dettes.

Le deuxième Gracchus ( Caius), dans la même veine de clientélisme politique, offrira à la plèbe ruinée et désœuvrée des distributions de grain gratuites. En fait, cette mesure aggravait la situation.

Pour ma part,  je vois bien plus de manœuvres clientélistes  que de programme démocratique dans la politique des Gracques. Cette masse de paysans misérables et de désœuvrés voit sa condition se dégrader tragiquement pendant que celle des plus riches s’élève à des niveaux dont  les plus insensés n’auraient jamais oser rêver. Une société esclavagiste dont les succès militaires se multiplient voit les plus riches s’enrichir et les plus pauvres s’appauvrir. C’est comme ça que ça marche.

Marius apportera une réponse nouvelle dans le jeu des conflits interne à la Cité, pas une  solution. Il est le porte-parole de ceux qui voudraient avoir leur part du gâteau rien de plus. Pour en être il faut avoir les moyens de se payer un couvert.

106 : Marius supprime la condition d’un cens minimum de 1600 sesterces (5 000 euros 2010)  pour servir dans l’armée romaine, autorisant l’enrôlement des prolétaires romains

C’est l’heure où les appétits se déchainent . Ils achèvent la cité

Première guerre civile entre Marius et Sylla

Deux rivaux virtuellement différents, l’un pour les populares l’autre pour les sénateurs ouvrent la série des affrontements entre familles rivales. Eviter surtout que les autres profitent plus que nous. C’est le grand jeu des alliances, des rivalités, des trahisons et de ceux qui attendent leur heure. Pour la gloire et la grandeur de Rome. On n’a jamais autant invoqué le caractère sacré des institutions. On ne les a jamais autant foulées au pied. C’est le temps des  manœuvres, des coups tordus,  des votes achetés ou imposés par la force. On fait donner la piétaille des prêtres de machin, des augures de chose pour retarder les décisions ou les remettre en cause. On n’en reste pas aux mouvements de foules, aux coups de poignard discrets dans la cohue, aux affrontements entre bandes de brigands mercenaires et aux chutes malencontreuses dans le Tibre. Puisque la loi est impuissante, on fait donner la force : les légions.

Tout cela réclame de l’argent. Beaucoup et vite. C’est bon pour les affaires.

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Les 4 protagonistes de la guerre civile

Marius né en 157 av JC

Un général bien vu de ses soldats, se présente comme le champion du peuple, il est méprisé par les aristos car il n’est pas patricien.

Sylla

Lucius Cornélius Sulla plus connu sous le nom de Sylla est né en -138. Il faisait partie de la gens Cornelii l’une des plus grandes et des plus riches familles de Rome. Il était donc patricien et, logiquement, défend la faction des optimates.

La guerre politique et civile

En 88 l’affrontement entre les deux hommes s’inscrit dans le jeu normal des institutions : recevoir de la cité les titres et les commandements. Oui mais les émeutes à Rome en décident autrement. Marius est désigné alors que normalement c’était le tour de Sylla. Sylla chassé de Rome, les familles se mobilisent mais, une fois de plus, la rue en décide autrement. Rome est sous la loi des porte-flingues.

Sylla feint de s’incliner mais rejoint ses troupes, elles aussi dévouées à leur chef. Il marche sur Rome dans la plus totale illégalité. Les cadavres des populares jonchent les rues et flottent sur le Tibre. Confiant, Sylla repart en Asie affronter Mithridate.  Profitant de l’occasion, en -87  Marius revient  à Rome, s’allie à Lucius Cornelius Cinna  et reprend le pouvoir. Encore une fois la routine des cadavres dans la rue et sur le Tibre. Il se fait élire encore une fois en 86. Les tables de bronze rougissent de honte. Tout le monde le sait mais que faire ? Marius meurt brutalement.

En -83, Sylla revint à Rome, encore une fois les cadavres …vous connaissez.

Nouvelle guerre civile, Cinna prend la place de Marius mais c’est la même chose

Finalement victorieux, Sylla se fait nommer fin 82 : dictateur. Il tente une consolidation pour assurer la main-mise de l’aristocratie sur les institutions de la « République ». Le jeune César doit fuir car il est de l’autre camp.

