Les esclaves oubliés de l’Histoire

A la demande générale, pour poursuivre la discussion sur l’esclavage.

Si vous voulez le visionner par parties allez sur le lien suivant

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COLRE
COLRE
4 janvier 2012 10 h 19 min

Excellente idée !
N’ayant pas bcp de temps, je me permet de recopier mes commentaires du bar d’hier.

Je disais à peu près :
C’est ce docu que j’avais vu sur Arte, dans une émission de Leconte il y a 3 ou 4 ans. (merci à Causette du lien)
Je n’ai pas le temps de le revisionner dans son entier, mais je le ferai et je vous conseille d’en faire autant si vous êtes intéressés par ce sujet : dans mon souvenir, il est remarquable.

COLRE
COLRE
4 janvier 2012 10 h 42 min
Reply to  COLRE

Pour l’extrême fin du documentaire que je suis allée voir, je vous conseillais de regarder la passionnante intervention de Ibrahima Tioub qui est historien (vers 37mn).
Il ne faut pas louper son humour et son charisme !
Je résume pour ceux qui ne voudront pas aller voir (elle ne dure que 2mn !).

En gros, cet historien participe à un colloque à Bamako sur l’esclavage et fait une petite conf pour évoquer la traite arabo-musulmane.
Incroyable charivari de toute l’assistance qui le sidère, lui qui pensait avoir fait, comme il dit, une « petite conférence » et s’attendait à des réactions d’ordre scientifique. Pour lui : « les pbs que je posais étaient inodores, incolores et sans saveur ».
(en fait, ces pbs ne sont justement pas « incolores« … 😉 ).

La fin est très drôle et éclairante.
Après sa conf, dehors, des gens sont venus lui parler, des Africains et des Européens. Et tous lui ont dit : en fait, je suis complètement d’accord avec ce que vous avez dit, mais

Les Africains ont ajouté : « mais, il ne faut pas le dire devant les Blancs »
Et les Européens : « moi, je n’ose pas le dire, parce qu’on va m’accuser de racisme ».

Léon
Léon
4 janvier 2012 12 h 53 min

C’est un document réellement extraordinaire et qui m’a fait comprendre beaucoup de choses, notamment sur la victimisation comme idéologie. Je n’avais jamais imaginé qu’elle puisse en être une.

ranta
ranta
4 janvier 2012 13 h 32 min
Reply to  Léon

C’est pourtant le fondement même des exigeances au sujet de notre repentance.

Léon
Léon
4 janvier 2012 14 h 42 min

Colre, à la reflexion et après avoir visionné ces documents, ton explication de l’illogisme économique de la castration des esclaves noirs par les arabes ne ma semble pas la bonne. Malgré le statut très inférieur de la femme dans le monde arabo-musulman, le racisme théorisé et revendiqué vis à vis des noirs était encore plus fort. La castration interdisait toute relation entre un noir et un femme arabe, pas parce que la femme était impure mais parce que le noir était encore plus impur que la femme musulmane ! N’est-ce pas plutôt ça ?

COLRE
COLRE
4 janvier 2012 17 h 56 min
Reply to  Léon

Ma notion d’impureté est sans doute un raccourci qui n’est pas juste, tu as raison, Léon.
Toutefois, je maintiens que les causalités sont plus en rapport avec le sexisme qu’avec le racisme (bien réel, néanmoins).
Pourquoi ? parce que dans la société musulmane (patriarcale), le ventre des femmes est la propriété des hommes, et notamment de leur maître, que ces femmes soient arabes ou africaines. Point de racisme là-dedans.
Les femmes, toutes les femmes, noires ou pas, sont donc contrôlées, réservées et enfermées.

