On entre dans une petite pièce aux murs d’une vague et pâle couleur cassée presque achromique. Deux rangées de chaises banales, armatures en métal mat, sièges et dossiers en bois neutre. En face d’elles, accroché en haut du mur, un petit écran vidéo affiche une boîte rectangulaire oblongue qui glisse automatiquement sur une surface d’aluminium jusque vers une surface noire coincée à droite de l’écran avec une ouverture de section carrée d’où s’échappe un rougeoiement igné. La caméra filme de trois-quart haut l’entrée de la boîte dans le four et le volet noir qui s’abaisse derrière elle. Puis tout se fige, il n’y a plus qu’un absurde plan fixe qui s’éternise le temps que dure un regard prolongé sur le plan horizontal aluminé qui occupe la plus grande partie de l’écran à gauche et l’étroite surface noire verticale. La salle se vide dans un infime bruissement de pas sur le sol carrelé de dalles à la propreté chirurgicale.
Auparavant il y a eu l’arrivée sur un vaste parking arboré situé aux lisières de la ville. On marche sur une allée goudronnée bordée de quelques massifs de fleurs jusqu’à un grand bâtiment blanc et plat d’un étage à l’architecture neutre, moderne et anguleuse. Sous l’avancée de béton coiffant la petite esplanade, devant l’entrée aux portes transparentes s’ouvrant sur un grand hall, deux vasques de grès remplies de gravier accueillent les ultimes mégots des fumeurs venant assister à l’événement. A l’ombre d’une haie d’arbustes en face de l’entrée se dressent deux bancs. Assise sur l’un d’eux, une jeune femme lit. On la rejoint sous l’azur du ciel au son du ruissellement d’une fontaine située un peu plus loin, là-bas, en bordure du parking. La jeune femme est un peu triste, mais pas trop sous le tiède soleil de cette fin d’été.
D’autres rares personnes ont rejoint cette assemblée. Le groupe écrase ses clopes dans le gravier des vasques, pénètre dans le hall vide sobrement décoré de quelques hautes plantes vertes dont on ignore si elles sont artificielles ou non, puis dans une vaste pièce silencieuse et lumineuse garnie d’un sobre vitrail représentant d’autres plantes vertes. La pièce est meublée des mêmes rangées de chaises banales et ici elles ne font pas face à un écran vidéo, mais à une estrade encastrée dans le mur recouvert d’une surface de bois clair. Devant cette surface, à droite, se dressent un sobre lutrin soutenant un épais livre ouvert, un chandelier portant une longue bougie ornée d’une croix rouge et un crucifix sur lequel ne figure pas de cadavre ensanglanté, autour desquels s’affairent deux vieilles femmes aux cheveux blancs vêtues de tuniques et de pantalons.
Dès que la maigre assemblée s’est assise retentissent les doux et paisibles arpèges d’une guitare classique tandis qu’on contemple l’oblongue boîte de bois clair posée sur un piédestal, garnie de trois corbeilles de fleurs aux vives couleurs et flanquée d’un ostensoir de cuivre accroché à son suspensoir du même métal. Ambiance sereine et recueillie à peine traversée d’un presqu’inaudible sanglot.
Tandis que l’une des vieilles femmes disparaît derrière le mur de bois, l’autre se place derrière le lutrin, fait un signe de croix sur sa poitrine et se met à tenir un absurde discours selon lequel, pour la personne allongée inerte dans la boîte oblongue, la vraie vie commencerait maintenant et quelque part là-haut près d’un père tout-puissant grâce à la médiation de son fils qui serait revenu d’entre les morts. Puis ses doigts font bruisser la page du livre qu’elle tourne avant de se lancer dans la lecture d’un texte sacré écrit il y a plus de 2000 ans et qui évoque la consolation tandis que la guitare continue à égrener ses arpèges sans fioritures. Ensuite, après avoir refermé son livre, elle fait signe à la jeune femme de la rejoindre derrière le lutrin, derrière lequel celle-ci lit en sanglotant un autre texte traitant de la vie éternelle. Ils a été écrit par un saint et elle n’en croit pas un mot, mais l’émotion la submerge tout de même. La lecture finie, elle regagne son siège.
La seconde vieille femme réapparaît sur scène, tourne autour de la boîte oblongue en agitant l’ostensoir duquel s’échappe une fumée d’encens à l’odeur si discrète qu’elle en est presque imperceptible, puis invite l’assistance à venir, soit bénir le corps enfermé à coups de fumigations d’oléo-gomme-résine aromatique, soit pratiquer le rite de sa convenance en fonction de ses croyances ou non-croyances. L’encensoir ne sert que très peu, à la suite de quoi, une fois l’assemblée à nouveau assise, l’autre vieille femme l’appelle à prier de concert pour l’âme de la défunte. C’est presque seule qu’elle récite sa prière.
Ensuite un homme vêtu d’une chemise blanche sans cravate et d’un costume ni gris ni noir, l’allure d’un technicien compassé, se matérialise sur la scène, près du cercueil. Il annonce à l’assemblée qu’elle peut sortir de la salle le temps qu’il fasse son travail, puis une porte de bois coulissante se referme sur lui, masquant la scène. Le temps que l’assemblée fume des cigarettes dehors près des vasques, il revient pour révéler qu’elle peut maintenant assister à l’ultime séquence de la cérémonie. C’est à ce moment que le maigre groupe est entré dans cette petite pièce aux murs d’une vague couleur cassée presque achromique où deux rangées de chaises banales font face à ce petit écran vidéo affichant le cercueil qui glisse sans aucun bruit jusque vers le four chauffé à 900°.