La victoire de Sylla ne met pas un terme au processus qui l’a porté au pouvoir. Les grandes familles qui  le soutenaient commencent à  regretter que le seul Sylla  accapare un peu trop de ce qu’elles se voyaient déjà  partageant. La  force de Sylla tient en respect ses adversaires comme les velléités de ceux de son propre camp. Il ne fait pas taire complètement les récriminations, jalousies et rivalités des grandes familles.  Leurs appétits sont aiguisés par Sylla lui-même. Ne leur a-t-il pas montré à tous qu’ avec des moyens et de l’énergie la conquête du pouvoir était possible ? Quelle est la famille dont l’ancêtre glorieux, le demi-Dieu n’exige pas que le pouvoir sur la Cité Sacrée leur revienne, à eux . Sylla meurt en 78

Une famille a su se porter aux premiers rangs, celle des Pompée. Le fils est brillant au plan militaire ce qui lui vaut le titre de Magnus (comme Alexandre) décerné par Sylla. Le même, fait nommer Pompée consul alors qu’il n’est encore que Chevalier aux cotés du richissime Crassus.  Les institutions rigides de la Rome républicaine ne sont plus que des mots.  La révolte de Spartacus écrasée, la plèbe impuissante politiquement,  les familles se partagent la richesse de Rome comme celles de la mafia plus tard les territoires et les rackets. Nous en sommes à un point où dans toute l’histoire de Rome, rien ne peut égaler les succès réels de Pompée. Comme pour Sylla il commence à faire de l’ombre aux sénateurs qui lui mesurent chichement le 2è triomphe. Crassus mort contre les Parthes , César en Gaule , plus rien ne peut lui faire obstacle. Il ( Pompée) est nommé consul unique l’année d’Alésia -52 , par ceux là même qui auraient dû lui faire obstacle. Mais Rome plus que jamais est le théâtre d’affrontements permanents. Ceux qui  frapperont César, dans 8 ans, au nom de la République, sont ceux qui démembrent ce qui reste des institutions séculaires de la Rome républicaine. Ils invoqueront la Cité , la Cité qu’ils ont eux même détruite pierre à pierre.

Comme dans toute société mafieuse les rivalités sont telles que se trouvent toujours des éléments  pour se sentir lésés. ( On appelle ça déjà le manque de respect). Non pas parce qu’ils n’ont pas reçu leur part, mais parce que ils sont tout simplement outrés d’être mis au même rang que des rivaux qu’ils méprisent. Et puis il est une loi du genre qui pourrait s’appeler « Moi d’abord ».

Profitant de ce qui demeure des institutions, mêmes virtuelles et vides de leur ancien sens, César sait,  dans l’ombre de Pompée, progresser en le soutenant dans  un premier temps. Dans une politique de donnant/donnant  contre celui qui les inquiétait tout deux ( Crassus) César s’est fait confier ce dont personne ne voulait = la Gaule. Avait-il d’entrée le projet d’y trouver ce qui lui manquait face à Pompée.= des troupes et de l’argent ? Que dire ? Ce serait de l’uchronie que le prétendre. Ce fut pourtant.

Déclaré hors la loi par le Sénat aux ordres de Pompée. Il passe outre et franchit le Rubicon.

César

Arrive à Rome et prend un pouvoir que personne ne lui conteste sur place

Depuis les Gracques et leur échec on est en présence d’une situation qui voit la paupérisation de centaines de milliers d’hommes libres.  Ils  ne survivent que par le clientélisme aux côtés d’une couche démesurément enrichies par la fin des guerres puniques, les guerres sociales, les guerres dans le monde hellénique. César aura un temps les moyens d’imposer sa loi sans trop tirer vengeance de ses ennemis. Après les 4 « leaders » des guerres civiles, l’affrontement entre Antoine et Octave  parlera d’autre chose.

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21 Commentaires
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Léon
Léon
5 janvier 2012 9 h 47 min

Je lance une pétition pour que Furtif écrive des manuels d’Histoire qui seraient imposés au sein de l’EN 😆 !

Lapa
Administrateur
Lapa
5 janvier 2012 16 h 26 min

C’est toujours excellent 🙂

snoopy86
Membre
snoopy86
5 janvier 2012 17 h 56 min

Moi je trouve que pour un prof d’histoire, d’une part ça manque un peu de grônavions et de sous-marins , d’autre part le rôle de la CIA et du Mossad sont carrément occultés ….

ranta
ranta
5 janvier 2012 18 h 25 min
Reply to  snoopy86

Oui, et on ne lit pas non plus Jules César crucifier des chrétiens et envahir l’Irlande 😈

ranta
ranta
5 janvier 2012 18 h 40 min
Reply to  D. Furtif

Ah oui exact, je me souviens que tu avais demandé si personne n’avait rien noter d’énorme : les statues faisant face à la mer (bon, perso j’en savais que dalle… Mais chuis pas prof d’histoireS)

Causette
Causette
5 janvier 2012 20 h 39 min

bonsouère

Pas de femmes dans cette Histoire! c’est louche :mrgreen:

La Loi des Douze Tables est rédigée par un collège de décemvirs

Décemvirs: Traditionnellement il s’agissait d’un collège de prêtres qui assistaient les pontifes lors des célébrations de sacrifices.

