Sept soeurs en Ecosse N°2

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Les sept sœurs dAchnacarry

C’était il y a ??? 30 ans , chez un vague voisin de l’ami d’un ami en Provence. D’une manière totalement incongrue, on en vint à parler de l’Écosse et de ses immense Landes .Comment il en vint à nous dire   qu’il était Ecossais d’origine? Peut-être en sirotant un Whisky ?. Pour ma part, bien des années  avant , un reportage des années 60 sur la chaîne unique m’ avait appris « l’enclosure » new age de l’Ecosse , l’appropriation d’espaces grands comme des cantons de Gironde, avec tout, les routes, les forêts, les torrents jusqu’au sommets les plus désolés, les bruyères et les coqs du même métal.♫♪ Tout est au Duc.♫♪ Je me rappelle, en noir et blanc sur la vieille télé familiale, les cerfs entrevus et réservés au seul plaisir  de fortunes dont on ne pouvait même pas avoir idée. Plus tard, à Poitiers, un collègue rencontré tous les ans aux corrections d’examens qui , va savoir à quelle occasion, nous raconta : comment , ayant offert son aide à un inconnu « perdu au bord d’une route en cherchant un raccourci qu’il ne trouva jamais » en avait reçu le remerciement inouï d’une invitation régulière, sans adhésion, à des parties de pêche dans un immense domaine de la lointaine Écosse. Comment en étaient-ils venus à parler pêche ? Quelques cannes dépassant d’un plaid sans doute ?

Entendre ce garçon parler de pêche en Écosse , m’a fait longtemps attendre impatiemment la période des examens et des corrections. Puis le collègue passa à autre chose de moins gai et moi à la retraite : fin des hameçons, des lancers et des mouches, fin des torrents et des hors d’âge.

Le voisin de Provence, bien avant,  s’en était tenu à une évocation émue de son pays natal assurant contre nos moues dubitatives que c’était un pays magnifique. La petite séance diapo ne nous fut pas épargnée. Elle se trouve dans le fatras de ma mémoire au chapitre Écosse , remis à jour , pour les plus attentifs, par les nombreux jardins matinaux venus de là-bas, qui, à chaque fois , refont chanter l’accent traînant de mon Écossais d’Aix en Provence.

Je vous ai parlé de fatras , car dans le coffre Ecosse vous pourriez trouver quelques scènes bouffonnes du film Casino Royale et une lecture jamais évanouie datant de l’école primaire du Fantôme de Canterville avec en annexe Claude Rich dans le téléfilm de Claude Santelli. Ah Claude Santelli !. Il n’a jamais su tout ce que je lui devais . Même mon métier . Mel Gibson bien sûr mais ça c’est du tout frais. De l’encore plus frais , Buster et son livre que je lui rendis un jour où Ranta cherchait la foi.

Ma mémoire me joue tellement de tours en ce moment que je la provoque un peu, histoire de lui faire comprendre qu’il n’est pas question qu’elle se laisse aller .

Dans ce coffre vous ne trouverez pas Macbeth cette pièce vue 4 ou 5 fois , je l’ai toujours sous la main , elle et ses trois sorcières et sa forêt qui avance.

C’est la mémoire immédiate qui flanche de plus en plus . Comment je suis arrivé aux chasses au coq de bruyère du château d’Achnacarry ?

Les mémoires de Churchill relues cet été?

Le bouquin sur les casseurs de code et ses jeunes Écossaises de Bletchley Park?

Les marins parachutistes du capitaine Bergé et l’enseigne de vaisseau Kieffer qui sont passés par là, le raid sur Dieppe,  le débarquement ?

Va savoir

C’est comme ça en tout cas qu’au coin de l’œil un truc accrocha mon regard…

Heu … plait-il.

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C’est comme ça que 13 ans avant Kieffer dans ce château d’Achnacarry le 28 août 1928 un certain Henri Detering de la Royal Dutch Shell invita des amis et collègues en Pétrole à dégommer quelques coqs et à une discussion secrète . Qui avions nous là, discutant à l’écart loin de tout oreille indiscrète ?

Nous y viendrons

Sur le partage des trophées de la chasse du jour il n’y eut pas débat . Ce n’était pas l’objet mais la discussion fut serrée. Le sujet : l’avenir du Monde, rien que ça

Devant la cheminée ou autour du billard ils n’étaient qu’une poignée, mais pouvaient-ils être plus nombreux ?.

À ce niveau de compétences et surtout de moyens il n’y avait pas foule à l’époque.

La réalité veut que les Eldorado pétroliers se situent de préférence au fond du fond des coins les plus improbables de la planète, éloignés de tout, des routes , des villes , des fleuves des ports voire bien souvent des hommes . Il faut pour chercher , découvrir , extraire, transporter , raffiner, commercialiser : des capitaux énormes.