On se souvient alors de ces vivantes funérailles de glèbe creusée dans des cimetières flanqués de bistrots où l’on pouvait boire les souvenirs tristes ou joyeux, et de ces crémations hindoues sur des bûchers au bord du Gange à Bénarès, quand on respirait sans déplaisir l’odeur de la viande grillée des cadavres, parfumée d’entêtantes odeurs de santal. Alors on se dit qu’en ce moment-même, sur un plateau désertique et pierreux de l’Himalaya, des Tibétains découpent ensemble le corps d’un défunt en quartiers sanglants et les jettent en offrande sacrée aux vautours avec la bénédiction d’un prêtre bouddhiste, et qu’il est des époques et des lieux où les cérémonies mortuaires ont toujours un parfum de vie.
Tandis que l’assemblée, les bras chargés de corbeilles de fleurs, rejoint l’asphalte grise du parking funéraire en croisant un autre groupe qui vient pour la même chose, on se demande si l’écran vidéo passe le même film pour tout le monde. Probablement que non, vu que tous les cercueils ne se ressemblent pas encore.
P.S. : selon le législateur, “les dispositions législatives faisant référence au corps humain ne sont pas applicables aux cendres d’une personne ayant fait l’objet d’une crémation. En particulier, la jurisprudence considère que l’urne funéraire contenant les cendres d’un défunt fait l’objet d’un droit de propriété de la famille du défunt. Cela signifie que le principe d’indisponibilité ou extrapatrimonialité du corps humain énoncé à l’article 16-1 du code civil, qui dispose que “le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit patrimonial” ne s’applique pas aux cendres. Les cendres ne sont donc pas considérées comme un élément du corps humain”.
Lectures :7709
c’est exactement ce qui se passe dans les crématoriums,où j’ai pu assister à cette mise en scène comprise dans le forfait,musique…employés affectant une mine triste de circonstance,faux représentants du culte nous débitant le Psaume IV,verset XII de St Paul aux Pharisiens comme on lit l’horaire des trains et puis le départ de l’ami ou du membre de la famille destination les flammes alimentées par GDF,pendant que les familles et amis sortiront cloper dehors et d’autres soulager les vessies ,alors qu’un nouveau convoi transportant un futur candidat dans sa boîte pas trop onéreuse ( eh oui…on va quand même pas foutre 2000 € dans une caisse pour que ça parte en fumée ! )arrivera accompagné de son cortège de gueules tout en long …
c’est comme ça que j’ai vu partir quelques amis chers,quelques membres de ma famille dont j’avais rien à foutre vu qu’on se connaissait à peine,et de mon père retrouvé deux ans avant sa mort,et parti pour l’éternité dans les mêmes conditions !
@ Maxim
Moi c’était ma première expérience de crémation en labo high-tech. Auparavant, j’avais connu les bûchers hindous avec leur délicieuse odeur de cadavre rôti aux effluves de santal. J’aimais mieux.
Oui, la crémation aseptisée et quasi-industrialisée. Les deux vieilles religieuses étaient dans leur emballage crucifictionné d’origine, et la désolation-consternation qui se lisait sur leurs visages en constatant que presque personne n’obéissait aux rituels cathos (assis-debout-prions ensemble) prouvait que c’étaient des vraies, pas des actrices employées de Cramatorium Inc. Le crémateur en costard ni gris ni noir, lui, était un technicien nimbé de juste ce qu’il faut d’onction ecclésiastique et de sobre tristesse pour s’attirer le respect hypocrite ou non des affligés.
La cramée était une de mes ex restée une bonne amie, emporté par un crabe. On a quand même bien clopé et rigolé sur le parking, faute de bistrot, vu qu’il n’y avait pas de pleureuses professionnelles dans notre groupe et que l’ex attendait et même espérait le soulagement de la mort. En plus elle était très catho et très croyante, ce qui ne l’a pas empêchée de vouloir partir en fumée !
Outré par le clinquant et le cérémonial, choqué par l’accaparement de la douleur par les curés, je me suis peu à peu bâti une décision.
Moi, j’irai pas , je me ferai incinérer.
Et puis l’âge venant ma décision s’est trouvée de plus en plus partagée par des relations des amis des proches.Je les ai accompagné.
Pour voir quoi?!
Une ahurissante reconstruction d’un cérémonial vide et compassé avec les mêmes passages obligés . Il ne manque plus que les assis , debout , de la messe.Comme si il y avait l’obligation de reconstitution d’un spectacle, avec ses officiants et ses ???Pas des fidèles mais quoi alors? Bin des spectateurs.
La sensation qu’il n’y a rien à voir mais qu’il faut en donner pour l’argent versé . Alors on sert quelque chose à voir et à entendre.
J’y vais plus. Au mien on servira à boire.Et on pourra fumer .
@ Furtif
Ne crois surtout pas que j’aie la nostalgie des pompes ecclésiastiques catho-funéraires ! Le seul truc qui nous manquait, c’était un bistrot avec terrasse pour pouvoir y picoler et cloper, histoire d’accompagner festivement ceux qui se sont éveillés des rêves de la vie, c’est quand même des trucs qui s’arrosent ! Je crois qu’il va falloir que je fasse des repérages pour trouver un petit crématorium sympa pas loin d’un rade amical pour quand viendra mon tour. Pas sûr du tout que ça existe. Merde, fait chier, je me verrais bien partir en fumée dans un four à pain entouré de bonnes bouteilles pour ceux qui restent !
