.
Pour ceux qui savent . Cette sécession de la Plèbe relatée par Tite Live « aurait eu » lieu en 494 av JC . Faut voir….
Un gros siècle plus tôt Esope avait abordé cette histoire de conflit social rencontrée par toutes les cités antiques sous le nom de l‘apologue de l’estomac et les pieds.
Un heure et demie. C’est ma dose, ma ration . Au delà je voudrais mais j’ peux plus. C’est la limite à de pas dépasser. Et pourtant … J’adore entrer dans les musées. Ils sont ma caverne d’Ali Baba. Avide de tout voir, m’en faisant par avance une fête . Mais paf , ça le fait à chaque fois . Je n’y peux rien, on ne peut pas aller contre.
À un certain moment un mouvement intérieur se déclenche contre lequel je ne peux pas lutter. On a d’abord qui rappliquent : les représentants de tous les emmerdeurs de mon squelette. La plante des pieds , qui râle tout le temps, hurle maintenant depuis 20 minutes : que ça la brûle, que ça les lance . C’est à ce moment que j’envie ceux qui ont les pieds plats. Moi j’ai les pieds trop cambrés. La zone d’appui est limitée plus que la normale et donc plus sensible chez moi que chez les autres. Plus sensible et avec les années de plus en plus plus récalcitrante.
Mais ….
Non Mais !
- C’est qui le chef ?
Tu te plains carcasse ? Tu te plaindrais plus fort si tu savais où je vais t’emmener.
Mais sourde et limitée au début la protestation s’étend, les minutes passent et je reçois de plus en plus de protestations venant de mes chevilles des genoux pour finir par les reins qui me menacent d’un arrêt de travail.
♫ ♪ Tous ensemble ! tous ensemble ! ♫♪ Comme à la Manif
Vlan, bin voilà, ils m’ont planté un préavis de grève .
.
Je connais la procédure.
Faut passer aux négociations et à leurs marchandages
Là, on s’arrête, de préférence près d’un mur libre , pas trop sous le regard des gardiens . On s’accroupit ( assis par terre les gardiens ne supportent pas ) et on force du dos contre le mur. Va trouver un mur froid dans le musée d’Héraklion en juillet ! Fastoche .
Ça détend et ça dénoue et soulage les muscles du dos.
Heureusement j’ai su conserver avec les délégués syndicaux de mon squelette des relations fondées sur une volonté commune de traverser ensemble les épreuves.
« -Si je vous assure que dans 20 minutes on sort, ça ira , vous pourrez tenir.
-Si je te trouve une chaise ?
-Tiens j’ai une idée ! Si on allait à la buvette , on boit un coup et on continue la visite ? »
…
Il faut savoir conserver la sérénité de relations pacifiques entre la confédération Générale de son organisme et les délégués syndicaux de la DSU ( Douleurs du Squelette Unifiées) parfois si excessifs et jusqu’au boutistes dans leurs revendications.
« Oui , on n’aurait jamais dû entrer dans ce musée, on aurait dû rester à la plage avec un bouquin »
Ça c’est les gauchistes
Mais on a aussi les cadres des hanches et leur mutuelle de nantis qui tord un peu leur vision du monde.
« Avec un fauteuil roulant motorisé on n’en serait pas là »
….
Bofff ça râle, ça grince ça rouspète ….Deux dafalgan , un verre d’eau, des promesses et.. on passe un accord et on repart pour au moins une ½ heure jusqu’à la prochaine tension sociale…
On n’est pas tiré d’affaires pour autant. Un autre catégorie sociale monte au créneau.
Cette fois ci c’est la haute hiérarchie de la superstructure mentale qui monte au créneau. C’est purement et simplement la motivation qui flanche.
« M’enfin c’est bien toi qui voulais ! »
« C’est bien toi qui nous a amené là »
…
Ça commence toujours de la même façon…
Une petite réflexion qui se veut anodine. Bien fielleuse sans en avoir l’air. Une sorte de dédoublement.
__ « Dis moi ….Tu pourrais me rappeler ce que l’on vient de voir dans la dernière salle, celle que nous venons de traverser ? »
….
__ « Tu ne dis rien ?»
__ « Toi , tu arrêtes avec tes questions idiotes, tu vois bien que tu me déranges, …laisse moi tranquille je regarde »
C’est comme ça que vous vous retrouvez coincé en pleine assemblée générale. Aux milieu des protestations générales c’est à peine si tous ces insurgés vous accordent la paroles.
Ça se tient à l’intérieure , …à l’intérieur de l’intérieur , pas en présence de la motivation qui soudoie toutes les troupes qu’elle peut recruter . L’autre emmerdeuse accumule les questions saugrenues. Une sorte de « Off record » .
C’est vrai que je ne sais plus trop bien ce que je regarde depuis …..oh la la ….Bien plus que la dernière salle….
C’est vrai , j’y retourne……
….
La boulette !
Fallait pas !
