L’anti-racisme au secours du racisme. Ou comment on fabrique ce que l’on prétend combattre.

Il y a au sein d’une partie de la gauche, une imposture autour de la question du racisme.

Les représentants de cette gauche-là, pour des raisons diverses et variées, ont absolument besoin d’affirmer leur amour inconditionnel pour les immigrés (notamment du Maghreb et d’Afrique).

Certaines de ces raisons peuvent relever d’une psychologie de déni ou de compensation assez simple. Par exemple lorsqu’on est un bon Français installé au Maroc pour sa retraite, on surjoue la proximité quasi-familiale (donc antiraciste) avec sa domestique locale pour se déculpabiliser de l’écart de niveau de vie et du tarif auquel on l’exploite. Ou lorsqu’on est un « souchien » marié à une  africaine ou une maghrébine et qu’on se comporte avec elle comme un odieux tyran domestique, on doit redoubler de zèle, adopter des postures humanistes et proclamer à grand bruit des convictions de gauche, comme l’anti-racisme et l’anti-colonialisme, tellement dans la vie quotidienne cela pourrait ne pas sauter aux yeux…

C’est un classique, on sait que les pourfendeurs les plus virulents de « pédés » sont en général des homosexuels refoulés et non assumés. Et plus on est, objectivement, par sa situation financière et son insertion dans le travail, éloigné du peuple, plus il faut prétendre qu’on l’aime si l’on veut rendre crédibles des convictions « de gauche ». Tout comme les antisémites ont leur juif pour lequel ils proclament haut et fort leur amour et leur haute considération…

Au-delà de ces histoires  individuelles, les raisons principales sont idéologiques, sauf qu’ici elles prennent une configuration quasi-religieuse. Ces gens-là sont terrorisés à l’idée qu’ils pourraient ne pas être des anti-racistes irréprochables, le racisme étant considéré par eux comme l’attitude la plus honteuse, la plus immorale, la plus dégradante qui soit et, pour tout dire, la plus pècheresse. L’anti-racisme est alors la vertu suprême par laquelle on marque son «ouverture d’esprit » son « progressisme», son « humanisme » et surtout son appartenance à la gauche –mais aussi sa distance par rapport à la « droite », devenue une sorte d’allégorie du diable.

Obsédés par le racisme et perpétuellement aux aguets, à le soupçonner partout, ils sont conduits à adopter  un certain nombre d’attitudes stéréotypées dès lors que l’on fait mine d’établir un rapport quelconque, même assez lointain, entre un comportement critiquable et l’origine ethnique de leurs auteurs.
Le cas le plus flagrant est celui de la délinquance et de la criminalité:
  • D’abord ils vont essayer de nier des informations statistiques qui seraient défavorables aux « potes », avec des arguments du genre « on peut faire dire ce que l’on veut à une statistique », en critiquant la méthode ou, plus généralement, la source ( un grand classique, c’est le fameux point momo), ce qui permet de rejeter l’information sans l’examiner.
  • Quand les preuves statistiques s’accumulent ( par exemple la surreprésentation des étrangers, plus spécifiquement des maghrébins et des africains parmi les détenus dans les prisons françaises ), et qu’ils ne peuvent plus nier les faits, ils tiennent alors le discours du déterminisme exogène.
C’est assez facile de le faire,  car tout le monde admet que la délinquance est évidemment multicausale, multifactorielle. Mais comme ces causes interviennent dans des proportions très difficiles à évaluer, chacun pourra privilégier celles qui l’arrangent dans sa cohérence idéologique et rejeter celles qui remettent en cause sa construction intellectuelle, avec peu de chances de pouvoir être démenti de façon irréfutable.

On doit admettre que jusque dans les années 60, l’essentialisme, le déterminisme, l’atavisme, le destin et la fatalité définissaient le statut et le comportement dans une société de classe où chacun, chacune, était tenu de garder sa place. La société dans son ensemble, faisait peu de cas du déterminisme socio-économique. Toute lumière ayant sa part d’ombre, les intellectuels et leurs émules arrivées au pouvoir sont passés de l’absence d’analyse des causes sociales à un excès de leur prise en compte — avec comme conséquence un  déni des réalités sociétales : ce sont les délinquants qui sont devenus des victimes…

À gauche on invoquera donc la pauvreté, le déterminisme socio-économique. Et au sein de cette gauche dont il est question ici, c’est la seule explication que l’on admettra.

C’est  une évidence, mais aussi un lieu commun partiellement inexact : la délinquance existe aussi dans les « csp + » comme l’on dit, même si elle est de nature différente, même si elle est plus rare. Mais du seul fait qu’elle existe, l’explication causale univoque par la pauvreté ne tient pas et doit être remplacée par une corrélation statistique, ce qui n’est pas tout à fait pareil. De la même manière, lorsqu’on montre que des populations immigrées, d’un même niveau social, mais d’origines ethniques différentes ont des taux de délinquance sensiblement différents, il n’est plus possible, non plus, de garder la pauvreté comme seul facteur explicatif. (D’ailleurs, globalement,  le creusement des inégalités semble plus pertinent, comme cause, que la pauvreté absolue.)
Entrent bien sûr dans ce déterminisme socio-économique tout ce qui concourt à cette pauvreté financière : le chômage, l’exclusion, la précarité.

Personne, absolument personne de raisonnable,  ne peut nier la pertinence de ces facteurs. Et, tant qu’on se limite à ces explications-là, on est dans la norme de la gauche bien-pensante, avec toute les intenses vertus morales qui sont supposées y être  associées.

