Vous avez dit : « culture populaire » ?

Il y a quelques jours (Lundi 17 mai) un documentaire sur une expérience extraordinaire a été  diffusé sur France Ô.

On en trouvera quelques détails ici, mais en gros, dans un lycée de ZEP préparant essentiellement à des bacs techniques, la proviseure et quelques profs ont eu une idée bouleversante dans son principe et géniale dans sa simplicité : sous forme d’un club facultatif destiné à des élèves de terminales  baptisé « Les voraces » ils ont voulu mettre ces jeunes issus de milieux populaires, souvent immigrés, dans un contact frontal et sans  concession avec la culture de l’élite .

Programme insensé sur le papier, tellement il était ambitieux : à travers des thèmes multiples comme l’identité ou la révolution ils ont eu des cours de philosophie, sur la peinture, ils ont rencontré de grands intellectuels, des acteurs majeurs de l’Histoire encore vivants, des artistes, toutes personnes qui normalement leur auraient été inaccessibles. Ils ont fréquenté des théâtres, des musées, assisté à des concerts classiques, rencontré des virtuoses, tout cela en plus de leurs activités scolaires normales sur un rythme soutenu malgré la nécessité de préparer le bac. C’est le résultat sur les jeunes qui était le plus émouvant dans ce documentaire : ils sont sortis de cette expérience plus mûrs, plus curieux, avec la certitude désormais que tout cela « pouvait aussi être pour eux », ils n’étaient plus intimidés par cette culture.


La culture populaire et le relativisme culturel.

Ce documentaire a ressuscité chez moi des interrogations déjà anciennes que l’on peut brutalement formuler ainsi : existe-t-il une culture populaire et que vaut-elle face à la culture bourgeoise ?

La réponse marxiste par exemple, est en réalité assez vague. La culture y est une superstructure déterminée par les rapports de production et donc, dans une société où c’est la bourgeoisie qui détient le pouvoir, la culture dominante est aussi la culture bourgeoise.

Pour autant, on ne sait pas trop ce que c’est, la « culture bourgeoise »… Peut-être peut-on comprendre qu’une culture populaire, et encore plus « révolutionnaire » ne traiterait pas les mêmes sujets  et qu’elle s’intéresserait, par exemple, plus au travail et moins aux histoires d’adultères et de crimes ? Mais si on peut imaginer une différence sur le fond, rien n’y est dit de la forme, or c’est elle qui est déterminante dans la production des œuvres d’art, on le sait depuis l’essai passionnant de R . Debray dans « Vie et mort de l’image. Une histoire du regard en Occident ».

La réponse du PCF au lendemain de la guerre, conforme sur ce point au gaullisme social a été claire : l’objectif assigné au développement de la culture populaire n’était en aucune manière de pousser le peuple à produire ses propres formes culturelles, mais de permettre au peuple d’acquérir celles de l’élite bourgeoise (développement des MJC, subventions aux théâtres nationaux, festival d’Avignon, travail avec les CE etc). Même dans les pays communistes, les productions artistiques fondées sur de réelles cultures populaires ont été assez minces, tout au plus pourra-t-on citer l’expérience des ballets Moïsseiev qui s’appuyaient sur les danses populaires de l’URSS ou l’enseignement de la balalaïka dans les conservatoires, ou encore, localement, l’enseignement du chant diphonique mongol. Dans l’ensemble ce sont bien les formes les plus classiques qui ont été encouragées et copiées jusqu’à ce paroxysme du « réalisme socialiste ».

Le gauchisme et le relativisme culturel.

La réponse gauchiste, appelons-la « libertaire et soixante-huitarde », et qui continue de fortement imprégner la pensée de gauche dans ce domaine, a été celle du relativisme culturel qui s’applique aussi bien aux cultures nationales qu’aux cultures sociales.

Pour simplifier, elle consiste à affirmer qu’en l’absence de tout critère objectif pour les évaluer, toutes les cultures humaines ont de la valeur et même valeur ce que, à titre personnel, je conteste formellement : on ne me fera jamais avaler que Don Giovani de Mozart vaut Blue Suede schoes, de Gene Vincent, que les tags des wagons du RER valent les tableaux de Renoir ou que les slams de Grand corps malade valent les poèmes de Rimbaud. Pas plus que l’on arrivera à me faire avaler que la culture pygmée vaut la culture française.

Seulement voilà, comment justifier ce qui semble un jugement aléatoire ethnocentré et totalement subjectif ?

La complexité

Il me semble que la réponse peut être cherchée dans la complexité.

