L’adoration du dieu Bidoche ( IDO)

Pour en terminer avec ces histoires de rituels autour de la viande, l’idée que développe Iskander dans l’analyse de l’abattage halal, est qu’il n’a rien de sacrificiel, de religieux: il ne s’agit pas de se déposséder de tout ou partie d’un bien pour en faire don à une divinité où la partager, mais uniquement une attitude magique de purification, dont le but est de tenter de protéger la viande de sa putréfaction. César.

Le chapitre en entier, avec les références aux textes fondateurs  est ici.

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Le sacrifice est enfin une affaire de boucherie, qui est laissé entre les mains de techniciens, bouchers, donc, qui deviennent sacrificateurs (mais pas directement des prêtres). Le recueil coranique ne donne pas de règle précise; ce sont donc des usages arabes ou inspirés du judaïsme qui vont codifier les gestes. Il est seulement précisé que lors de la mise à mort (mais sait-on quand l’animal meurt exactement?), le nom d’Allah doit être prononcé, sans quoi la viande sera interdite. L’usage est conforme aux coutumes proche-orientales.

De la viande avant toute chose: la nourriture la plus riche, celle qui permet d’être plus fort que les autres, plus en forme, plus puissant, celle du chef de meute.

Le rite est l’occasion de manger de la viande, de réunir la communauté, d’intégrer, d’exclure et de montrer la hiérarchie dans le groupe par le choix des morceaux. Le sujet est bien connu depuis les progrès de l’ethnologie.

La viande possède un statut tout à fait particulier, lié au statut de l’animal et à sa présence constante auprès de l’homme, à son rôle vital et, sans doute aussi, à la rareté de apports en protéines. La mise à mort reste une destruction d’un être vivant, un acte de domination de l’homme sur la nature.

Tout système religieux primitif se doit alors de contrôler le lien avec l’alimentation carnée.

Les informations des textes permettent enfin d’imaginer un peu la diète de ces populations, ou plutôt de leur élite.

A la fin de l’observation du sacrifice islamique, protéiforme au possible, apparaît son anse la plus solide: l’alimentation et son contrôle strict sous prétexte de purification, par l’acte du sacrifice, alors même que la finalité n’est plus qu’exclusivement alimentaire. Seul subsiste de l’ancienne mentalité l’élimination du sang, autrefois la part des dieux, qui coulait dans le sol. Le rite hallal, le fameux, a conservé la pratique, sans rien y comprendre par ailleurs. Insistons: purification, purification, purification, telle est la clé de la manoeuvre, ce qui permet de relier le sacrifice primitif (le ‘Egorge!’ coranique) et l’immense consommation hallal. Le pari de la purification plutôt que celui de l’hygiène, le plus souvent, car nous sommes encore dans un monde magique. Magie, boucher, microbes, bon appétit.

Mais comment va se construire le modèle économico-social du circuit de la viande islamique? D’une toute autre manière, et à la fin peu religieuse, s’appuyant principalement sur l’exigence de pureté rituelle qui, en toute fin, sera une argument marketing aussi efficace qu’imbécile. Le sacrifice est loin de tout cela.

Les témoins voyaient bien que la viande, si merveilleuse, était sujette à une putréfaction rapide (de 2 à 4 jours), que des bactéries, que les miasmes intestinaux de toute bête infestaient vite la carcasse et la disputaient à la consommation humaine. La priorité vient à l’humain, avant les asticots, selon le prophète.

Et l’on voyait bien que ceux qui finissaient par consommer en étaient, (par punition divine, croyait-on) très malades et pouvaient en périr. La catastrophe sanitaire qu’était la conservation des viandes a certainement, par une réaction bien compréhensible, aboutit à l’obession de la pureté rituelle qui faisait croire que la pourriture pouvait ainsi être combattue.

Le miasme est bien un des agents les plus efficaces de l’édification des religions. On a inventé d’abord contre eux les rites, la purification et les religions, jusqu’au jour béni où l’eau de Javel a été trouvée…

Le modèle du circuit économique est sans doute juif, celui du kasher. Rien dans les premiers textes ne permet d’organiser un tel système, qui en fait s’appuie sur le monopole et sur l’exploitation de la clientèle, soumise à une dîme. Religion et économie font toujours bon ménage, mais rares sont les occasions de le voir aussi clairement. Pour autant, ce qui frappe ici, c’est autre chose: le fait que dans le sacrifice canonique, la viande n’est plus un objet économique, puisqu’il est partagé, quelle que soit sa propriété. Alors, en réalité, l’abattage hallal, il faudra en convenir ne vient pas de là.

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7 Commentaires
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Léon
Léon
23 février 2012 8 h 40 min

En forme, Furtif, ce matin ! 😆

Léon
Léon
23 février 2012 16 h 51 min

Une information qui peut être utile et qui montre que cette affaire de halal et de casher est une histoire de fric.
Selon un article « Halal, un business croissant », Le Point, numéro 1987 du 12 août 2010, la seule mosquée de Lyon, qui est loin d’être la plus importante en France, emploie une quarantaine de contrôleurs et à raison d’une taxe de 2 à 8 centimes au Kilo perçoit, par an, 900 000 euros environ pour la certification halal. Encore, ont-ils des contrôleurs à payer, mais la mosquée de Paris et celle d’Evry qui font environ 70 %du marché halal n’ont aucun contrôleur, « font confiance  » aux abattoirs… mais prélèvent quand même la taxe ?

Causette
Causette
23 février 2012 17 h 55 min
Reply to  Léon

Salut à tous

Il faut dire qu’il y a une très nette différence entre le halal et le casher, à la vente
– d’une part, les pratiquants juifs ne mangent pas de halal mais les musulmans peuvent manger casher.
– d’autre part, les supermarchés (petits et grands) le halal est dans tous les rayons et il y en a de plus en plus tandis que le casher est présenté dans un rayon spécial.
– Normal puisque l’islamisme est une religion qui cherche à convertir le plus de monde possible contrairement au judaïsme. En fait il serait bien de savoir le nombre d’abattoirs casher en France? et combien d’abattoirs halal?

Et puis la France est un peu gênée aux entournures pour y voir clair dans ces affaires de construction de mosquées et ces abattoirs avec l’interdiction idiote de ne pas vouloir connaître les pourcentages des adeptes des religions, pour les musulmans ça va de 4% dans certains rapports jusqu’à 12% voire 15 dans d’autres. Pour les Juifs on sait depuis longtemps qu’ils représentent environ 1% de la population.
– Dans wikipedia, on nous annonce 4% de musulmans alors qu’il y a des construction de mosquées partout en France même dans les petites villes. Cherchez l’erreur!

Causette
Causette
23 février 2012 18 h 34 min

ah ah ah! c’est la meilleure! dans ce tableau ici

Catholiques athées (qui ne croient pas en Dieu, catholiques par tradition) : 9 % de la population française :mrgreen: des athées modérés? 🙄