Nous ne sommes pas Caucasiens, même si les femmes voilées, c’est caucasse

Nous poursuivons la publication des textes de GROSSE FATIGUE selon notre goût du moment voire complètement au hasard. Nous vous invitons à fréquenter son blog et à nous signaler ce que nous aurions laissé passer.

Caesar

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Je lis dans Libé un papier sur des femmes voilées agressées.

J’y lis particulièrement qu’un type regrette l’absence des Caucasiens dans une manif de soutien à des femmes voilées musulmanes. Je repense à mes vingt ans aux USA, à mon dégoût de leur classification raciale, à ma volonté de ne pas être un Caucasien, mais un français au mieux, un européen au pire, voire, si possible, simplement un homme qui pense comme ceci ou comme cela, avec qualités et défauts, des passions et de la gourmandise.

J’ETAIS UN PUTAIN D’INNOCENT.

Je relis cet article. Il est typiquement AMERICAIN.

Des salauds ont agressé des femmes voilées. C’est d’une lâcheté absolue. Qui irait défendre ses salauds ? Il faut défendre ces femmes.

Mais elles sont voilées. Elles ne sont pas voilées pour faire beau. Elles sont voilées au nom de l’obscurantisme, de la soumission à des idées douteuses. Et, au nom du principe de l’extension générale du principe, si toutes les femmes se voilaient pour les mêmes raisons, nous vivrions dans un monde fasciste.

Je défends les femmes voilées agressées. Pas en tant que caucasien. Je n’ai rien d’un caucasien. Mais ce que la gauche me demande, c’est de les défendre en tant que caucasien (traduction américaine de « blanc européen »), afin qu’elles aient le droit d’afficher leur religion et donc l’impossibilité qu’ont mes semblables (non pas les « caucasiens » ou « les blancs », mais les hommes libres de tous genres, ni dieu ni maître) de les embrasser sur la bouche.

Moi, des musulmanes non voilées, j’en ai embrassées sur la bouche. Et ceux que ça gêne, je les emmerde. Moi, je suis resté coincé il y a longtemps : faites l’amour, pas la guerre.

Aujourd’hui, on me demande, au nom de l’idéal communautariste américain – c’est-à-dire de l’apartheid soft que l’on retrouve tant à l’université que dans la politique américaine : separate but equal – de reconnaître l’islam dans ce qu’il a de pire (l’inégalité des femmes) lorsqu’il est agressé physiquement. Et comme j’aime les femmes, oui, je trouve que c’est odieux. Mais comme je ne suis pas pour l’apartheid américain mais pour l’universalisme français, je rêve d’une immense manif avec tous les gens qui, comme moi, aimeraient bien que les fascistes en tous genres deviennent minuscules, petites baudruches psschiiittt et plus rien.

Oui, c’est bien naïf tout cela. Un sociologue se doit de respecter les cultures.

Mais : mon cul.

Les cultures, c’est ce que l’on choisit, ce que l’on garde. Pas ce que l’on subit, ce qu’on nous impose.

Un jour, j’ai demandé à l’une de mes étudiantes d’où elle venait. C’était une fille noire. Elle m’a dit : je suis normande. C’était une façon d’en finir. J’avais envie de l’embrasser. Le culte des racines chez les mammifères me semble incongru. On n’est pas des plantes.

L’influence idéologique américaine est aujourd’hui aussi pire (SIC) que celle du Qatar : deux pragmatismes pour faire du business. Ne pas changer le monde. Recréer des chaînes, donner du sens grâce aux grimoires d’autrefois. Enfermer les appartenances dans les couleurs de peau. Les signes extérieurs de richesses deviennent des signes de filiation. Et cette gauche si spéciale, la gauche américanisée, celle qui a laissé tomber les prolos et l’injustice économique pour celle, si facile à ranger, du droit à la différence, du soutien des minorités.

Il y avait de quoi soutenir les minorités. A condition de garder à l’horizon l’universalisme fondamental : libérer les individus.

Aujourd’hui, nous voilà caucasiens. N’importe quoi.

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lundi 24 juin 2013, par Grosse Fatigue

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5 Commentaires
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Léon
Léon
5 août 2013 8 h 29 min

Applaudissons sans réserve…

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
5 août 2013 11 h 59 min
D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
5 août 2013 22 h 12 min

……….Aujourd’hui, on me demande, au nom de l’idéal communautariste américain – c’est-à-dire de l’apartheid soft que l’on retrouve tant à l’université que dans la politique américaine : separate but equal – de reconnaître l’islam dans ce qu’il a de pire (l’inégalité des femmes).………
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Bravo Fatigue
Ce putain de droit à la différence mis en branle par le parti socialiste …c’est l’apartheid soft

Lapa
Administrateur
Lapa
23 août 2013 23 h 20 min

Le relativisme ambiant, depuis qu’ils ont abandonné, avec la gauche entière, la défense du prolo et les instituteurs laïcs, est la règle. Ils accepteront les soumissions en tous genres pourvu qu’elles ne soient pas occidentales, nourrissant le camps adverse des tordus, des locaux, des identiques, formant la mélasse pathétique du monde d’aujourd’hui. Marx, reviens !

La gauche intellectuelle d’aujourd’hui défend la position de la droite américaine.

C’est tellement juste. Son dernier billet est pas mal non plus…

D. Furtif
Administrateur
D. Furtif
23 août 2013 23 h 44 min

Avec l’accord de Fatigue je republierai 2 articles en Septembre.