La matière a évolué vers des formes de plus en plus complexes, particules, puis atomes, molécules, matière inerte puis organismes de plus en plus élaborés, jusqu’à l’homme. Il ne viendra à l’esprit de personne de soutenir que les formes de vie d’une amibe et d’un chimpanzé sont équivalentes pourtant, mutatis mutandis, c’est ce que prétendent ceux qui mettent sur un pied d’égalité Stone et Charden d’un côté, la Callas de l’autre. Je veux dire que cette approche peut s’appliquer à la culture. C’est sa complexité qui fait sa valeur ; cela vaut pour l’ensemble de la culture comme pour les œuvres artistiques elles-mêmes.

Mais comment mesurer la complexité ? Par la quantité d’informations-structure, c’est à dire la quantité minimale de mots, signes, symboles nécessaire pour déterminer, définir l’objet ; le décrire, si l’on veut.

Il y a de bons « trucs » pour percevoir la complexité. Par exemple l’épaisseur des notices de montage ou celle des modes d’emploi ou, en informatique, le nombre de lignes de codes. L’informatique est d’ailleurs la seule science vraiment capable d’objectiver la complexité d’une manière rigoureuse.

En matière culturelle un autre indice, moins rigoureux, de la complexité est le temps d’apprentissage nécessaire pour être en mesure de produire telle ou telle œuvre. Combien de temps faut-il pour apprendre à danser la tektonik, combien de temps pour devenir un danseur classique de l’Opéra de Paris ?

On m’objectera évidemment qu’il y a des œuvres simples qui émeuvent et des œuvres compliquées qui laissent de marbre, mais on aura bien compris qu’il s’agit justement de sortir du seul jugement hédoniste et nécessairement relativiste du plaisir suscité, et que je fais référence à un temps moyen ou « ordinaire » d’apprentissage sachant qu’il y aura toujours des cas d’individus plus ou moins doués.

Plus les cultures sont complexes, plus elles sont évidemment difficiles à comparer en bloc : sur tel point telle culture sera supérieure à un autre, sur telle autre elle pourra être en retrait ; ce n’est pas faire du relativisme de l’affirmer, au contraire. La culture juive est faible sur la peinture et la sculpture (interdiction de la représentation humaine) la culture gitane forte seulement dans le domaine de la musique (nomadisme) la culture arabe très forte dans le domaine de la calligraphie, faible en matière culinaire etc etc. Et en se basant sur le même critère de la complexité, la peinture occidentale comme sa musique savante, comme sa littérature, sont sans égal dans le monde.

Une vraie politique culturelle

Les politiques feraient bien de ne pas se fourvoyer et de maintenir la diffusion de la culture de l’élite bourgeoise comme objectif démocratique et ne pas disperser des moyens publics dans la promotion d’hypothétiques « cultures populaires » qui n’en ont nul besoin. Ce qui implique aussi un droit de regard sur le principal média encore utilisé par le peuple, la télévision, c’est un tabou qu’il faudra bien se décider à lever, même si c’est déjà devenu un peu tard chez les jeunes avec l’impact d’internet auprès d’eux.

Il y aura bien une mesure de ce gouvernement qui trouvera grâce à mes yeux : la gratuité des musées pour les jeunes.Honte à la gauche de ne pas l’avoir fait en son temps…

Léon

PS : La photo  de la fête de Marie à Venise  qui illustre cet article n’a rien à voir concrètement, elle est de l’ordre du symbolique : c’est beau, c’est dans une ville chargée de culture classique;  et que celle-ci embellit ces jeunes femmes !

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ranta
ranta
1 juin 2010 12 h 10 min

Voilà un article très intéressant. J’espère qu’il sera abondamment commenté.

Pour ma part, après qu' »on » a vainement tenté de me faire ingurgiter des tas de trucs devant lesquels je ne parvenais pas à m’extasier et à comprendre, j’ai décidé qu’en la matière mon seul critère serait l’émotion. je suis bien sûr admiratif devant la technique mais il y a des oeuvres techniquement parfaites qui sont froides et d’autres avec une technique rudimentaire qui font vibrer.

Marsupilami
Marsupilami
1 juin 2010 17 h 36 min

Très bon papier, Léon. Malheureusement le gouvernement a lancé Waka son site d’info à destination des djeun’s sur le plateforme Skyrock. Un monument de pure démagogie pseudo-culturelle et pseudo-populaire.

Un bémol quand même sur la musique : les musiques classiques indienne, chinoise ou japonaise sont aussi belles et complexes que la musique classique occidentale. Et une bonne version de Blue suede shoes vaut largement un Boulez chiant ! Et la kora africaine de Toumani Diabaté ou de Ballaté Sissoko c’est incroyablement beau et subtil.