J’ai failli ne pas y aller, et puis je me suis ravisé : y aurait peut-être quelqu’un à soutenir moralement. En fait même pas. Mais on a revu des amis qu’on avait pas vu depuis longtemps. Mais quand même, un parking, c’est vraiment pas terrible, même avec des massifs de fleurs autour.
nous sommes bien dans une société de spectacle et de mise en scène,et même la mort est devenue une marchandise et une comédie..
il n’y a qu’à voir la concurrence que se livrent les professionnels de la » viande froide »à grands coups de promotions et presque de remises si le mourant a la bonne idée de casser sa pipe au bon moment pour que ceux qui restent bénéficient des avantages !
alors sans retomber dans les pompes et les fastes d’antan encore de coutume dans nos provinces avec grand messe ,enfants de choeurs,chanteuses bénévoles et grandes orgues ,puis sortie du corbillard tiré par les chevaux ,suivi d’une foule marchant au pas des bourins,les pleureuses et les proches soit tirant une gueule comme un jour sans pain,suivis par les futurs héritiers qui se marrent dans leurs barbes ,puis les voisins et amis du défunt,profitant de l’aubaine pour sortir le costard sentant la naphtaline et les godasses vernies qui font mal aux pinceaux et qui emettent un » Couic couic » de pompes à peine rodées ,sans compter les ampoules au talon qu’il faudra soigner au retour .
maintenant le corbillard est un fourgon utilitaire,le même que celui du plombier ou du maçon,mais carrossé et peint en véhicule respectable ,tandis que la foule des suiveurs absorbe les particules cancérigènes sorties du pot d’échappement ,dans le but non avoué de préparer au même destin dans de plus ou moins brefs délais ,les futurs candidats à la caisse que l’on brûlera dans ce sinistre incinérateur ..
reste la marque constructeur du véhicule écrite en lettres découpées dans du métal en mauvais chrome ,et bientôt,Renault,Peugeot ou Citroen vous accompagneront jusqu’à votre dernier barbecue…
les snobs préféreront Mercédes,et les mondialistes des marques venues des pays du Soleil Levant !
lorsque ma dernière heure sera venue,je demande quelque chose de rapide,pas de curetons ni d’eau bénite …,pas de larmes de crocodiles non plus,mais une fois le trou rebouché,qu’on organise un bon gueuleton,qu’on raconte des histoires cochonnes,et surtout pas de fleurs ni regrets !
@ Maxim
Pour se faire enterrer kitsch, il y a aussi les fabuleux cerceuils du Ghana ! Une vidéo à ne pas rater…
Et voici d’autres photos de ces hallucinants cercueils. A voir !
@ Marsu…
pas mal comme idée,le wagon par exemple pour le dernier voyage ….en espérant qu’il n’y aura pas grève de la SNCF ce jour là ! 🙂
Partant du principe que ces cérémonies sont destinées non pas à celui qui part mais à ceux qui restent, mes proches feront comme ils le veulent.
C’est tout à fait ça Marsu. La dernière cérémonie à laquelle j’ai pu assister était au crématorium du Père Lachaise pour un voisin, un ami. La froideur décrite, le style compassé du professionnel de cérémonie a été compensé en partie par les écrits lus par la famille et les enfants très émouvants. Mais, persdo, plutôt cérémonie au jardin des mémoires, les cendres sous un olivier.
souvenir pénible de ce crématorium du Pére Lachaise oú mon pére avait voulu être incinéré.D’accord avec Léon mais sans curés.
J’ai quant à moi pris des dispositions extrêmement précises pour ma dernière cérémonie :
Je souhaite que mon cercueil ( lesté comme il convient ) soit pris au bord de l’Auxances où j’habite et porté jusqu’en l’église Saint-Christophe de Tourcoing afin que les foules plongées dans l’affliction puissent se recueillir sur son passage..J’entends qu’on évite les voies rapides et que ce trajet ( 621 km ) soit effectué au son de la marche funèbre par des porteurs chantant :
» pompons la merde, pompons la gaiement, nous les vidangeurs du Saint-sacrement »
J’ai à cette fin désigné les porteurs suivants : Morice, Cabanel, Bonnet-T’as-pas-cent-balles, Paradisial, Pyralène et JL
Pour être sûr que le rythme soit assuré vivement, je lègue mon fouet ( le même qu’Indiana Jones ) à Castor et Ranta …
Je demande qu’en l’Eglise Saint-Christophe mon éloge funèbre soit dit par Le Panda mais traduit en simultané par Rocla. La musique sera bien évidemment choisie par Léon
Je souhaite qu’aprés la cérémonie religieuse les porteurs reprennent la route pour Biarritz, toujours en évitant les routes à péage où je serai incinéré et mes cendres dispersées sur le golf de Chantaco
Bon, ben comme les dernières volontés se doivent d’être respectées c’est avec jubilation que je tiendrais au bout du fouet ces cinq imbéciles.
j’en serais presque à souhaiter que ça arrive assez vite des fois qu’un ou plusieurs des cinq aient la mauvaise idée de partir avant Snoopy…..pour une fois que je suis désigné volontaire d’un truc qui me plait, faudrait voir à pas me gâcher la fête.
@ Snoopy
Le scénario est pas mal, mais il y a une problème de casting post-mortem : il faudrait être suicidaire pour avoir envie de boire des canons avec les porteurs et le prononceur de ton éloge funèbre. C’est pas cool pour ceux qui restent. Faudrait prévoir un cercueil maousse pour mettre ta smala accompagneuse dedans avec interdiction formelle de des cendres. Quant aux centres sur le golf de Chantaco, c’est pour ton dernier des par ?
J’ai oublié ….
Il va de soi que les porteurs doivent être attachés au cercueil et incinérés en même temps 😆
@ Snoopy
C’est bon pour cette fois donc. Voici donc une galerie de photos un tantinet psychédéliques pour choisir le genre de tombe où tu ne seras pas enterré !
je me souviens avec nostalgie du corbillard à crottin de mon enfance, dont le vieux cheval poussif et stoïque, connaissait par coeur le chemin villageois entre l’Eglise et le cimetière.Le terrassier-croque-mort-cantonnier-pilier de cabaret faisait son boulot avec application.Rien à dire. Une facture décente. Les PFG, on ne connaissait pas
J’aimerais bien un peit coin à l’ombre pour mes cendres , qui iront amender la terre ancestrale de mon village natal, une partie allant dans le ruisseau du village qui file vers la Moselle, le Rhin et la Mer du Nord…
Dernier voyage,dont la perspective m’apaise
Retour aux éléments…
Les seules crémations auxquelles j’ai assisté m’ont donné l’image de quelque chose de pitoyable.