Voilà le squelette qui faisait semblant d’être calmé…
« C’est une atteinte aux acquis sociaux des travailleurs des os »
« Vous avez signé un engagement avec des promesses précises… ».
« Si c’est ça on fait une grève sauvage »
Et les autres se mêlent au chahut.
« On en a plein les yeux , des tableaux des Léonard, de Dürer, des Raphael, …des marbres , des David, …. des vases étrusques, des chinois, des Tang , des aztèques …….. »
« Quand vas-tu admettre qu’on sature , que tu vas nous faire une indigestion , d’oeuvres d’art… »
Le cerveau « C’est toujours pareil avec toi , tu ne sais pas t’arrêter »
Le squelette « C’est ce qu’on lui dit à chaque fois »
Les deux ensemble « À chaque fois ! »
.
Heu siou plait, je peux présenter ma défense.
Je vous rappelle que nous sommes aux Offices, au Louvre, au Musée du Caire, de Shanghai, au National Museum , la Cité Interdite ….à Florence …..à Florence merde !
Vous pouvez me dire quand on y reviendra ?
Alors , vous ne pouvez pas contester que nous vivons un moment unique qui ne se renouvellera jamais ;
JA…MAIS….. !!!
C’est comme ça que toutes mes dernières vacances se sont terminées : par une fâcherie généralisée. Le sommet ayant été atteint l’année du voyage à Capri …. J’avais eu la riche idée de me fracasser les reins à travailler en haut d’un échelle les semaines précédentes…
La vis en main gauche
La visseuse en main droite.
La plaque à fixer tenue avec les dents , le ventre, le genou …enfin tout ce qui se présente.
Crispation au maximum => Reins bloqués =>douleur au max.
Toute la descente en Italie avec le dos coincé . Capri gâchée , Assise et Ravenne pénibles , Rome douloureux…
Venise ? un chemin de croix.
.
Pourtant dans ce sombre tableau, ces noires perspectives, une lumière se fait , une lueur …
Elle s’appelle Hector Orbak. Je l’ai découvert , je ne sais plus quand ni à quelle occasion…Une de mes nombreuses nuit d’insomnie. Sur quelle chaîne ??? je ne sais plus.
Ce gars est venu faire taire toute revendication de la part des pénibles confédérés du squelette et autres emmerdeurs . Ses prestations audiovisuelles dopent à mort la section motivation .
En vérité je l’ai rencontré il y a longtemps au CDI de mon bahut. On lui devait un bouquin super bien torché : Les Mouvements de mode expliqués aux parents. 1984 Il ne l’avait pas fait tout seul, il avait reçu le soutien coté supplément notoriété d’un certain Soral qui , à l’époque, profitait abusivement de celle de sa sœur.
En 1991, il publie Andy Warhol n’est pas un grand artiste, ce qui lui vaut d’être un des premiers banni du milieu branchouille qui installait à l’époque sa Congrégation sournoise de la Doctrine du Bien et du Beau section métiers d’art. Il y a gagna ainsi de ne plus pouvoir publier dans les magazines d’art de l’époque. L’Ère BoBo passait de la période Yuppies je suis fier de mon fric à la période Bienpensante féconde en procès moraux avec une jonction des milieux infestés Showbizz, politico mondains et animateurs de terrasses germanopratins.
Les congrès de la gauche ne se tenant plus que sur les plateaux télé , lieux désormais choisis pour les procès en déviance ou non conformité et la prononciation des condamnations et Ukases de la très sainte et très implacable Moraline ambiante.
Puis je le perdais de vue alors qu’il poursuivais un parcours plein d’intérêt dans un monde où je n’entrais que par intermittence .
Et c’est comme ça que je tombais sur lui un soir ou très très tôt un matin à la télé.
.
Consulter sa page Wikipedia nous en apprend beaucoup. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hector_Obalk
J’aime beaucoup sa démarche , pas à la mode , qui rend abordable aux blaireaux incultes ,dont je suis , quelques rudiments de compréhension et d’appréciation de ce qui s’appelle l’Art chez les gens qui en causent.Il nous offre à voir dans ce que nous croyons déjà connaître :des angles et des découvertes qui nous enrichissent. Sans peine , il n’y a qu’à écouter avec ce qu’il nous reste de cerveau et de goût .
Victor OBALK ce touche à tout mérite le détour.
On n’est pas obligé de le suivre dans sa démarche ni de partager toutes ses analyses mais il offre des explications et des accompagnements dans un monde qui cultive , l’hermétisme , le snobisme et le conformisme hideux de la mode comme marque d’appartenance….
.
Bien que je ne goûte guère son choix de se mettre en spectacle, car il flirte par là avec un monde de la vulgarité , de la prétention et des notoriété factices, il me donne l’occasion de me pencher plus sérieusement sur son travail et de vous inviter à me suivre.
Ma vieille arthrose lui dit merci ainsi que mon cerveau de plus en plus fatigable.
.
Lectures :4792