Léon
Léon
1 juin 2010 18 h 46 min

Si on s’en tient à la seule complexité (c’est à dire sans faire entrer en ligne de compte un jugement esthétique ou sensuel), d’accord pour la musique indienne, pas d’accord pour les musiques chinoise et japonaise qui, à côté, sont très rudimentaires.
Boulez est hyperchiant, mais aussi hyper complexe. Après, c’est le marché (au sens noble, faisant donc intervenir des critères de goûts, d’émotion, d’éducation) qui va décider si ces musiques font partie de la culture d’une société, ce qui ne semble pas vraiment être le cas ici.

Marsupilami
Marsupilami
1 juin 2010 19 h 03 min
Reply to  Léon

@ Léon

Donc la complexité n’est probablement pas un critère suffisant et objectif pour qualifier ce qui est de la culture ou de l’art « top-niveau ». Stockhausen est hyper-complexe et encore plus inécoutable que Boulez. Dutilleux est aussi complexe que Stockhausen mais il fait de la musique écoutable… pour ne parler que de compositeurs contemporains.Mais bon, les goûts et les couleurs, etc. J’aime à peu près toutes les formes de musique sauf en général le rap et le jazz rabâcheur. J’essaierai de trouver des liens pour la musique japonaise et chinoise classique, qui sont évidemment très différentes des musiques classique indienne ou occidentale, peut-être plus subtiles que complexes, la subtilité étant peut-être la face ineffable, non quantifiable de la complexité…

Léon
Léon
1 juin 2010 19 h 39 min
Reply to  Marsupilami

Non, la complexité n’est pas un critère suffisant, je suis d’accord avec toi, mais c’est à mon avis le seul qui soit quantifiable et il permet quand même de prendre du recul et de sortir du seul relativisme sensitif, j’aime ou j’aime pas, ça me touche ou ça ne me touche pas. J’ai par exemple mis du Rachmaninov en vidéo de la semaine. C’est une musique qui me transporte, mais je devrais peut-être mettre quelque mots plus « objectifs » sur cette musique. Cela ne semble pas enthousiasmer nos lecteurs…

Marsupilami
Marsupilami
1 juin 2010 20 h 46 min
Reply to  Léon

@ Léon

Tu re-poses le problème là où tu l’avais déjà posé du point de vue de la quantité, donc du point de vue du rationnalisme occidental. Peut-on quantifier la complexité ? Oui, d’un point de vue relatif, cf diverses théories de linformation. Mais l’hyper-complexité débouche sur l’inquantifiable sauf à verser dans la dé-mesure dans laquelle tombent toutes les philosophies qui postulent que tout est mesurable… La culture et l’art peuvent-ils être jugés à l’aune de ces quantitativités ? Oui et non, selon le point de vue qu’on adopte. La subtilité, ombre portée et soeur jumelle inversée de la complexité, n’est, elle, pas quantifiable, et c’est tant mieux vu que le monde où on vit ne se réduit pas à ce qu’il a de mesurable.

Autre angle non-musical : la charia est un système juridique extrêmement sophistiqué et complexe quand on considère les multiples applications circonstanciées dont il fait l’objet dans les diverses régions du monde où il est appliqué. Cette complexité ne le sauve pourtant pas des tares originelles sur lesquelles il s’est construit. Et pourtant, du pur point de vue de la complexité, il est équivalent aux complexes systèmes juridiques de nos contrées.

Et puis je préfère une bonne chanson populaire à un concerto bourgeois chiant. D’ailleurs, les danses hongroises d’un certain XXX, elles venaient d’où ?

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
1 juin 2010 18 h 54 min

Je veux bien prendre un moment pour considérer les résultats , ici admirables ,de l’invention pédagogique, mais une sourde inquiétude me mine quand je vois les entreprises de bonne foi comme décrites plus haut, ouvrir la porte aux impostures et aux renoncements.
Un certain Professeur ayant gravi les échelons des couloirs du ministère ( groupe d’experts de lettres) s’est distingué par de bien curieuses prescriptions. Plutôt que de résoudre les difficultés et surmonter les obstacles ce singulier pédagogue préconise de ramener les œuvres, la langue, les auteurs, à la hauteur des « apprenants » et non point l’inverse.
Alors , la langue , la morphologie , la syntaxe , tout ça aux orties, adviennent les situations d’énonciations et les actanciels