Les rédacteurs furent tous patriciens (aristocratie), car les sénateurs estimaient que seuls les patriciens pouvaient proposer des lois, même s’il était convenu que le peuple les voteraient.

L’Histoire des hommes tourne en boucle.

francesca
francesca
6 janvier 2012 1 h 30 min

Bonsoir Furtif et bonsoir à tous,
La préservation de l’intégralité de l’empire passait forcément par la chute de la République et par l’instauration d’une monarchie divine.
Il était désormais impossible de garder longtemps la domination d’un empire aussi vaste sans une extension massive de la citoyenneté romaine et avec le refus de l’entrée des non-Romains au Sénat.

L’aristocratie sénatoriale était résolument hostile à des changements qui, outre à remettre en cause ses privilèges et sa mainmise sur les fruits de la conquête, laissaient subodorer la mise en place d’une dictature voir, sacrilège absolu!; l’avènement d’un monarque…en effet, et pour la Ville (à feu et à sang), et pour l’empire, quoi ou qui de plus rassurant et égalisateur qu’un monarque divin qui insufflerait l’envie d’un destin commun et effacerait le complexe du vaincu? Tel fût le dessin de César?

J’ai pris un immense plaisir à vous lire, Furtif.

ranta
ranta
6 janvier 2012 12 h 22 min
Reply to  francesca

😉 😉

francesca
francesca
7 janvier 2012 1 h 00 min

Merci pour votre accueil chaleureux
Effectivement, comme beaucoup n’ont pas des bons souvenirs avec cette matière -et même dans mon pays, ce que je trouve plutôt bizarre- c’est toujours un enchantement de rencontrer quelqu’un qui partage cette passion.
Avez-vous déjà remarqué que chaque disciple de Rome a sa Rome à soi? Ma Rome à moi est celle-ci justement, et j’apprécie cette façon intelligente de la raconter.
J’ai souvenir d’un autre excellent article sur Jules César publié ailleurs.
Au plaisir de vous relire, Furtif.

francesca
francesca
7 janvier 2012 1 h 05 min

Et un jour nous reparlerons de cette histoire des Gracques…

ranta
ranta
7 janvier 2012 1 h 12 min
Reply to  francesca

Les Graques???? késako ?

Bon, google est mon ami, à moins qu’une fois de plus tu….

COLRE
COLRE
8 janvier 2012 10 h 41 min

waaa… merci furtif de cette « tranche » d’histoire qui plante une ambiance tellement évocatrice ! L’habituelle scène de théâtre de l’humanité moderne (depuis le Néolithique, tout du moins).
(désolée de ne pas participer davantage, mais je ne suis pas antiquisante… et je le regrette, car c’est un sujet passionnant, et fondateur ! merci encore)

Une idée me traverse néanmoins, téléscopée par l’annonce du dernier bouquin de Coignard (L’oligarchie des incapables).
La lecture de tes articles rappelle à quel point dans l’histoire c’est du chacun pour soi, du moi d’abord et d’une conquête de pouvoir fondée sur l’écrasement de l’Autre, systématiquement vu comme un concurrent.

Je réalise mieux que, à l’heure actuelle, les puissants ont intégré l’efficacité de l’union de caste. Ils ont compris qu’en s’unissant, en « partageant », ils posséderont davantage…
Ça, c’est nouveau, non ? partager le gâteau quand celui-ci est gigantesque, est bcp plus intéressant que de le vouloir entier pour soi seul, et de ne pas pouvoir ni y arriver ni le conserver…

Les études des Pinçons l’avaient parfaitement montré : la solidarité entre riches, les renvois d’ascenseur, la caste…

COLRE
COLRE
8 janvier 2012 12 h 28 min
Reply to  D. Furtif

mais j’aime bien que tu sois de mon avis… 🙂 🙂

Mais pour me mettre en rage, tu sais, c’est facile… il y a 3 ou 4 sujets dans le placard, entre nous, qui créent aussitôt l’étincelle…

Bon… ben là, chuis pas sûre que tu l’aies dit le premier… Va voir sur AV, j’suis assez preum’s sur ces dénonciations de la connivence et manipulation industrielles de la droite ! na !
Sinon, prouve-moi que tu l’as dit en premier… des bolducs ! :mrgreen:

Léon
Léon
8 janvier 2012 11 h 39 min

J’avais beaucoup aimé le bouquin de Sophie Coignard sur l’enseignement. Faudrait que je lise celui-là. Mais j’ai reçu tellement de bouquins à Noël que j’ai de la lecture au moins jusqu’en Mars-Avril…. Pfff…