Oeufs de Pâques, de poules et de luxe

Cette coutume des vrais œufs, colorés et échangés entre voisins, famille et amis, très vivace chez les orthodoxes et plus généralement dans les pays de l’Est, s’est presque totalement perdue en France au profit des œufs en chocolat que l’on cache parfois dans les jardins pour les faire découvrir par les enfants. Pourtant c’est une occupation familiale bien agréable et qui vaut la peine d’être développée, y compris avec vos ados s’ils ont un peu de goût artistique. Mes conseils pour ceux qui voudraient en savoir plus et se lancer ( pour l’année prochaine…)

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Cette coutume orthodoxe a été, en Russie, à l’origine des extraordinaires œufs de Fabergé.

Ce Karl Fabergé était un russe d’origine française dont la famille s’était installée en Russie en 1800. En 1870 il succède à son père à la tête de la joaillerie familiale de Saint Petersbourg et réussit à devenir le fournisseur officiel de la famille impériale sous Alexandre III, puis Nicolas II. (Il fuira la Russie à la Révolution et mourra  à Lausanne en 1921) .
C’est Alexandre III qui, eut l’idée de lui commander, en 1885  un œuf en joaillerie pour l’offrir à son épouse à Pâques, comme c’est la coutume en Russie de le faire avec les œufs décorés. Cet œuf extraordinaire, qui s’ouvrait, comportait une série de « surprises » imbriquées les unes dans les autres à la manière des matriochkas : d’abord un « jaune » en or qui contenait à son tour une poule qui renfermait une réplique en diamants de la couronne impériale, à laquelle est accrochée un pendentif en rubis…
L’impératrice, dit-on, fut tellement contente de ce cadeau que le Tsar prit l’habitude tous les ans, pour Pâques de commander à Fabergé un nouvel œuf sur le même principe de « surprises » renouvelées. Nicolas II  qui offrit des oeufs et à son épouse et à sa mère, perpétuera cette coutume, interrompue seulement entre 1903 et 1904 pour cause de guerre russo-japonaise , si bien qu’il y eut au total 50 œufs « impériaux »  fabriqués. Deux, prévus pour 1918, n’ont pas été livrés.

Il y en eu quelques-uns ( une quinzaine) réalisés pour des familles riches, notamment les Youssoupov ( dont le dernier rejeton, Felix, a été l’un des assassins de Raspoutine) mais également les Rothschild. Leur œuf de Fabergé a été vendu en 2007 aux enchères pour près de 9 millions de livres (12,5 millions d’euros) par Christie’s en 2007.

Il faut signaler une circonstance fascinante à propos des oeufs impériaux de Fabergé: on les connaît tous, mais huit d’entre eux ont disparu…

Ces œufs constituent un travail vraiment exceptionnel de joaillerie avec de nombreuses originalités dans le style, mais aussi dans les matériaux. La région de l’Oural a fourni ainsi un certain nombre de pierres dures semi-précieuses spécifiques de ces montagnes que le joaillier a utilisées avec des pierres plus classiques et des métaux précieux, dont, notamment toutes les couleurs d’or ( jaune, blanc, rose et vert).
Une autre technique qui fait leur originalité est le guillochage d’émaux (le  «guillochage» est la gravure à l’aide d’une machine de motifs précis et réguliers composés de lignes droites, brisées ou courbes sur des pièces planes ou bombée).

Bon, je le répète, on en a perdu huit. Cherchez bien, ils sont peut-être cachés dans votre jardin !

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Léon
Léon
3 mai 2011 20 h 46 min

C’est ce qui s’appelle faire un bide ou je ne m’y connais pas…

Asinus
Membre
Asinus
3 mai 2011 21 h 09 min

absolument pas je me suis meme permis d’archiver au cas ou une question serait posée sur le site de multicollectionneurs auquel je participe , j imagine bien que de telles pieces n’y apparaitrons pas mais chaque intervenant ayant une réponse ou une suggestion s’arrange toujours pour illustrer son propos .
ps je vais visiter st petersbourg cet été yep !

Léon
Léon
3 mai 2011 22 h 40 min

Lors des nuits blanches, Asinus ? ( La visite de St Petersbourg). Vous faites la croisière ?

Lapa
Administrateur
Lapa
4 mai 2011 11 h 42 min

C’est effectivement du très beau travail! Bon les enfants ont eu des oeufs Kinder, tout se perd ma bonne dame! Pour Pâques, l’essentiel était dans le Pauillac (Château Puy La Rose) 15 ans d’âge et tant pis pour les oeufs…

french_car
french_car
6 mai 2011 11 h 29 min

Bonjour Léon, et non pas un bide, bel article, évidemment les oeufs de Fabergé ont été tellement copiés que certains ne savent pas que ce n’est pas un produit du Mont Saint-Michel.
Quant à la vraie origine de ses oeufs vous la voyez chez les orthodoxes russes mais je connais des cathos Polonais qui diront que vous leur avez pompés 🙂