Pour répondre aux critères à la mode le professeur veillera à se se contenter d’être l’animateur d’un travail en groupes, afin que l’attention de l’élève soit déplacée vers la parole plurielle des camarades Enfin les beaux jours du relativisme culturel s’ouvriront sur la réflexion que la qualité morale des textes relève du jugement de chacun, et que la littérature n’appartient qu’à l’espace des opinions

Léon
Léon
1 juin 2010 19 h 40 min
Reply to  D. Furtif

C’est effectivement un recul, une défaite, même…

Ph. Renève
Ph. Renève
1 juin 2010 19 h 49 min
Reply to  D. Furtif

Terrifiante perspective: il ne s’agit plus pour ce genre de « pédagogue » d’élever l’esprit de l’élève, mais de donner un brouet assimilable à des cochons paresseux.
La négation parfaite de toute forme de culture.
Il ne faut surtout plus former des jeunes, il ne faut que les accompagner et les encourager dans leur vie économique végétative.

Sinistre personnage, dont l’action, inefficace espérons-le, est dans la droite ligne de l’ultralibéralisme abrutissant et s’apparente de près à un ethnocide culturel.

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
1 juin 2010 20 h 11 min

PÉTITION NATIONALE POUR LA SUPPRESSION DES IUFM

Cheville ouvrière de la « démocratisation » de l’enseignement secondaire encadrée par la loi de 1989, les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) ont aujourd’hui douze années d’existence.

Leur bilan est un bilan de faillite.

Fondés en principe pour faire la synthèse entre formation disciplinaire de haut niveau et pratiques de terrain, ils auraient dû être à la fois les instruments de l’élévation du niveau des enseignants et les « passeurs » de l’expérience éclairée qui explique la réussite de la politique d’instruction volontariste de la IIIe République (50% de conscrits analphabètes en 1830, 5% en 1910) ainsi que la réputation mondiale de l’École française.

Au contraire, ils ont instillé avec constance le dénigrement des disciplines et de tout savoir traditionnel,

ils ont imposé à des milliers de futurs professeurs le chantage à la titularisation, d’inefficaces théories de l’apprentissage, en lieu et place du patient artisanat sous la direction de professeurs chevronnés.

Oui, il faut restituer complètement à l’Université la préparation du Capes et supprimer l’épreuve sur dossier,

Oui, il faut pour les professeurs d’école une formation initiale plus complète et solide dans les disciplines de base, français et mathématiques, non assurée par l’IUFM,

Oui, il faut supprimer le mémoire professionnel des PE2 et PLC2, comme l’ont demandé divers syndicats,

Oui, il faut améliorer la formation théorique dans la discipline,

Oui, il faut conforter la formation continue en l’ôtant de la coupe des IUFM, en la rendant totalement à l’université ou aux grandes écoles,

C’est pourquoi cette structure dispendieuse et inutile doit se réformer ou disparaître.
http://membres.multimania.fr/reconstrlecole/Actions/Piufm2.html

Gazi B.
Gazi B.
2 juin 2010 12 h 17 min

A l’auteur :

Assez d’accord avec bien des points de l’article… mais, tel l’imbécile qui regarde le doigt plutôt que la lune, des petits détails me chiffonnent dans le paragraphe « la complexité ».

C’est effectivement complexe car, sur le côté « inégalable » de la culture occidentale je pense que, malheureusement, ceci est surtout le reflet de l’hégémonie culturelle occidentale.

Tous les peuples ont développé des versions savantes de leurs cultures.. mais celles-ci ne sont guère connues ici et, l’ethnocentrisme que paratagent tous les peuples tendent à considérer comme d’une portée universelle leurs productions artistiques et exotiques, pittoresques ou anecdotiques celles des autres..
On trouvera des musiques savantes dans le monde indien ou arabe qui n’ont guère à rougir face aux notres..

Sinon, il est vrai que l’Union Soviétique fit beaucoup pour amener au peuple la culture « bourgeoise » beaucoup plus qu’il ne fit la promotion d’expressions artistiques populaires..

D’autres petites choses : on trouve des cuisines particulièrement élaborées dans le monde arabe, notamment dans ce qui se consommait dans les palais royaux. Sans aller trop loin, le Maroc en est un un exemple.. et sur la peinture dans la culture juive, que dire de ces artistes qui revendiquaient leur « judéité » (tel Chagall), même s’il est vrai que le phénomène ne date que du vingtième siècle..

Merci sinon pour cet article qui offre la possibilité de discuter sur autre chose que les sujets racoleurs qui ont tant la faveur de certains sites..

