Mauvais genre

Tomboy

J’avoue assister avec effarement depuis quelques jours à la polémique sur l’introduction de « l’enseignement de la théorie du genre à l’école ».

Rappelons d’abord quelques évidences qui ne font même pas débat :

L’identité sexuelle est le produit de la biologie et de la culture. Celui qui nierait l’une ou l’autre de ces composantes serait tout simplement un imbécile.

D’abord, la virilité et la féminité biologiques sont elles-mêmes partiellement susceptibles de connaître des degrés, puisque les mêmes hormones sont présentes chez l’homme et la femme : seul leur dosage diffère, mais avec la particularité qu’au bout du compte, et en dehors de cas très rares d’intersexuation, il aboutit à une discontinuité sexuelle. En d’autres termes, il y a des hommes plus ou moins virils, mais qui sont des hommes, et des femmes plus ou moins féminines, mais qui sont des femmes.

Ensuite intervient la culture, l’éducation, qui va attribuer à des personnes que la biologie identifie comme mâles ou femelles des rôles qui, eux, sont susceptibles de varier suivant les sociétés. C’est ici, évidemment qu’interviennent les gender studies qui s’intéressent aux  manières dont ces rôles sont attribués et fabriqués. Avec, il ne faut jamais l’oublier, l’idée que presque partout ils aboutissent,  non seulement à une différentiation, mais aussi à une infériorisation quasi-systématique des femmes. Les gender studies ne sont donc nullement de simples observations scientifiques, elles ont un rôle militant : découvrir les mécanismes qui conduisent à une différentiation accusée d’être la source de l’inégalitarisme et de l’oppression des femmes. C’est là, évidemment que se situe le nœud du problème.

C’est donc typiquement un combat féministe et rappelons que la première phrase du « Deuxième sexe » de Simone de Beauvoir est : « On ne naît pas femme on le devient ». Si on la prend au pied de la lettre et en dehors de son contexte, c’est évidemment une sottise, mais qui permet d’attirer l’attention sur des sources de souffrances des femmes,  autres que celles qui résultent d’un rapport de force physique défavorable et, incidemment, de certains hommes.

Il s’agit des conflits entre genre et sexe.

Par exemple, des femmes (et ceci peut se rencontrer aussi chez des hommes) qui se voient obligées de se normer à un rôle qu’elle refusent, soit que leur relative virilité biologique entre en contraction avec le genre que la pression sociale leur impose, soit que le rôle en question, dans sa dimension construite et le plus souvent arbitraire, s’oppose à l’égalitarisme propre à nos valeurs démocratiques (et humanistes, depuis au moins que l’église catholique a consenti à ce qu’elles  soient des êtres humains avec une âme !). En d’autres termes, si l’on n’est pas prêt de voir des compétitions sportives mixtes (sauf dans de très rares sports mécaniques) cela ne peut en aucune manière justifier des différences de salaires à emploi identique et compétence égale.

Ceci étant posé, venons-en à ce programme qui fait tant polémique.

Le gouvernement socialiste s’insurge contre la présentation qui en est faite à droite, à l’extrême-droite et, c’est assez piquant,  chez les musulmans comme chez les cathos intégristes.

Oublions l’élément de langage « la théorie du genre n’existe pas ». Foutaise purement sémantique comme le « mariage pour tous ».

Voyons les arguments sérieux :

1)  Il s’agit de promouvoir, non pas l’indifférenciation des sexes, mais leur égalité.

2)  C’est à l’école de la République de le faire, et dès le plus jeune âge, afin de faire avancer la société française sur la voie du progrès sociétal.

Sur le premier argument, on est tout à fait en droit d’avoir des doutes. « Papa porte une robe » n’a rien à voir avec l’égalitarisme, mais tout à voir avec l’identité de genre, l’identité culturelle.  La robe n’est en aucune manière un élément objectif sérieux d’inégalitarisme par rapport au pantalon (une blague machiste prétend même qu’avec un pantalon baissé, l’homme court moins vite qu’une femme les jupes relevées…) .