Tristesse de circonstance, quelques mots prononcés par l’employé (en d’autres circonstances, j’aurais éclaté de rire) et pouf, plus rien.
Suis pas un fana des églises et des enterrements classiques, mais avouez, quand même, que ça a parfois de le gueule et que ça vous prend aux tripes.
Bonjour Marsu. Sujet réjouissant aujourd’hui. Je constate que nos traditions se ressemblent. De plus en plus, chez nous,l’incinération est à la mode. Est-ce une question d’économie? Moins de place dans les cimetières. Une simple urne et voilà. J’ai beaucoup rigolé sur les scénarios élaborés par nos brillants commentateurs. Convenons toutefois que les cérémonies dans nos villes sont plus aseptisées que les buchers hindous. L’odeur.. ouf… J’aime bien quand on aborde ainsi la mort avec un léger sourire et un bon clin d’œil. Je quitte pour ma marche quotidienne mais au retour, je viendrai ajouter un petit commentaire. Décalage oblige.
@ Pierre
Pour mon prochain nartic, je pense proposer une recette de cuisine sans viande rôtie…
Oui, l’incinération des cadavres humains est de plus en plus à la mode. Pour expliquer ce phénomène diverses raisons sont évoquées, que ce soit le prix (une crémation coûte moins cher en moyenne qu’une inhumation), les problèmes fonciers et les prix des concessions que posent les cimetières traditionnels, voire même l’écologie, ce qui est une foutaise, et aussi le fait que les familles sont de plus en plus dispersées et qu’une urne c’est plus pratique, etc.
Mais à mon avis la raison fondamentale (c’est le sujet et le titre de mon billet) est le refus et la peur de nos sociétés aseptisées et sécularisées de voir la mort en face. Ce n’est pas un hasard si les crématoriums sont tous équipés de caméras et d’écrans vidéo qui font écran au cadavre, c’est-à-dire qui le masquent et le réduisent à l’état d’image au lieu de le montrer. D’ailleurs même en Inde on peut assister à des crémations en vidéo désormais !
A tous. Permettez-moi une petite publicité. Pour votre curiosité :
http://lesbeautesdemontreal.com/2010/08/11/les-morts-sont-ils-heureux/
Bonne visite.
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, je recommande la visite du cimetière russe de Ste-Geneviève-des-bois dans l’Essone. La tombe de Noureïev par exemple, une mosaïque imitant un tapis d’orient.
Ou plus traditionnelle, d’Odile Versois, (la soeur de Marine Vlady). Ce cimetière très intéressant est un véritable musée de l’histoire de l’émigration russe en France.
@ Léon
Belles tombes chatoyantes aux corps tapis sous la pierre. Je ne connaissais pas. A propos de Noureïev, il y a une très belle bio romancée de lui, Le Danseur de Colum McCann.
J’ai malheureusement une expérience récente à raconter …
Il y a quelques mois j’ai enterré discrétement mon père dans une ville du sud-ouest.
Pas pu avoir de curé pour un mardi, malgré diverses interventions auprés de l’archevêque. Dans cette prefecture, on n’enterre religieusement que les lundi-mercredi-vendredi. Effet RTT ? Le service a été assuré plus que correctement par des laïcs…Mais l’evêché se passe désormais des 2000 euros de denier du culte que ma mère leur versait annuellement…
Pour les honneurs militaires qui étaient la seule volonté qu’il ait manifesté, alors qu’il avait été délégué militaire départemental, commandant de l’école militaire locale et qu’il était l’officier le plus décoré de son arme, j’ai entendu un petit lieutenant-colonel me déclarer que les temps avaient changé et que c’était difficile à envisager. Il a fallu, par ses anciens amis, remonter jusqu’à Matignon pour qu’on me rappelle piteusement pour organiser la chose..
Les avis de décès dans la presse sont parus à de mauvaises dates, truffés de coquilles et d’erreurs de mise en page. Il y a même eu une erreur de journal …
A l’inverse, les PFG, même s’il faut y mettre le prix ont été exemplaires de sollicitude et de discrétion.
@ Snoopy
– Absence de curé : tu sais bien que cette engeance ne se reproduit pas et qu’elle souffre d’une vertigineuse crise des vocations. Ce n’est donc pas la faute aux Rouges avec un couteau RTT entre les dents.
– Honneurs militaires : tout se perd mon pov’meussieur, surtout dans la tombe, et l’armée est complètement fauchée par la grâce entre autre du
néanderthalien de Lascaux, euh pardon, de celui que tu as choisi pour faire le guignol à l’Elysée….– Vautours des PFG : vus les prix délirants qu’ils font payer pour ce qui devrait être un service public à prix coûtant, c’est bien la moindre des choses qu’ils fassent correctement leur job.
Marsu
Mon vieux père se déclarait chrétien et connaissait bien le père Delarue qui, comme Simon de Montfort disait aux paras dont il était l’aumônier » tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». Cela ne l’avait pas empêché de faire descendre deux étages d’escalier en trois secondes à un curé qui en Algérie avait refusé de dire une messe en mémoire de soldats égorgés et qu’il avait retrouvé plus tard dans notre quartier à Paris. Cela lui avait valu les arrêts de rigueur…
Pour le reste je suis quant à moi un anticlérical pratiquant et ne supporte pas de voir les derniers curés croire qu’ils pourront retrouver un peu de clientèle en soutenant les exigences des imams …
Sur l’armée, lorsque elle ne respecte plus ses anciens, ce n’est plus une armée…
Enfin, j’imagine ce que serait un service funéraire fait par des croque-morts fonctionnaires syndiqués à SUD
Ami Snoopy.
Tu as raison, il faut parler avec légéreté des choses graves et avec gravité des choses légères.
Passablement déçu tout de méme que ton cortège ne prenne pas la Nationale 7 et que Tony ne se soit vu attribuer aucun rôle de sa compétence dans le cérémonial.
