Inauguration chez Buster

J’ai l’honneur et l’avantage d’avoir été invité à l’inauguration du nouveau local professionnel de Buster et donc, fidèle à ma réputation de pique-assiette, je me suis pointé ceans, n’hésitant pas à parcourir 150 km dans l’espoir de bouffer et me rincer le gosier à l’œil.

Bon, Buster c’est un copain, je veux pas trop critiquer, mais faut vous dire quand même que j’ai été un peu déçu.

Déjà, ça avait mal commencé. Il se trouve que j’ai perdu quelques membres de ma famille très récemment et, en recevant l’invitation écrite en noir sur un fond gris, n’ayant pas mes lunettes sur le nez, je me suis dit « merde, encore quelqu’un qui est mort… » Mais non, c’était une convocation à la teuf pour l’inauguration à Buster. Sympa, me dis-je. Sauf qu’il  y a un truc qui, d’emblée, m’a posé problème…

On va pas trop critiquer, Buster est un copain. Mais quand même, il aurait pu choisir un autre nom pour son estancot : leQUAI qu’il appelle ça, avec ce graphisme, « le » en minuscule et « quai » en majuscules et le tout collé. Tout ça par ce qu’il y a une sorte de quai de déchargement pour les camions devant l’entrée. C’est original, mais il a pensé aux fautes que cela induit ? « Je vais à lequai », « je vais vous parler du lequai », « la couleur de façade de lequai, (ou du lequai ?) ».  Après on s’étonne que les gens ne sachent plus parler français…

Déplorable exemple pour la jeunesse, d’autant que j’apprends très vite, en me baladant au milieu de la foule qui avait envahi la boutique où je croise sa cadette, qu’il exploite ses filles d’une manière éhontée, surtout la plus jeune pour les besoins de son commerce, que ce sont elles qui se sont tapé toute la com’ pour cette inauguration, le logo, les invites, le traiteur… Elle me raconte ses malheurs, la petite, des sanglots dans la voix, me demande si j’ai pas l’adresse d’un inspecteur du travail et d’un avocat spécialisé en prud’hommes. Moi, vous me connaissez : Buster, c’est un copain, j’ai rien dit. Même si je n’en pense pas moins : épuiser au travail une si mignonne, toute gentille et qui ne pensait qu’à faire plaisir à son papa !

Je me disais,  je vais quand même en toucher deux mots à sa femme qui m’avait toujours paru une personne sensée et d’une grande humanité.

Houla, que n’avais-je fait là ! J’ai eu droit à un nouveau bureau des pleurs : « Ah, Léon, si tu savais ce qu’il me fait endurer, etc, etc… Il a rien foutu pour cette inauguration, on s’est tout tapé avec les filles. Le seul truc dont il s’est occupé, c’est l’orchestre, c’est des copains à lui. »

Ah, parlons-en, justement de cet orchestre ! Quand je les ai vus s’installer j’ai tout de suite deviné qu’on aurait de la musique genre Prisunic rayon parfumerie. Confirmé quand ils ont commencé à jouer : du jazz prout-ma-chère pour rombières sexuellement inactives. Je me disais, pas grave, Ranta va arriver avec sa strato et son Twin Reverb. Lui, et moi avec la mienne que j’avais laissée dans la bagnole, on allait leur mettre le feu… Que dalle, Ranta n’arrivait pas; de guerre lasse je demande au batteur : « Vous pouvez jouer  Sultan of swing ? ». Le mec me regarde bizarrement : « Mais on fait que ça, du swing ». —« SUL-TANE OF SWINGUE, éructai-je, DAÏEURE STRAITE ! »…. — « On l’a pas répété ce swing-là, qu’y m’a dit, ce naze… »…

Moi, vous me connaissez, toujours prêt à rendre service. Et Buster c’est un copain. Y avait du trèpe au début,  mais  comme tout le monde commençait à se barrer et que Ranta n’arrivait toujours pas, je me suis dis que je devais essayer de sauver cette soirée qui tournait mal. Même les routards qui passaient devant la grille n’essayaient pas d’entrer pour bouffer gratis tellement ça avait l’air chiant cette teuf.  Mon portable sonne, c’est Furtif : « Alors, y a de l’ambiance, qu’il me demande ? —  » Bein, moyen. Y vient pas Ranta ? —Non, qu’il me dit Furtif,  il passe le brevet des collèges, va falloir que tu prennes les chose en main, Buster c’est un copain, le laisse pas tomber….  — Ok, opinai-je ». Je m’approche à nouveau de l’orchestre entre deux morceaux : «Et Blue Suede Shoes, en sol, vous pouvez, je demande ? »… Là, je ne sais pas pourquoi, ils ont appelé un malabar qui était à l’entrée que je croyais être juste un invité baraqué : « Ne faites pas de scandale, Monsieur, qu’il me dit, sinon je vous vire ». Entendant mes glapissements indignés, Buster est intervenu et m’a redirigé vers le buffet. « Encore vous ? me dit la jeune personne derrière la table préposée à la chose ». « Bein oui, je dis, j’ai déjà visité son hangar, j’ai vu ses figurines Panini géantes et ses lampes de bureau à 600 euros. Ya pas de gonzesse envisageable et la musique est chiante. Que voulez-vous faire à part bouffer des microwitch ? [1 ]. Et d’ailleurs c’est quoi votre petit nom, beauté fatale, demandai-je à la blonde décolorée aux cheveux courts ?  — Jacques… minauda la créature, et je termine vers minuit..  — Euh, y a quoi à manger ? dis-je lâchement pour faire diversion …

Là,  je veux pas critiquer à nouveau. Buster, c’est un copain, mais parlons-en du buffet : des p’tites conneries qu’il faut en avaler deux milles pour avoir la sensation de commencer à se remplir l’estomac. Et alors un truc que j’avais jamais vu avant : des mini-rouleaux de printemps servis dans une mini-coupelle avec une mini-seringue en plastoc pour y injecter de la sauce au milieu : un truc de ouf que quand j’ai essayé j’ai tout envoyé sur le corsage blanc immaculé de la dame en face de moi. La honte quoi… Je ne veux pas trop cafter car, après tout j’étais nourri à l’œil, mais quand même, j’avais fait 150 bornes et y avait pas de goulash au buffet ! Parole !