GB:shock:

Léon
Léon
2 juin 2010 12 h 31 min

Gazi, quel plaisir de vous revoir en commentateur!
Globalement d’accord avec vous. Seuls effectivement des spécialistes peuvent faire connaître la complexité de productions culturelles étouffées par la culture dominante occidentale. Et pour ce qui est des musiques savantes, « classiques » comme l’on dit, arabe et indienne, je suis entièrement d’accord pour les ranger parmi les musiques très complexes, même si elles n’ont pas développé leur complexité dans la même direction que la musique occidentale. Pour la cuisine, marocaine, j’ignorais. Mais ce qui m’intéressait de développer ici c’était le point de vue que l’on pouvait adopter, dans certaines limites, un point de vue quantifiable sur les cultures.

gAZi bORAt
gAZi bORAt
2 juin 2010 16 h 50 min
Reply to  Léon

Un point de vue quantifiable sur les cultures ?

Cela se peut.. mais seulement sur des points précis et bien délimités. Un marxiste dirait que la culture n’est que superstructure, vous l’avez dit.. et les résultats des rapports de production, vous l’avez dit aussi.

Un ensemble socio-économique en une période faste produira plus qu’un autre qui se débat dans des difficultés économiques. Cela était la règle dans des sociétés anciennes où toute production artistique « visible » était due à une politique du Prince ou à des commandes d’institutions (religieuses ou autres) puissantes financièrement.

Cela s’abolit à partir du XIX° siècle et la république de Weimar, en pleine crise fut aussi un viver créatif dont nul ne conteste la valeur, qu’il s’agisse de la peinture (Expressionisme et Nouvelle Objectivité) ou du cinéma (L’expressionisme, encore..).

Pour la cuisine marocaine de cour.. Je vous envie d’avoir à la découvrir, un choc en perspective ! Il existe sur Paris des restaurants extrèmement coûteux pour lesquels je ne ferai pas de publicités mais qui excellent en ce domaine !

GB

COLRE
COLRE
5 juin 2010 10 h 24 min

Dur dur, léon, comme sujet, inépuisable en fait… et donc passionnant. Rien que le seul aspect artistique de la culture suffit à sa peine, mais il y a TOUTES les autres dimensions culturelles (les valeurs sociales, les structures politiques, la religion, les activités sportives, la technique…). Je suis réfractaire au « relativisme culturel » dans les domaines classiques qui ont trait aux grandes discriminations que pratiquent certaines sociétés envers des catégories humaines (sexisme patriarcal – mutilation des femmes, enfermements, viols ou meurtres dits « d’honneur », etc, la liste serait longue) – ou esclavagisme, par exemple, apartheid… Même chose, évidemment, pour les régimes politiques dictatoriaux, tyranniques et totalitaires… Y a-t-il un démocrate républicain dans la salle qui serait en désaccord ? Donc, il paraît légitime de rejeter le « relativisme culturel » comme valeur en soi sans se faire accuser d’ethnocentrisme. S’il faut accepter l’esclavagisme, l’excision et le despote sous prétexte de respect aux cultures exotiques… NON. En revanche, sur quels principes universels peut-on bâtir une échelle hiérarchique entre les manifestations culturelles sans donner l’impression de l’imposer d’en haut ? Vous dites « quantifier ». Oui, c’est un peu ça : quantifier selon un appareil mesurant la qualité culturelle, de la plus « basse » à la plus « haute ». Tout est là ! et là, ça se corse… Je ne pense pas que la « complexité » soit un critère facile à manier, parce qu’il est très difficile de définir la complexité qui, justement, est irréductible à des éléments simples. D’ailleurs, votre exemple sur « l’épaisseur des notices de montage ou celle des modes d’emploi » n’est pas bon car c’est justement un contre-exemple. L’épaisseur d’une notice peut, au contraire, démontrer qu’un appareil est « compliqué« , ce qui ne veut pas dire qu’il est « complexe« . Un appareil de haute qualité technique est un appareil où les éléments sont en synergie et jouent des rôles « intégrés« , comme des ailes de voiture qui sont à la fois protectrices et participant à l’aérodynamisme (réf. aux travaux de G. Simondon)… Je connais le domaine technologique et peu le domaine artistique, mais je me demande si les principes ne pourraient pas être les mêmes : une oeuvre où les éléments esthétiques (sonores, picturaux, architecturaux…) seraient intégrés, fondus, coordonnés, participant « tous » à la synergie créatrice. Un opéra de Mozart, par ex, ce n’est évidemment pas une succession agglomérée de notes, de rythmes, de voix, d’interprètes, de paroles et d’instruments, mais un « tout » fondu en « un ». Une référence que j’utilise souvent, à… Lire la suite »