Salut à tous .
Sandro
Ami Sandro
Tu connais Tony ….
Je ne l’ai pas oublié dans mes dernières volontés, c’est lui qui héritera de mon SW 45. Mais il est capable de faire un carton sur les porteurs avant même qu’ils aient passé Chatellerault…
Mais j’ai pris ta requête en compte. Le voyage de Tourcoing à Biarritz s’effectuera par la N7, avec escale chez tous les viticulteurs compétents…
Ce soir j’ai ouvert une bouteille de Barge …
Tourcoing-Biarritz par la N 7 ???
Sachant que la route fait Paris-Montargis-Nevers-Moulins-Roanne-Lyon-Orange-Fréjus-Cannes-Nice, ça va te faire un sacré détour…
je savais bien qu’il y en aurait un pour défendre les porteurs 😆
Et bin moi, je trouve ça très bien, plus il y a de KM et plus y’aura de coup de fouet.
Faudra p’têtre prévoir plusieurs fouet Snoop.
Salut Sandro et Snoopy ,
Pour un dernier repas sur la RN 7 il conviendrait de manger une poularde demi-deuil aux truffes ( pour la couleur ),
auparavant un apéro joyeux chez la veuve Cliquot-Ponsardin , finir avec une glace à la réglisse ( pour sombrer dans le
monde suivant )
Et prendre la dernière prune …
Chez Point ( à la ligne )
PS ( je suis pas sûr de savoir traduire le Panda ) 😉
Salut Marsu,
Je n’avais pas encore eu le temps de lire ton papier, accaparée par les guerres de religion à côté… 😉
Ton texte est violent et doit en refroidir plus d’un(e), sans mauvais jeu de mot…
Tu touches du doigt l’un des rituels sociaux les plus utiles à la société : aider à surmonter cet événement terrible et implacable : la mort.
C’est sans doute l’un des rôles majeurs du sacré, et quand le sacré se dissout dans l’agnosticisme ou l’athéisme, il en reste encore un peu pour supporter la mort.
Toutes les autres solutions profanes : ripailles, fête, chansons, dispersion de cendres, ou mise dans le trou direct, sont des solutions assez sinistres, tout compte faits.
Une bonne vieille bénédiction des familles, dans un lieu austère propice au souvenir du défunt, au recueillement et à la méditation, finalement, c’est pas mal… Il faudrait évidemment limiter au strict minimum les bondieuseries quand on est athée, car ça pollue en détournant les pensées, mais dans une église, c’est difficile de faire taire les prières !
Je rêverais d’une église recyclée… avec un peu de cérémonium et du calme pour laisser ses idées et souvenirs vagabonder.
Et puis hop ! le grand saut dans le néant… En attendant son tour.
@ COLRE
Je constate que tu as bien compris le sens de mon billet et touché du doigt ce qu’il cherchait discrètement à faire passer derrière son implacable style froid et neutre.
Les ripailles, fêtes et chansons ne sont pas nécessairement profanes. Tout dépend en réalité du rapport qu’on entretient individuellement ou collectivement avec la mort. Je me souviens par exemple du post-enterrement très arrosé d’un ami qui s’était suicidé. Il a permis de faire accoucher pas mal de gens de trucs qui semblaient indicibles et de déplomber leurs neurones.
Je pense que ce froid, aseptisé et technique traitement de la mort est dangereux pour la société et pour les êtres qui la composent. Une société qui ne regarde plus la mort en face, qui l’esquive et la planque derrière un écran vidéo est une société très malade. Je ne rêve pas de grandes cérémonies et de rituels pompeux, et en tant qu’agnostique je n’en voudrais pas de religieux, juste d’une humble, humaine et vivante fonction d’accompagnement qui jette des ponts entre les vivants et les morts… ce qui touche quand même anthropologiquement au domaine du sacré, et pourquoi pas ?
Dans ce crématorium je me suis demandé ce qu’il adviendrait lorsque ces deux vieilles femmes, humbles passeuses catho, seraient mortes et irremplaçables, et ça m’a fait froid dans le dos même si j’en ai rien à foutre de leur religion.
Bonjour COLRE et Marsu,
Vous touchez là un point paradoxal pour les »croyants » (ou ex-croyants, ou ex-baptisés, ou ce qui vous convient) en rupture d’église que nous semblons être.
Le manque, pour ne pas dire le vide total, que l’on ressent dans une cérémonie d’enterrement civil.
Pas un sermon pendant lequel notre esprit peut vagabonder à son aise, dans une ambiance propice à l’introspection et à la méditation sur la mort.
Pas d’ambiance propice au recueillement, aucun chant à entonner ou à écouter distraitement, pas de cérémonial auquel se rattacher, pas de pensées capables d’élever un peu les réflexions.
Juste une froide réunion que rien ne parvient à réunir, si ce n’est la vague urgence que tout cela soit fini, et que l’on puisse se retrouver dehors.
Cette absence de surnaturel auquel pourtant nous ne croyons plus vraiment assèche toutes nos pensée.
Comment parler de « communion » dans ce contexte ?
Il manque ce tête à tête avec le Dieu que nous rejetons pourtant de toute la force de notre pensée logique.
Et l’on se prend à regretter de ne pouvoir y croire, de ne plus pouvoir s’y réfugier.
Assurément la religion n’existe que face à la mort, pour le reste on parvient facilement à se débrouiller sans elle.
Buster
mais qui organise ces » cérémonies d’enterrement civil » ?
une association 1901… qui pourrait être appelée pour ce service civil « citoyen »
» organisation de cérémonies d’enterrement »
les proches parents et amis choisiraient l’ambiance selon la mémoire du défunt.
Bonjour Buster,
C’est cela…
Lorsque l’humain se retrouve face à l’événement le plus fondamental de son existence, la mort, il a besoin de soutien, de dérivatif, besoin de transcender sa peur ou sa douleur, de se l’approprier par la méditation ou de l’évacuer par de la distraction.