Hélas pour eux les pays dits producteurs manquent des hommes à l’excellence scientifique et technique pour la prospection sur le terrain. Ces hommes existent mais ils sont pris, ils sont déjà employés. Les pays producteurs manquent aussi des laboratoires pointus pour faire l’analyse des prélèvements et graphiques de sondage. Il faut pouvoir déterminer à coups sûrs l’existence sous la surface de la structure géologique appelée chapeau de gendarme parce qu’elle a l’allure d’un chapeau de gendarme Bien sûr ces labos existent mais ce sont justement ceux des compagnies étrangères puis vient l’étape des forages d’exploration . Le matériel et l’expérience humaine atteignent des coûts faramineux . On n’y pense pas assez mais noyer les trépans dans la boue pose en zone désertique et dans les toundras glacées des problèmes insurmontables.Un forage gagnant pour 10 ou plus de perdants car les chapeaux les plus nombreux sont des chapeaux vides.

Quand le pétrole est là , on n’est pas sorti d’affaires pour autant. Le gisement trop « vieux » manque de pression, le liquide est localement trop visqueux, ou relativement pas assez riche et il faut pomper. Quelques fois il faut réinjecter de l’eau de mer pour retrouver de la pression.

Soyons bref. Du puits au port , il faut des pipes lines ….quand il y a un port. Et là vous n’avez encore rien payé.Il faut bâtir une raffinerie et les raffineries comme un fait exprès ( à l’époque) ça coûte tellement les deux bras qu’on ne peut les installer que dans les pays qui ont les moyens scientifiques , techniques et humains …

Au XXè siècle débutant on ne se bouscule pas dans ce concours là. Vous avez pu remarquer qu’à chaque étape de la chaîne une masse considérable de capitaux est indispensable. Payer le matériel , les hommes , les transports etc …avant que Raymond et Yolande aillent manger chez belle maman ou que Zezette aille chez René porter les clefs du camion. Ça va prendre un petit moment.

Il faut donc avoir les reins assez solides financièrement .

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C’est bien pourquoi , là autour du billard , on ne se bouscule pas.

Le point capital de la discussion est simple : on ne se tire pas dans les pattes entre nous.

Ce qui signifie que tout au contraire , on se protège mutuellement contre les adversaires.

Tout ce qui pourrait faire grimper en flèche les coûts est combattu .

  • Les pays propriétaires et leurs exigences en royalties
  • La main d’œuvre et les coûts salariaux à tous les stades
  • et les exigences de la clientèle

Alors , dans la fumée des cigares , on se partage le pétrole du monde entier. On a là les dirigeants

de la Standard oil,

de la Shell et

de l’Anglo Iranian.

Le pétrole est devenu le premier enjeu stratégique mondial et les petites guéguerres entre concurrents ne peuvent que mal finir. Alors …Si on n’y fait pas gaffe on risque de tuer la poule aux œufs d’or.

Alors on fixe les frontières des intérêts des groupes , on règle les différents litiges locaux et on gèle la situation et les rapports de force. Je le suis souvent demandé où les types de Yalta avait chipé l’idée. En pleine guerre ça m’a toujours paru bizarre. Le modèle aurait très bien pu venir de nos joueurs de billards …qui eux… en pleine paix….. »On se partage le gâteau« .

C’est ainsi que pour des « siècles et des siècles » on met en place le fonctionnement de l’industrie pétrolière mondiale.

La Standard Oil parle ce soir là pour ses petites camarades américaines

Josette Mobil,

Lilianne Texaco, et

Arlette Gulf puis

Eliane Aramco. .

Nous avons là l‘accord des 7 sœurs qui viennent de se partager le monde. Par delà et au dessus de la volonté des états , montrant la voie à bien des alliances futures, cette clique tiendra tout entre ses mains jusqu’en 1973. La misère maintenue des peuples le luxe honteux des bandes  au pouvoir dans les pays producteurs tout est inscrit dans ces accords d’ Achnacarry.

Je me demande __ il faudrait chercher__ si cette Coupole des pétroles n’est pas antérieure à celle de la mafia

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Léon
Léon
13 octobre 2013 16 h 22 min

Cela s’est déroulé en 1928 ? Alors, non la mafia lui est antérieure : fin du XIXe. Les sept soeurs constituent effectivement un magnifique exemple de cartel. Un modèle du genre. Je me suis, au demeurant, souvent demandé pourquoi dans certains secteurs ou les producteurs sont une poignée, certains cartels arrivaient à se constituer et pas d’autres. Les avionneurs, par exemple, sont assez peu nombreux pour en constituer un, pourtant ce n’est pas le cas.