Comment imaginer que dans ce contexte, des hommes esclaves puissent avoir un quelconque droit sur la propriété de leur maître ? impensable…

La castration paraît l’unique solution, d’autant que les Noirs étaient considérés par les Arabes comme du simple bétail, proche de l’animalité (voir les textes), et que dans la domestication des animaux, le castration sert au contrôle du sexe…

Il n’y a rien d’économique, là-dedans. Sinon, si les Noirs ne représentaient qu’une seule force de travail, on aurait organisé la procréation et le renouvellement de générations d’esclaves.
Inconcevable dans l’idéologie islamique…

Buster
Membre
Buster
4 janvier 2012 15 h 20 min

C’est le rôle et la grandeur des historiens que de faire tomber les idées simplistes et d’apporter toutes les zones de Gris nécessaires pour tenter d’effacer le réducteur, et commun, noir & blanc.
Mais, conversations d’historiens s’appuyant sur des documents, des études, des recoupements, ne sont aucunement des dialogues pour forums « internautiques ».
Même (et surtout) sur les forums des autoproclamés intellectuels humanistes.
Si vous avez le malheur de vous y référer au détour d’un commentaire, il vous faudra, fissa, vous dédouaner de multiples accusations.
Et adieu toute approche dûment étayée et un poil irritante de l’histoire. Seule compte l’impression que donne votre intervention :
Dans le sens du consensus tamponné et admissible ? Vous serez encensé.
En sens opposé ? Voué aux gémonies.
Il est des conventions de langage qu’il faut savoir conserver et laisser aux seuls savants (et entre eux seulement) la liberté (relative) de s’affranchir des interdits pesants de la dictature modérée.

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
4 janvier 2012 17 h 14 min

Enfin , on est enfin mis en présence d’africains osant aborder le problème de la cueillette de la ressource.
Les Européens du 16è 17è et même du 18è siècle auraient été bien incapables de pénétrer loin à l’intérieur des terres et de ramener le « produit » vers la côte.Le commerce triangulaire commençait par l’échange de la pacotille contre la marchandise esclave.Toutes les sociétés africaines jusque loi dans l’intérieur ont vu leurs rapports sociaux marqués par cette pratique.
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En revanche sur la mythique influence du christianisme dans l’extinction de l’esclavage, j’aurais de sérieuses réserves à émettre.L’Église plus puissant acteur économique de l’occident chrétien n’est pas passée à coté de ce trafic
Le cas de la ville de Verdun en surprendrait plus d’un

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
4 janvier 2012 17 h 28 min

La focalisation uniquement anti européenne en ce qui concerne la traite rejoint ce qu’on pourrait dire du combat anticolonialiste ( « les indépendances ») dans son insuffisance.Il n’est pas question de dévoiler les responsabilités des chefaillons compradores qui se sont saisis des leviers de commandes politiques et économiques comme il n’est pas questions de dévoiler le rôle de l’islam fondement des archaïsme juridiques et sociaux des pays du nord africain.
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Peut-on ou ne peut-on pas dire que la colonisation s’est faite, installée et maintenue avec l’appui de couches qui y trouvaient leur intérêt?
Les contorsions quantiques et les tourments qu’ils vivent me réjouissent profondément.

Causette
Causette
4 janvier 2012 19 h 35 min
Reply to  D. Furtif

influence du christianisme dans l’extinction de l’esclavage, j’aurais de sérieuses réserves… il y a de quoi! 😆

Au Caire, la transaction des eunuques et des concubines se faisait dans des maisons privées et il existait un syndicat de négriers au Moyen Âge. Le prix variait selon la qualité de l’esclave. Une femme blanche ou un jeune garçon avaient plus de valeur que d’autres. L’empereur du Mali Kouta Moussa partit en pèlerinage à La Mecque en 1324 ; selon l’auteur égyptien Al-Omary, le souverain acheta des esclaves pendant son séjour au Caire, notamment des mamelouks et des femmes blanches, musulmanes et chrétiennes.

Zanzibar (place des esclaves) Tippo Tip, de son vrai nom Hamed bin Mohammed el Marjebi.

XXe siècle:

En 1924, la commission temporaire sur l’esclavage de la Société des Nations écrit : « la traite des esclaves est ouvertement pratiquée dans plusieurs États musulmans, dans la péninsule arabique en particulier, et surtout dans le Hedjaz ».

La dernière caravane d’esclaves noirs signalée passe à travers le Sahara en 1929.

Il y avait entre 100 000 et 250 000 esclaves en Arabie saoudite avant l’abolition officielle de l’esclavage en 1962.

La fin réelle de la traite des esclaves à Zanzibar n’eut lieu qu’en 1964.

Selon la Commission des droits de l’homme des Nations unies, en 2000, entre 5 et 14 000 personnes sont esclaves au Soudan ; selon l’organisation Christian Solidarity International, environ 100 000.