D’où, le rôle des rites funéraires, que l’on retrouve systématiquement, dans toutes les sociétés.
Le pb, « chez nous », c’est que les vrais rites sont d’obédience traditionnelle, donc religieuse. La République n’a pas pris le relais pour offrir des lieux appropriés. Elle n’y a pas réfléchi. La République est froide avec la mort et la naissance : elle préfère les mariages !
Il faudrait donc des lieux adaptés. Pour moi, il y faut de l’austérité, mais empreinte d’humanité et propice à l’imaginaire, donc de la… (lâchons le mot ?) beauté ! c’est dire que l’on ne va pas trouver cela dans le monde moderne… Ceux qui nous gouvernent ont mieux à dépenser que soigner la mort de leurs « esprits forts » ! qu’ils se débrouillent, non mais, les églises sont faites pour ça, ou alors s’ils ne sont pas contents, y a les crématoriums…
J’aurais envie d’un planétarium où mes yeux se perdraient dans les étoiles, là d’où on vient et là où on va, avec une musique genre 2001 Odyssée de l’espace… ou autre Kubric, ou rien…
Je trouve magnifique aussi, la fin du Soleil vert, quand Edward G. Robinson regarde un film en 3D de la planète avec une musique de Vivaldi si mes souvenirs sont bons, avant de partir…
Finalement, la mort pour moi est plutôt solitaire que collective…
@ COLRE
Banco pour un planétarium-crématorium ! Combustionner comme des étoiles : quoi de mieux pour rappeler le cosmos dont on fait intimement partie, appartenance essentielle qu’on oublie trop souvent le temps de nos brèves existences. Mais sans grand prêtre scientiste explicateur de la beauté des galaxies de leurs parallaxes ou caractéristiques physico-chimiques, bien entendu. Et un bistrot sympa à côté, le bar de l’Univers par exemple…
Salut ma COLRE, plus fachée alors 😛
Les politiques eux aussi meurent, eux aussi perdent des proches, et qu’ils ont les mêmes besoins en la matière que tous sauf à croire qu’ils ne sont pas du même bois que les autres.
Meuh non, mon Ranta, j’ai jamais été fâchée contre toi… 🙂
C’était pour quoi, déjà ? ah oui… c’est vrai, un sujet sensible… mais c’était pas particulièrement toi… 😉
Il faut TOUJOURS un bistrot sympa à côté… dans toutes les occasions !… 8)
Vous avez tous les trois raison. Et il y a une dimension supplémentaire, celle de la douleur de perdre un proche. Certaines cérémonies apaisent la douleur. J’ai le souvenir d’avoir enterré dans ma jeunesse un ami très proche dont l’avion s’était scratché durant son service militaire. Comme il y avait quelques sommités de l’armée dans l’avion, il y a eu une grande cérémonie avec les honneurs militaires aux Invalides, remise de décorations post-mortem, discours de Michel Debré etc. Je sais que cela a aidé son père. Moi, non mais c’est une autre histoire…Les crémations, franchement, on angoisse et on s’emmerde. Elles laissent une espèce de sensation de vide.
@ Léon
Bien sûr que pour la plupart des gens il faut une sorte de rituel collectif consolateur. Quant aux crémations, ça dépend de la façon dont elles se passent. Sur les bords du Gange à Bénarès, elles ne sont pas du tout aseptisées donc exercent leur fonction cérémonielle…
Pour qui Marsu ? la famille, les amis, les copains, les collègues ? Sincèrement tout le cirque cérémonial me semble plus ajouter à la douleur qu’autre chose. Peut être est-il nécessaire d’en passer par là pour faire le deuil.
J’ai assisté en février aux funérailles d’un gamin de 20 ans, un de mes « gosses » que j’ai formé, comme beaucoup d’entre eux j’avais développé une relation forte avec lui et ses parents et donc je n’ai pas pu échapper à ce « rite » que je fuis le plus possible. je suis arrivé à l’église en colère, très en colère, très très en colère relativement à la stupidité de son décès..j’en suis ressorti déprimé. Ce rituel, je le rejette, il accentue la douleur.
C’est un sujet très personnel, la mort… Moi, je trouve que la douleur aide, car elle est brute, elle fait mal, l’autre existe en toi, c’est une catharsis ou une appropriation, c’est difficile à expliquer.
Quand tu ne souffres pas, à l’enterrement, car tu n’y vas pas pour celui qui est dans la boîte mais pour un proche ou une connaissance, c’est complètement différent, tu ne penses qu’à toi, à ceux que tu aimes, tu te projettes, il y a un malaise, un mal-être même, tu observes les autres, les rites cons (tu te croirais chez les Pygmées…) et puis tu sors de l’église ou du cimetière, et le ciel est bleu, un petit froid de novembre te saisit, tu es vivant, et tu te demandes quel film tu vas aller voir ce soir…
Oui, c’est tout à fait ça COLRE, lorsque l’on est pas vraiment concerné.
Je n’ai pas de recul par rapport à la mort, j’ai été épargné jusqu’à maintenant. J’ai eu deux décès important, mon grand-père mais ce n’était pas une surprise, j’étais préparé, et mon père.
Pour mon père, j’ai souhaité sa mort tant ça devenait infernal, j’ai pensé que plus tard je culpabiliserai, mais non. Bien sûr il me manque, mais je ne suis jamais senti coupable d’avoir espéré son départ. Donc, jusqu’à maintenant je ne connais pas se que l’on peut ressentir (et j’espère ne jamais le connaître)lorsque l’on perd ce que j’appellerai la prunelle de ses yeux.
En réalité, j’en ai eu un troisième : mon pote Marco. Mais dans son cas, il est mort de sa passion.