Mais quand on se met à évoquer des facteurs culturels, là les anti-racistes commencent à s’agiter. Parce qu’ils sont aussi des adeptes du relativisme culturel, cela va avec. Toutes les cultures se valent, toutes sont nobles, attention à ne pas stigmatiser, touche-pas-à-mon-pote, oui à l’intégration – non à l’assimilation, vive la différence, notre culture n’est pas meilleure etc, etc.

C’est que plus personne, ou presque, ne pense le racisme pour ce qu’il est, à savoir le rejet de personnes au nom d’une supposée infériorité génétique, biologique du groupe auquel elles appartiennent. Dans la construction mentale de l’antiraciste compulsif d’aujourd’hui, c’est la culture qui remplace les gènes.

Donc, par exemple, la religion, donc par exemple, la culture de  machisme associée à un culte de la violence, donc, un refus d’intégration véhiculé par le milieu familial qui se traduit par un rejet ou un mépris de valeurs et des lois du pays d’accueil, tout cela n’existe pas et ne peut en conséquence constituer des facteurs générateurs et explicatifs d’un quelconque comportement social, y compris la délinquance.

Pourquoi cet aveuglement ? parce qu’il faudrait reconnaître qu’il pourrait y avoir dans la culture de l’autre quelque chose de critiquable, ce qui, contrairement à ce qu’ils affirment, obligerait aussi à évaluer la sienne. Attitude qui va jusqu’à l’absurde, jusqu’à ne pas oser affirmer que l’excision est une monstruosité, y compris  dans les pays où elle est une habitude, une norme culturelle… Jusqu’à  refuser de caractériser un délinquant, sauf s’il est riche et blanc. (Je ne sais s’ils le font encore, mais les journaux de gauche s’interdisaient de publier dans la rubrique « faits divers » les noms des auteurs de délits lorsqu’ils étaient à consonance africaine ou nord-africaine « pour ne pas stigmatiser…. ».)

Alors, pour ne pas avoir à  se prononcer sur des questions gênantes, ils utilisent  des anathèmes : « raciste », « islamophobe », « facho » ou le dernier en date, l’amusant  «dextrophile». Et tout de suite après l’anathème,  l’attaque contre la personne se développe et remplace l’argumentation. Parce que chez eux, évidemment être de gauche est la vertu, et de droite, le vice.   Et toute opinion, toute réflexion doit être d’abord évaluée à l’aune de ces labels avant d’être examinée pour elle-même. ( Ce n’est pas sans rappeler des discussions hilarantes que l’on peut trouver sur certains sites communautaires pour savoir ce qui est permis ou interdit par la religion). Et en oubliant, au passage, que certaines idées « de droite », comme, par exemple, la référence à la nation ou la laïcité ont été des idées de gauche.

Trop de gens de gauche récitent des mantras dégoulinant de bons sentiments: tous les hommes sont bons surtout s’ils sont pauvres et exploités, les arrière-petits enfants des colonisateurs ont une dette envers les arrière-petits enfants des colonisés, toutes les cultures sont bonnes, surtout celles des autres… Ils font un tort considérable à la gauche qui en  perd logiquement son ancrage populaire.

L’aveuglement de ces idéologues, leur bêtise et parfois leur lâcheté deviennent inacceptables. Si nous avons le Front National ce sera de leur faute. Le prétendu antiracisme de pacotille de ces soi-disant « humanistes » et leur « respect des cultures » retarde, gêne, empêche le processus d’assimilation et aboutit exactement à l’inverse de ce qu’ils prétendent défendre, en favorisant, au contraire, des attitudes de rejet et d’exclusion.

Un exemple : Marine Lepen propose d’interdire la double nationalité, interdiction qui est, d’ailleurs, plutôt la norme dans le monde, bien que  minoritaire dans les pays développés. La gauche dont je parle va évidemment hurler. C’est un vieux débat. Pourtant, dans le contexte actuel français, Marine Lepen pourrait avoir raison. L’assimilation, celle qui intègre totalement quelqu’un dans une communauté nationale ne peut se faire sans une certaine violence vis à vis de sa culture d’origine. Et je soutiens que l’assimilation est le meilleur rempart contre le racisme.

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COLRE
COLRE
10 juin 2011 23 h 38 min

« De mon point de vue la question morale et politique du racisme ne coïncide pas parfaitement avec celle de l’immigration. Ce qui nous conduit quand on évoque l’une à entendre les falsifications au sujet de l’autre. »

Furtif, je suis d’accord avec toi, c’est pour ça que je préfère parler de « xénophobie » que de « racisme », car le rejet envers les migrants se niche dans un rejet envers le différent, l’inconnu, l’autre, l’étranger, qu’il soit « rital », « polak » ou musulman, et pas seulement noir, blanc, jaune, juif ou arabe…

« Mais seule cette « gôche là » convoque le racisme pour masquer ses motivations réelles.Les autres qui s’en tamponnent laissent dire bien entendu puisque ça les sert. »
Tu veux dire que « gôche » et « medef », c’est bonnet blanc et blanc bonnet ?… Je ne pense pas que ce soit au départ pour les mêmes raisons : la gôche, c’est par habitude et paresse intellectuelle, la droite par intérêt de caste financière. Tu me dis, au final, cela revient au même…

Je te répondrai comme Wolinski : « moi, entre deux cons, je choisis le communiste »

Léon
Léon
10 juin 2011 23 h 44 min

Bonsoir tout le monde , me revoili… Excellente la boutade de Wolinski, je ne la connaissais pas !