La promotion du film Tomboy relève de la même préoccupation identitaire et non égalitaire sur le plan du sexe, il faut arrêter de nous raconter des histoires. Plusieurs éléments relevés dans ces directives, notamment par les journalistes du Figaro le montrent. Si bien que l’on est tout à fait en droit de considérer comme non satisfaisantes les dénégations de la gauche sur ce programme présenté comme devant seulement promouvoir l’égalité entre filles et garçons. Il n’y a pas, cette fois de fumée sans feu, même si certaines rumeurs sont, en l’état actuel des choses, délirantes.

Sur le deuxième argument, il faut être clair : je préférerais que l’école apprenne correctement à lire, écrire et compter, ce ne serait déjà pas si mal. Je ne suis pas sûr que cela soit dans la vocation de l’école républicaine de se livrer à ce genre « d’éducation » des enfants. Qu’elle se contente déjà de les instruire. De mon point de vue, la formation à la raison, à l’intelligence, à la connaissance et à la culture est bien suffisante pour permettre aux jeunes  d’établir leur discernement, y compris sur ces sujets-là.

Et puis, il y a quelque chose de dérangeant dans cette volonté de vouloir créer d’une manière volontariste cet « homme nouveau », fantasme des toutes les sociétés totalitaires, de Goebbels à Pol Pot. Le rôle du pouvoir politique est sans doute d’accompagner les mutations sociétales en respectant le rythme qui les caractérise, peut-être pas de les provoquer en les bousculant.  J’ai le plus grand rejet des religions, il ne me viendrait pas pourtant l’idée d’imposer un programme d’athéisme dans les écoles.

Alors que, sur «religions et égalité des sexes», il y aurait à dire…

Lectures :5789
8 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments
D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
31 janvier 2014 12 h 54 min

Pendant que je rédigeais un commentaire au Jardin, Léon lui faisait un article.
Je rajouterai par l’écho plus que redondant donné à cette affaire par le monde médiatique et son extension Showbizz People…qui se mêle lui aussi de nous dire ce que nous devons dire ou penser…
Vivement qu’on nous remette la guerre en Centre Afrique.

ranta
ranta
31 janvier 2014 14 h 21 min

« Il n’y a pas, cette fois de fumée sans feu, même si certaines rumeurs sont, en l’état actuel des choses, délirantes. »

Et bien moi je les trouve excellentes ces rumeurs, elles ont eu le mérite de faire sortir leslups du bois. Des loups qui sont bien gênés aux entournures.

Dora
Membre
Dora
31 janvier 2014 14 h 32 min

Une fois encore, on peut regretter qu’aucun travail de terrain ne soit à l’origine de la démarche du gouvernement. Depuis une vingtaine d’années, des annonces contradictoires ont été faites successivement sur la violence à l’école : un enfant sur 10 la subirait en France. Puis certains journalistes ont relativisé, sans faire l’effort de l’investigation dans des quartiers différents pour préciser comment elle s’exerçait. Une chose est sûre : la violence existe autant dans les écoles privées que dans les quartiers à ghettos. Elle n’utilise pas les mêmes moyens, mais certains mots sont les mêmes. Il aurait été beaucoup plus intelligent de travailler sur le respect des différences, sans toutefois stigmatiser celles-ci : c’est là où l’on s’attendrait à un minimum de compétence dans les ministères. J’ai toujours eu une oreille attentive à ce qui se passait dans les écoles et établissements de mon quartier, ou bien lorsque je passais près d’une école dans une autre ville. Je me suis demandé pourquoi, dès la première année de maternelle, des petits garçons traitaient de manière récurrente certains autres de « PD », et pourquoi cela continuait jusqu’au collège et au-delà? A la maternelle, c’est sans doute parce qu’ils ont entendu leurs parents et/ou grands frères utiliser ce vocabulaire. Ils ne connaissent pas la signification, simplement la haine de celui qui le prononce. A lire ABSOLUMENT à ce sujet : « Pour en finir avec Eddy Bellegueule » par Edouard Louis. http://www.lexpress.fr/culture/livre/en-finir-avec-eddy-bellegueule-difference-exclue_1318328.html Plus tard, c’est à l’encontre d’un de leurs pairs, parce qu’il a une voix haut perchée, ou bien qu’il est fluet et plus éduqué qu’eux. Comme ces collégiens ricanant lors d’une visite du patrimoine, parce qu’un des étudiants en architecture et conférencier circulait dans un véhicule de couleur framboise. J’ai recueilli les confidences et la détresse d’un adolescent qui exprimait sa souffrance d’être perçu comme différent. Il avait remis un document avec un projet de suicide. L’infirmière scolaire s’était investie dans la formation aux premiers secours, grand dada de l’éducation nationale. Seulement elle n’était jamais à son poste pour prendre le temps d’écouter les victimes de violence. J’ai entendu aussi les mots du racisme : c’est à se jeter par la fenêtre ! Une adolescente en collège privé a reçu des mots orduriers de filles de notables parce qu’elle parlait à un garçon « pauvre » de leur classe. Au Québec, il a été expérimenté des méthodes pour combattre la violence. Pourquoi ne… Lire la suite »