Ranta, Colre : peut-être vous ne connaissez pas les rites funéraires orthodoxes russes. Ils sont vraiment bouleversants. Même pour un mec comme moi qui ai quitté la religion depuis très longtemps. Bouleversants et apaisants.
Effectivement Léon je veux bien te croire, tout au moins en ce qui me concerne. Il n’empêche que, encore une fois,tout dépend du degré d’implication.
Je suis né catholique romain, j’ai rejeté cette religion, je suis athhé 2 jours sur sept puis agnostique les 4 jours suivants et finalement le dernier je me dis que non, c’est pas possible Dieu existe et en bout de ligne je me sens attiré par le rite orthodoxe. je ne parviens pas à déterminer si ce n’est qu’une simple curiosité ou plus que ça.
J’en profite pour rappeler à tous ta fabuleuse nouvelles</a<. Je l'ai lu et relu.
Alors là, Léon, ça ne m’étonne pas. Je ne connais pas du tout mais j’aime ces musiques et j’ai failli en parler ci-dessus : j’avais pensé aussi à certains choeurs profanes dans « Une vie pour le tasar » de Glinka, par exemple, ou certains aria bouleversants.
Là, on peut se plonger dans une musique, même sacrée, mais qui vous prend aux tripes et fait vibrer en vous, tout simplement, la tragédie de la Condition humaine… Il n’est plus question de religion…
Ranta,
votre sincérité m’émeut,et m’aide aussi á confier ce que je pense comprendre par « j’ai souhaité sa mort tant çá devenait infernal » dans mon cas c’était au sujet de ma mére, aprés des années de conflits stériles, suite á la disparition de mon pére alors que j’avais 19 ans.
En écho a votre deniére phrase je vous souhaite de n’avoir JAMAIS á connaître, comme moi, la perte d’une de mes filles agée de 11ans fauchée par une voiture.
Je dirais seulement que je suis la preuve vivante que le pire se dépasse,et que l’on peut en depit de tout retrouver le goût de la vie.
Lorenzo,
Merci de cette intervention. Chacun a ses douleurs mais tu nous donnes une belle leçon d’espoir.
Philippe ,
Heureux de TE (aussi alors 😉 ) revoir parmi nous,non je ne donne pas de leçon, tout juste un témoignage,ce que je voudrais tenter d’expliquer c’est que ce qui m’est arrivé est le lot
chaque jour de beaucoup de gens á qui cela survient.J’ose écrire, banalité de ces accidents de voiture de rentrée de week-end, qu’on entends á la radio.
PERSONNE n’envisage une telle horreur et c’est pourtant quotidien.Il n’est pas question ici de faire le procés de quoi que ce soit, simplement de faire ce constat.
Et lá á partir du drame qui arrive cela devient une terrible histoire personnelle oú chacun fait en fonction de ses moyens psychiques.
Certains s’en sortent mieux que d’autres et ce n’est pas une question de courage,je me suis défendu de ce qualificatif qu’on m’avais appliqué.
Je crois qu’on arrive plus ou moins bien selon ses ressources intimes profondes á remonter la pente.Je tiens une chose pour certaine c’est que cela développe á jamais le sens de l’empathie.
Et bien là Lorenzo c’est toi qui m’émeut ( je te tutoie, mais si tu préfères le vouvoiement n’hésite pas à me le dire) Tu me troubles parce que tu me renvoies à ma propre hantise, celle de perdre un des mes enfants. J’en parle souvent à mon épouse. Elle me dit que la vie finit par reprendre le dessus mais moi je crois que je serais brisé à jamais. Tu as vécu ce qu’il peut arriver de pire : les enfants ne doivent pas partir avant les parents.
Sincèrement, très sincèrement je ressens ta douleur parce qu’elle me renvoie à mon pire cauchemar. Et tout aussi sincèrement j’ai la plus grande admiration quant au fait que tu aies pu dépasser ce drame.
En ce qui concerne la culpabilité pour avoir désiré le départ d’un proche, c’est une attitude bien connu psychologiquement, c’est simplement la volonté de vouloir se protéger et en finir avec une situation sans isssues.
Ranta,
c’est la grande soirée du tutoiement ❗ :lol:, çá me fait plaisir et çá fait chaud au coeur 🙂 j’insiste c’est toi que je remercie pour m’avoir aidé á surmonter ma timidité et ma pudeur par ton commentaire précédent.Tu remarqueras sans doute que j’y avait été de mon commentaire, au début de ce fil á propos de mon pére, sans aller plus loin.
Ne vis pas dans la hantise, fastoche á dire,je sais,et tu sais c’est tout con, mais tu ne pourras jamais présumer de ce qui se passerai aprés.Alors je voudrais bien que tout le monde comprenne ici, que je ne me pose pas en donneur de leçons, ni que ce qui m’est arrivé me donne une quelconque supériorité dans la compréhension de la douleur, mais il est sûr qu’ensuite on n’aborde plus la vie de la même maniére, et dans mon cas une conscience profonde de l’importance de cette vie qui balaye pas mal de conneries
dans le paysage 😆 😆 😆 !
lá ou par contre on se retrouve au niveau de l’expérience, c’est dans ta derniere phrase, que je partage entiérement comme une pensée lucide, afin de pouvoir vivre cette vie
débarrasé de celui ou celle qui veulent te la pourrir ! pas facile non plus, et rares sont ceux qui ont le courage (cette fois ci) de le dire ou de rompre avec un parent proche.
on devrait se trouver des sujets plus olé olé la prochaine fois ;)mais çá a permis de se connaître un peu mieux.
Tu vois Lorenzo, la vie est aussi faite de petits bonheurs, qui peuvent prendre des grandes proportions, je suis très, très heureux, au fil de ces commentaires de t’avoir aidé, d’autant plus que c’était fortuit.
Finalement, pour rejoindre Léon, ce blog n’est pas sans âme et il n’est tout simplement pas voué aux imbéciles pétris de certitudes : ce blog vie et il est utile. C’est sans doute sa première qualité.
