On est à Barcelone, très exactement le 7 mai 1978. Franco est mort depuis deux ans, son régime, officiellement depuis un an et l’Espagne entre dans une période de bouillonnement politique, social et culturel que l’on appellera plus tard la Movida.
L’histoire qui va être racontée ici est celle d’un conducteur de bus du nom de Manuel Vital, qui vivait avec sa famille dans un arrondissement de Barcelone qui s’appelle Torre Baro (quartier de Nou Baris) dans une maison qu’il avait construite lui-même.
Les habitants de ce quartier très excentré, situé au nord de Barcelone et à flanc de montagne, se plaignaient de ne pas être desservis en moyens de transports et, depuis les années 60 demandaient en vain au conseil municipal et à la Société de Transports de bénéficier d’une ligne de bus qui leur permettrait de sortir du quartier. On leur répondait que l’état des routes, étroites, pentues, avec des virages serrés, ne le permettait pas.
Alors, un jour, notre Manuel Vital, qui était un militant politique et syndical au caractère très combatif, après en avoir discuté avec ses camarades du PSUC décida d’une action spectaculaire.
Il se présenta comme d’habitude au garage pour y prendre possession de l’un de ces nouveaux bus articulés Pegasus Monoral de la ligne 47. Après deux rotations « normales », arrivé au bout de la promenade Valaud, il s’arrêta devant une cabine téléphonique pour appeler sa femme et lui dire « j’arrive », puis il enferma le contrôleur dans la cabine arrière et prit la route de Torre Baro, interpellant au passage les gens qui finirent par former un cortège important derrière le bus, pendant qu’il montait avec difficulté les routes étroites et escarpées du quartier de Nou Baris. Des banderoles peintes avec l’huile du moteur furent accrochées sur le bus. A la fin du parcours, en sortant de l’avenue Meridian, il libéra le contrôleur et lui donna 25 pesetas pour qu’il puisse rentrer en taxi chez lui. Puis, il poursuivit par la rue de Valence où la police finit par l’arrêter.
Il fut jugé le lendemain pour détournement, avec menace d’un licenciement sans indemnité s’il recommençait.
S’il ne fut pas licencié immédiatement, il ne le dût qu’au climat très particulier de cette époque de la fin du franquisme ; on craignait tout ce qui pouvait alimenter des troubles sociaux.
Il a prit sa retraite en 1983, reçut honneurs et médailles et il est mort en septembre 2010 à l’âge de 86 ans .
(Ce récit a été emprunté au blog d’un historien espagnol spécialisé dans l’histoire des transports publics. Merci aux traductrices !)
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Pas moyen d’aller lui dire tout le bien que je pense de son récit.
Si tu le peux Léon 😕
Moi je suis fâché avec Blogger , ça fait plus d’un an que je ne peux y poster un mot sur aucun des blogs qu’il héberge
en español ?