Et maintenant, si vous avez des enfants en bas âge, éloignez-les de l’ordinateur car le pire est à venir, je vais vous révéler l’ignoble, l’horrible, le déprimant en ce qui concerne la boisson.

Ca y est, vous les avez éloignés ?

Alors, en confidence je vais vous dire, mais ne le répétez pas, parce que Buster c’est un copain : y avait pas de Fanta !

Je vous jure, c’est vrai…

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[1] C’est la taille en dessous du mini sandwitch

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16 Commentaires
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D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
28 juin 2014 21 h 57 min

Je ne trouve pas les mots pour dire mon indignation….
Pas de Fanta !

ranta
ranta
29 juin 2014 8 h 18 min
Reply to  D. Furtif

Pfffffffffff 👿

D’abord Buster y fait qu’à mettre des dates qu’il sait qu’on peut pas venir 👿

ranta
ranta
29 juin 2014 8 h 24 min

Buster s’est tout même abaissé à me répondre hier matin juste pour me dire qu’il rejoignait Léon en terrasse pour le p’tit déj.

Ca sonnait très « bien fait pour ta race ranta ! »

Buster
Membre
Buster
29 juin 2014 8 h 26 min

La blague ! Le Fanta est à sa place ! 😆

Il est juste inaccessible au pique-assiette de base :
Bien à l’abri dans la salle des coffres du Bunker spécial, derrière une porte blindée de 40 cm d’épaisseur, fermée à quadruple tour avec 2 gardes armés postés devant en permanence devant et reliés directement au QG de surveillance video.
Les contrôles de la température et de l’hygrométrie sont assurés zone par zone grâce à un réseau dense de sondes « ultra haute sensibilité ».

Sans ces simples précautions de bon sens, compte tenu de tous les pique-assiettes qui traînent, le jour où Ranta passe dans le coin je n’ai plus rien à lui offrir. 🙁

Léon
Léon
29 juin 2014 11 h 48 min

Je déconne, évidemment : c’était super, ils ont un lieu magnifique, un très bel outil de travail, les petits fours étaient délicieux, l’orchestre tout à fait correct,les filles fières de leurs parents et ravies d’avoir aidé au truc. C’était très réussi et les gens qui sont venus nombreux ne s’y sont pas trompés : y avait plus de monde qu’à un pince-fesses organisé par la mairie au même moment.
Mais pour le Fanta, c’est authentique: y en avait pas.

Lapa
Administrateur
Lapa
29 juin 2014 16 h 15 min

les statues à la gloire d’H.Morin ne prenaient pas trop de place?

Léon
Léon
29 juin 2014 21 h 29 min
Reply to  Lapa

Y en avait partout….

asinus
Membre
asinus
29 juin 2014 19 h 27 min

yep je voudrais pas faire ma sucrée , mais le jour ou le prolétariat réglera son compte aux gros bourges je viendrais avec ma bande de bolcheviks isga sampiero et le bien givré rasé ce lieu de bombance luxe stupre et volupté ou mossieur Buster circonvient des apparatchiks aux origines slaves tout en snobant des camarades d’ici au motif que ranta ou asinus ça fait un rien métèque !
http://youtu.be/p1Sss6loNlA

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
29 juin 2014 19 h 44 min
Reply to  asinus

Heuuuu
Il y a 50 ans quand nous le chantions
____ « Vous les sabreurs les bourgeois les gavés »
Nous rajoutions « ♫ ♪ Et les curés ♫ »

asinus
Membre
asinus
29 juin 2014 19 h 29 min

enfoirés de bourges et en plus ils me colle aux cagoinces 😥

Lapa
Administrateur
Lapa
29 juin 2014 19 h 36 min
D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
29 juin 2014 20 h 00 min

Est-ce que dans les brumes d’une fin de soirée très arrosée quelqu’un a dit à Léon: Embrassez moi?

Léon
Léon
30 juin 2014 12 h 56 min
Reply to  D. Furtif

Je crois vaguement me souvenir d’une créature bonde décolorée avec les cheveux courts…

snoopy86
Membre
snoopy86
30 juin 2014 14 h 02 min
Reply to  Léon

C’était pas le jour de la gay-pride ?

Parce qu’en fin de soirée faut se méfier des Conchita Wurst 😆

Cosette
Cosette
4 juillet 2014 13 h 43 min

à l’abri dans la salle des coffres du Bunker spécial, derrière une porte blindée de 40 cm …
inaccessible au pique-assiette de base

ranta
ranta
4 juillet 2014 15 h 10 min
Reply to  Cosette

On pourra jamais te faire participer à nos combines toi ! 👿

C’est plus fort que toi hein ! faut que tu gougueules…