Ranta,
difficile d’ajouter quelque chose á ce que tu viens de dire, sinon oui le fait que ce soit produit d’une maniére fortuite,une conjonction du hasard,superbe non ?
j’ai pour credo que le bonheur de trouve dans les plaisirs simples et l’endroit oú je vis favorise cet état d’esprit.
je ne sais pas qui a dit que ce blog était sans âme, faut sans doute y venir avec un peu d’humilité, et pas sa panoplie de certitudes,alors moi je vous lis, j’essaye de comprendre tant dans les articles que les commentaires, même si des choses m’échappent..pas grave et puis participer selon ses goûts, talents, aptitudes…
Well, un vieux Westlake m’attends, salut á toi et bonne nuit á tout le monde 😉
Oui, le hasard, le destin ou tout simplement ce qui nous fait tous peur ne pouvaient immanquablement, un jour ou l’autre, s’inviter ici.
Quant au blog sans âme, ça renvoie aux quelques imbéciles qui ont décidé que le blog était formaté dans une pensée
Qu’il me soit permis de vous remercier, Ranta, Lorenzo et les autres, pour ces moments d’intimité partagée, qui sont la marque d’une amitié naissante entre les plus fidèles de Disons.
L’« âme » qu’on y trouve est tout simplement celle qu’on y apporte et vous le faites très bien.
Du reste, nous ne dédaignons pas pour nos bars des auberges espagnoles, n’est-ce pas Lorenzo ! 😉
Bonne journée à tous.
Bonjour Philippe,
C’est bien exprimé,je viens ici davantage pour échanger des choses variées,apprendre des trucs comme dit Ranta,apporter ma contribution au hasard de ce que je lis et de ce qui a une résonnance en moi.Débattre oui, se rentrer dans le lard inutilement non, et puis de L’HUMOUR je ne sais pas si c’est le climat plombé en France,
mais j’ai l’impression que çá ne rigole plus 😯 c’est surement la faute á la moutarde de Léon 🙄 😯 j’aime bien cette métaphore de l’auberge espagnole, rendez vous au bar et bonne journée.
Le Pr Tabor, titulaire de la chaire de Département d’Études religieuses de l’université de Caroline du Nord, écrit dans son What the Bible says about Death, Afterlife, and the Future:
» Les anciens Hébreux n’imaginaient nullement l’idée d’une âme immortelle, vivant une pleine vie après la mort, pas plus qu’une résurrection ou ressuscitation quelconque. Les hommes comme les bêtes provenaient de la poussière et retournaient à la poussière (Gen. 2:7; 3:19). Le mot nefesh, traditionalement traduit « âme vivante » mais plutôt compris comme » être vivant, » est le même mot utilisé pour toutes les créatures et n’implique aucune idée d’immortalité…Tous les morts s’en vont dans le Sheol, et ils y reposent ensemble, bons ou mauvais, riches ou pauvres, libres ou esclaves (Job 3:11-19). On le décrit comme une région » sombre et profonde, » » la Fosse, » » le pays de l’oubli, » coupé de Dieu et de toute vie humaine plus haut (Ps. 6:5; 88:3-12). Bien que dans certains textes, le pouvoir de YHWH atteigne le Sheol (Ps. 139:8), l’idée dominante est que les morts restent, abandonnés à jamais. Ce concept du Sheol peut paraître négatif en contraste avec la vie qui se passe « là-haut » chez les vivants, mais il n’y a pas non plus de notion de jugement ni de rétribution. Lorsqu’on mène une vie d’extrêmes souffrances et misère, comme ce fut le cas de Job, le Sheol peut même apparaître comme un soulagement bienvenu à la douleur – voir Job chap. 3.
Néanmoins, il s’agit à la base d’une sorte de » néant, » une existence qui est à peine existence, dans laquelle une « ombre » ou « nuance » de l’ancien soi survit (Ps. 88:10). »
Le Pr Harris fait part de remarques similaires dans son Understanding the Bible:
» Le concept de châtiment éternel n’apparaît pas dans la Bible hébraïque, qui utilise le terme Sheol pour désigner une région souterraine où les morts, bons comme mauvais, ne subsistent qu’en tant qu’ombres impuissantes. Lorsque les scribes Juifs hellénisés traduisirent la Bible en Grec, ils utilisèrent le mot Hadès pour rendre Sheol, créant une association mythologique totalement neuve à l’idée d’existence posthume. Dans les anciens mythes grecs, l’Hadès, nommée d’après la déité glauque qui régnait sur elle, était originellement similaire au Sheol, un monde souterrain sombre où tous les morts, sans distinction de mérite individuel, étaient logés sans la moindre discrimination. «
bon c’était mon quart d’heure religion&culture 😆
» Mon Requiem, on a dit qu’il n’exprimait pas l’effroi de la mort, quelqu’un l’a appelé une berceuse de la mort. Mais c’est ainsi que je sens la mort : comme une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur d’au-delà, plutôt que comme un passage douloureux… Mon Requiem a été composé pour rien… pour le plaisir si j’ose dire… Peut-être ai-je ainsi, d’instinct, cherché à sortir du convenu, voilà si longtemps que j’accompagne à l’orgue des services d’enterrement ! J’en ai par-dessus la tête. J’ai voulu faire autre chose » Gabriel Fauré
http://www.dailymotion.com/video/xayzui_gabriel-faure-requiem_music
La mort ce n’est rien, pas plus que le passé avant que tu ne viennes au monde. Tu étais dans le néant et tu n’en souffrais pas, en revanche le passage tu le vie, l’angoisse est là, et il n’y a jamais eu personne,n’en déplaise à dame machin d’avox qui causeauxmortsendirectpostlive pour être revenu expliquer comment ça se passe.
Finalement, il n’y a que deux moments importants, du point de vue égoïste, dans le vie d’un homme : sa naissance et sa mort, entre ces deux bornes ce n’est que su roman.