A une Dame créole

A une Dame créole

Au pays parfumé que le soleil caresse,
J’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprés
Et de palmiers d’où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés.

Son teint est pâle et chaud; la brune enchanteresse
A dans le cou des airs noblement maniérés;
Grande et svelte en marchant comme une chasseresse,
Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.

Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire,
Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire,
Belle digne d’orner les antiques manoirs,

Vous feriez, à l’abri des ombreuses retraites
Germer mille sonnets dans le coeur des poètes,
Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.

Charles Baudelaire

Poème classé dans Amour, Charles Baudelaire, Sonnets.


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Cosette
Cosette
21 octobre 2013 17 h 21 min

Écrire des poèmes, c’est pas un peu subversif dis-moi?
Mohammed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib condamné à la prison à vie pour avoir écrit un poème où il rendait hommage à la révolution tunisienne