Cosette
Cosette
1 février 2014 19 h 42 min

Bijour à tous,

Très maladroits ces socialo-libéraux sur le sujet (comme sur d’autres) ; y font exprès ou quoi? pour ne pas aborder des sujets plus importants pour le pays comme : le travail/le chômage, pauvreté, les délinquances, la réserve parlementaire inscrite dans aucun texte, la corruption politique, l’immigration, les réseaux clandestins, etc…
Leur truc « gender » pour moi c’est de la foutaise! une arnaque! suffit de voir comment se comportent en réalité la plupart de ces hommes socialistes avec les femmes.

En face on a
les « saintes alliances« .

Plusieurs familles ont reçu la semaine dernière un SMS inquiétant :
« l’Education nationale va enseigner à nos enfants qu’ils ne naissent pas fille ou garçon comme Dieu l’a voulu mais qu’ils choisissent de le devenir. Avec des intervenants homos ou lesbiennes qui viendront leur bourrer la tête d’idées monstrueuses… ».

Voir les groupes de pression religieux sur les hommes politiques en Europe, aux E.U.

Presque tous les pouvoirs politiques considèrent que la religion est une bonne chose pour les sujets ou les citoyens. Les libres penseurs, les sceptiques, les agnostiques et les athées représentent pour eux un danger s’ils deviennent trop nombreux, car ils ne sont pas aussi facilement manipulables. Encourager ou soutenir la religion est un moyen pour les gouvernants d’annihiler tout esprit de rébellion par la promesse d’un lendemain meilleur. (Atheisme free)

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
1 février 2014 19 h 55 min
Reply to  Cosette

Ça fait longtemps que je dénonce cette collusion Vatican < => La Mecque
Je faisais remarquer hier l’attitude d’un islamien hyper actif sur Maboul qui fait de la Lèche à tous les réacs fachos cathos qui trainent.
Et ces derniers ne sont pas fachés de recevoir ce soutien.
Rappelons nous le soutien appuyé de Momo aux fakirs de son Forum devenus par falsification du lexique des pauvres victimes du racisme.
Hieronimbus victime du « racisme islamophobe » si ça ne vous fait pas rigoler????

Léon
Léon
2 février 2014 8 h 05 min

A signaler cet intéressant article sur la question, paru dans « Le blog du Chaudron psychanalytique » par Jacquelyne Poulain-Colombie. On espérait obtenir l’autorisation de le publier mais notre demande est restée sans réponse. Alors on vous donne le lien.

ranta
ranta
2 février 2014 10 h 02 min

« Dieu merci qu’on expérimente » Nicolas Domenach


Ca se dispute du 31/01/2014

« Dieu merci Zemmour existe » ranta.